❝ᴍᴏɴsᴛᴇʀ❞ | ᴺᵒᴿᵉᶰ

Monster

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Jeno courait à en perdre haleine, le sang pulsant dans ses veines. Il ne prenait pas le temps de regarder où il mettait les pieds, ou même de vérifier les alentours, s'assurer que le manoir n'avait pas une fois de plus changé. Non, rien de tout ça. A vrai dire, il n'avait même pas besoin de le faire. C'est tellement subjectif. Strictement rien ne va !

La demeure est toujours dans un état déplorable, si ce n'est pas pire que la nuit dernière. Des toiles d'araignées se sont formés dans plusieurs coins de murs ou de meubles, tandis que d'autres insectes tout aussi immondes se promènent, croisant le chemin du noirot, que ce soit par terre ou dans les airs.

Ça grouille de partout, leurs pas se faisant parfois entendre tant ils sont nombreux, crépitant sur le bois. Et se rajoutent à ça les couinements de souris et de rats, rongeant tout ce qui se trouve sur leur chemin, se cachant entre les murs. Le bâtiment est à présent devenu un refuge à bestioles nuisibles à la préservation du magnifique endroit que c'était avant.

Et comme si tout ceci n'était pas assez effrayant, il a fallu que son âme-sœur le devienne tout autant. Le jeune adulte l'avait prudemment rejoint à la salle de danse, afin de voir comment il se porte comme chaque nuit. Mais ce n'est clairement plus son Renjun qu'il avait vu, ce visage de poupée de porcelaine brisée encore présente gâchant son faciès magnifique.

Pourtant, après réflexion, Jeno s'était rapproché lentement de son petit ami, restant tout de même sur ses gardes. Méfiant, il avait levé la main vers lui, et caressait avec douceur sa joue, essayant de retirer le maquillage de la pommette. Sa peau était horriblement froide, et ses yeux rouges pénétrés l'âme du plus grand. Un large sourire diabolique avait étiré ses lèvres en sentant son vis-à-vis s'exciter avec peur sur sa joue pour tenter d'enlever la peinture.

- Parce que tu crois vraiment que c'est du maquillage, Lee Jeno ? Une mauvaise blague de ma part ?

Le cœur du susnommé avait raté un battement. Sa voix était sèche et glaciale avec une pointe d'amusement malsain en fond. Il avait retiré brusquement sa main, son rythme cardiaque s'accélérant progressivement.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive, Renjunnie ?

Il n'avait pas eu de réponse, et il préféra prendre la fuite en voyant l'expression de son bien-aimé se transformer en quelque chose de plus démoniaque, du sang commençant à dégouliner de sa bouche et des cornes apparaissant de nulle part au niveau de ses tempes. Celui qu'il aime n'a plus rien de réel, devenant une sorte de démon sortant tout droit d'un film d'horreur ou d'un cauchemar.

Jeno continue de courir, cherchant désespéramment une sortie, que ce soit par les portes ou les fenêtres. Mais ces dernières semblent être toutes condamnées, ne trouvant pas non plus les clés pour les ouvrir. Il aurait bien tenté de balancer une chaise dans une vitre, mais à quoi bon ? Des ronces les envahis, bloquant l'accès, tandis que d'autres se sont introduit à travers celles déjà brisées. La nature a reprit ses droits sur cette maison comme si elle était abandonnée depuis des siècles.