𝕾OLEIL DU SOIR ━ﾞLILY EVANS, MARAUDERS ERA

[dorcas meadowes & sirius]

- février 1 9 7 7 -

Dorcas, la belle Dorcas au phénix doré, attendait dans un endroit du château isolé.

Ici, les fenêtres étaient absentes, le vent soufflait dans les saules et les craquelûres des briques sombres hurlaient comme des morts-vivants. Pourtant ce lieu en ruines de Poudlard était digne d'un compte de fée un peu trop obscur.

Le cri du corbeau, le lac noir gelé, la neige qui s'étalait à l'horizon. Un désert de froid, comme la tundra. Dorcas tripotait une boucle entortillée de sa chevelure. Elle était toujours surprise de voir que le matin, le monde était si silencieux. L'après-midi, elle avait toujours l'impression que le ciel se déchirait de lumière verte. Les cadavres Moldus et de traîtres pleuraient comme des larmes ou des flacons.

C'était affreux la guerre. Même lorsqu'on se sentait trop jeune pour participer, regarder, on avait pas le choix. Elle était juste là, au-delà de l'enceinte protectrice de l'école. Elle attendait la viande de la jeunesse à prendre ou à laisser. Comme chez le boucher.

Parfois, Dorcas se demandait si elle allait réussir à survivre. Albus Dumbledore était un Grand Sorcier, il était l'ennemi juré de Voldemort et elle aussi était une Grande Sorcière. Elle avait des pouvoirs infinis qu'elle n'osait pas contrôler. Elle avait un phénix qui contenait sa magie.. Elle était un peu comme l'héritière de Dumbledore.

Elle en était flattée, heureuse, fière, elle était sûre qu'avec ça, elle pourrait défendre le monde. Mais qu'en était-il de Voldemort ? Lui qui ne voulait personne de plus fort ? Il allait bien vouloir la chercher, non ?

Oui, il n'était pas obligé de savoir. Oui, elle pouvait cacher sa puissance. Mais et les autres ? Poudlard grouillait de Mangemorts en devenir. Qui allait la trahir ? Qui allait dire .. "C'est elle la grande sorcière, Dorcas Meadowes, une Née Moldue.." Combien de temps avant que l'éclair de lumière verte ne la transperce ? Ou les horreurs du Doloris ?

Elle était une gamine tout juste majeure qui ne connaissait clairement rien à la vie malgré les grands airs d'adolescents que tout le monde se donnaient à cet âge. Comment se battre ? Comment riposter ? Comment se fâcher et punir ? Rester stoïque après tant de morts ?

Dans ce cas-là, elle aimerait bien s'entraîner chez Alastor un été. Visiter sa maison, sentir l'odeur de l'herbe coupée, ses cheveux vénitiens sous sa main. Un bain de caresses et de puissances, de défenses. Son père la laisserait sûrement y aller. Puis, elle rejoindrait la résistance comme lui.

Dorcas glissa son index sur la pierre,un sourire idiot sur les lèvres. A-L-A-S-T-O-R...

- Désolé du retard, lâcha la voix mi-amusée, mi sarcastique, pendant un moment j'ai cru que tu allais m'poser un lapin alors j'ai préféré attendre une éternité avant de venir.

Elle se tourna et vit Sirius, ses cheveux mi-longs et ses yeux gris. Dorcas s'accouda au rebord de la fenêtre, sans fenêtre. L'ouverture vers le saut de l'extrême. Les bourrasques froides perturbant ses cheveux.

- C'est compréhensible, mais tu sais que je ne recule devant rien.

- Oui, oui, je sais, tu m'as même invité au bal d'hiver de Slughorn, dit-il en s'approchant les mains dans les poches.

- C'est censé être un exploit ?

- Beaucoup de filles n'ont pas osé et pourtant elles auraient aimé m'emmener.

Il avait ce petit rire qui ressemblait aux aboiements d'un chien. Sirius était tellement un petit con. Sans sa beauté et sa cravate rouge, il serait dans la même case que les petits harceleurs de Serpentard.

Mais, il était beau et il était à Gryffondor alors tout le monde l'aimait. Son frère, Regulus avait l'air beaucoup plus tendre, tout le monde disait qu'il avait moins de charme et qu'il se ferait sûrement influencé par la Marque des Ténèbres mais elle n'en était pas si sûre. Dans son regard doux, quand elle l'avait croisé, résidait une force.

- Je ne suis pas "beaucoup de filles", répondit-elle.

- Et tu me dis pas modeste !

- Tu n'es pas modeste, Black. Mais ne me confond pas avec l'une de tes groupies.

Son grand sourire de canidé s'affaissa. Il était à quelques pas d'elle maintenant. Pas menaçant, mais présent.

- Sans doute as-tu raison, tu es beaucoup plus extraordinaire. Je suis le seul groupie à te courir après, ici.

Elle sourit doucement élargissant ses lévres charnues couleur sang.

- J'avais remarqué..

- Même si je sais que tu aimes quelqu'un d'autre, continua-t-il le visage impassible peut-être un peu agacé.

- Tiens ? fit-elle surprise. Je ne savais pas que tu savais cela. Es-tu devenu assez sensible pour le deviner ?

- Non, Marlène a laissé tomber l'information il y a quelques mois. Ça m'a donné un coup de poignard mais tu vois, je suis toujours debout.

Il posa ses deux mains de chaque côté de Dorcas pour faire un rempart de chair, sans la toucher. Elle leva les yeux au ciel.

- Tu es tellement un imbécile avec elle ! Vous étiez proches l'année dernière et dès que tu as senti qu'elle voulait plus que de l'amitié tu ne lui as laissé aucune chance, tu l'as déclassé dans ton tas de groupie sans lui laisser une chance. Pourquoi ? Elle est géniale et douce ! Avec un tempérament comme le tien, vous êtes complémentaires.

Sirius grimaça comme si la remarque piquait un peu.

- C'est vrai, avoua-t-il, elle est même trop bien pour moi. Et puis, ce n'est pas ma faute si je te désir, toi.

Un silence. Le vent. Le cri du corbeau, le vol du phénix. Dorcas plongea son regard brun dans le gris comme le ciel d'orage et la terre. Elle allait prendre une décision. Elle prit le visage de Sirius et lui serra les joues.

- Tu es un beau garçon, mais si j'accepte cet acte, pour mon plaisir, parce que tu as intérêt à être bon, il n'y aura pas de deuxième fois. Jamais

- Alors je serais quoi ?

Elle répondit platement.

- Une erreur de jeunesse. Un délit de l'adolescence.

- Vendu.

Il s'apprêta à embrasser ses chairs mais elle le repoussa, l'index tendu.

- Et Marlène ? insista-t-elle.

- Je l'approcherai une fois l'école terminée. Je ne veux pas en faire une erreur de jeunesse.

- Bien. Marché conclu. Quel con tu fais, Black.

- Merci, l'oiseau rare, vraiment..

Et elle l'embrassa pour connaître le chavirement en bas de ses reins, en pensant que la prochaine fois ce sera peut-être avec le bon.