Reprise d'un projet

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  Le chaos, voilà ce qui restait de Larest, une ville qu'on disait si belle et si développée qu'elle aurait pu accueillir le siège du Conseil et prétendre à la place de la capitale de Riand. Hélas, à présent, il ne restait de son prestige que des décombres de maisons aux entrailles noircies par le feu sur lesquelles s'ouvraient des fenêtres soulignées de noirceur.

Quelques poutres calcinées, vestiges de maisons et de granges, émergeaient du sol et bordaient de profonds cratères qui indiquaient les impacts d'obus. L'essentiel de la magie utilisée dans la bataille planait encore dans l'air et l'alourdissait. Il s'en dégageait un froid mordant qui faisait frissonner la ville toute entière en dépit de la chaleur de cette journée ensoleillée. On aurait pu croire que les rayons du soleil glissaient en travers de la ville comme si elle était protégée par un dôme imperméable.

Vi, qui s'y attendait probablement, avait prêté à Wesley une lourde cape. Le jeune homme lui en était grandement reconnaissant à présent que celleci lui servait de protection contre la morsure de ce froid qui n'avait visiblement rien de naturel.

Il était prêt à parier tous ses biens – à savoir, ses vêtements – que c'était l'œuvre de magie noire. Sa présence se faisait sentir dans le moindre grain de poussière et le plus petit caillou. Elle drapait les ruelles. Une main vicieuse caressant sardoniquement les murs et se refermant comme un étau sur le cœur des visiteurs.

Parcouru de frisson, Wesley resserra d'avantage les pans de sa cape sur lui avant de risquer un regard vers Yaël qui, à ses côtés, marchait dans un silence inquiétant, le dos bien droit.

Ses traits étaient si inexpressifs qu'on aurait pu les sculpter dans le bois mais il ne s'y trompa pas. Il savait que ce calme déguisait une rage à peine contenue. Une lueur s'embrasait dans les profondeurs grisâtres de ses pupilles, revendiquant vengeance pour le sang versé des innocents. - Que comptes-tu trouver ici ? Demanda-t-elle soudain, coupant court à ses réflexions.

- Je ne sais pas. J'ai pensé qu'une fois présent sur les lieux, je me rappellerai d'un détail mais... Il s'interrompit avant de reprendre.

- Que s'est-il passé ici ?

Yaël lui jeta un bref regard par-dessus son épaule mais ne répondit pas. Wesley résista à la tentation d'insister et se contenta de la suivre, sans pouvoir se défaire de son froncement de sourcils, tandis qu'elle se faufilait dans l'enchevêtrement des ruelles macabres.

Jetant des coups d'œil sur le chaos qui s'épanouissait autour de lui, Wesley essayait d'édifier des tours d'hypothèses qui pourraient satisfaire sa perplexité accrue. En vain. Il n'avait aucune idée sur ce qui aurait pu se produire en ces lieux comme il ne savait pas le comment du pourquoi a-t-il pu y survivre.

Des dizaines de questions passaient en boucle dans sa tête sans répit et il s'en lassait déjà, de ce refrain interminable où ne défilait qu'une longue procession de points d'interrogation.

Il soupira et faillit rentrer dans le dos du major général quand celle-ci s'arrêta au pied d'une maison calcinée.

Yaël eut un pincement au cœur en examinant l'édifice. Autre fois son foyer, la maison n'était à présent, que la pâle lueur de ce qu'elle a naguère été.

La jeune femme se ressaisit et enterra ses souvenirs dans un coin de sa tête pour pouvoir mener à bien sa mission.

En poussant la porte, elle découvrit un escalier branlant, aux marches et à la rambarde tordus. Un papier peint brulé à moitié décollé, recouvrait les murs du vestibule et du couloir noirci par la suie. Quand elle franchit le seuil, Wesley dans son dos, des morceaux de verres tapissant le sol crissèrent sous ses pieds.

L'EXECUTEUROù les histoires vivent. Découvrez maintenant