•| nicotine •| ; recueil de textes

10- A l'âme familière

" Je ne pensais vraiment pas écrire pour toi un jour.

Et puis plus le temps passe, plus je te redécouvre, plus je me rends compte que ton âme est bien trop belle pour je la laisse vagabonder autour de moi, sans jamais rien écrire à propos d'elle.

Ton âme, ou même toi en entier d'ailleurs, j'ai du mal à les comprendre. J'essaye de saisir cette personnalité si libre, si impulsive qui est la tienne, mais tu seras toujours devant moi.
Toujours avec un temps d'avance, toujours à me révéler de nouvelles choses à chaque seconde que nos âmes passent ensemble...
Ça m'intrigue. Tu m'intrigue.

Quand j'essaye d'avoir des réponses, pour saisir certains aspects de toi, je n'obtiens que des mots lancés au hasard, des phrases qui sont ici, mais qui ne veulent rien dire si on y pense trop fort.
Et malgré le fait que ton éloquence ne soit pas ta plus grande qualité, j'arrive quand même à voir que certains thèmes sont récurrents, dans tes réponses.

Tu t'en fous.

Ta vie se résume à ça, d'après ce que j'ai compris.
Tu te fous d'absolument tout.

Et cette mentalité, cette façon de penser, elle se détache encore de toutes celles que j'ai pu voir et côtoyer durant ma courte vie.
Les gens qui pensent comme ça ( je les admire d'ailleurs; je les jalouse même un peu ) ils ont vécu des choses qui font que leur intérêt n'a plus eu lieu d'être.
Ils ont été déçus, trompés, trahis, et ils ont décidé que plus rien ne les affecterait, pour ne plus rouvrir d'autres blessures.

Mais toi, ton âme, elle n'est pas abîmée.
Ton âme est comme neuve, elle ne porte pas la marque des coups dans le dos, des trahisons, des chagrins qui durent longtemps.
Elle est aussi blanche que la neige tombée durant la nuit, et je n'arrive pas à comprendre comment.

Tu as l'air presque... normal, si j'ose. Tu arrives à te coincer dans le moule de la société, mais tu sais que tu peux en sortir à chaque instant ; tu n'y appartient pas, en réalité.
Si je n'arrive pas à comprendre tout ça, c'est parce que je ne te connais pas encore bien.. Même si nous nous côtoyons depuis des années, ça fait peu de temps que nos âmes se sont ouvertes à l'autre; alors je sais que j'ai encore énormément de choses à découvrir.
Et j'ai anormalement hâte.
D'habitude, je n'ai jamais vraiment envie de passer du temps avec les autres. De temps en temps oui, mais certainement pas tous les jours.
Et pourtant, avec toi, c'est une fois de plus différent.

Je veux juste être avec toi, dans un endroit qui ouvre l'esprit et le cœur, et où le temps ne serait pas, où rien ne viendrait troubler des âmes en exploration.
Je ne saurais pas mettre de nom là-dessus, à mon grand désespoir, mais je sais que c'est un sentiment familier.

Cet état d'esprit, ces retours forcés dans le passé, les évènements qu'on se repasse encore et encore pour ne pas les oublier, cette flamme glacée au milieu de la cage thoracique...

Tout ce qui se passe avec toi, je ne le comprends pas. Je ne sais pas l'interpréter.
Pour essayer d'avoir un repère, j'ai tiré une carte de tarot pour toi.
Juste une, simplement pour voir ce qui allait bien pouvoir arriver.
Tu es ardemment opposé à ce genre de conneries ( pour reprendre tes mots ) alors va savoir si cela a eu une influence ou pas, mais...

J'ai tiré la lame du Pape.
Soit ton exact et total opposé.
En absolument tous points, rien de toi ne correspondait à cette carte.
Alors tu t'es moqué.
Et moi, j'étais encore plus perdue.

Mais tu sais, même si je ne te comprend pas vraiment, j'adore passer du temps avec toi.
Quand on est en train de parler, de tout et de rien, quand tu décides de te lever pour faire un truc stupide, quand tu m'attrape sans délicatesse pour me dire que tes mots insolents ne sont qu'une plaisanterie...
Je me sens à ma place.

J'ai toujours eu du mal à me sentir bien quelque part.
Il y aura toujours quelques petits détails gênants, qui vont me rendre mal à l'aise, parfois jusqu'à l'envie d'en pleurer ; c'est devenu de plus en plus compliqué de gérer ça, au fil des années.

Mais avec toi, cette sensation désagréable n'est jamais apparue.
Quoi que tu dises, que tu fasses, j'ai l'impression que parmi tous les endroits sur Terre, parmi n'importe quel autre humain, c'est bien avec toi que je suis sensée être.
C'est rassurant, de pouvoir se dire ça. Que peu importe à quel point on se sent mal, on aura toujours quelqu'un avec qui tout va s'arranger, parce que c'est à leurs côtés que notre temps devrait s'écouler.

Je ne sais pas vraiment ce qu'est cette sensation.

Je ne crois pas aux âmes sœurs, ni au coup de foudre, ni à quoi que ce soit concernant les sentiments romantiques. Je ne crois pas non plus à la réincarnation.

Pourtant, je crois que parfois, les âmes se rencontrent avant les corps.

Et j'aime espérer que c'est le cas pour nous deux.
Quand je te vois en face de moi, c'est comme si je retrouvais quelqu'un de confiance, quelqu'un que je connais sur le bout des doigts, quelqu'un avec qui je suis en sécurité.
Cette cascade d'or, cette âme couleur forêt, si similaire à la mienne...
C'est familier.

Je veux simplement continuer cette vie. Cette vie paisible, avec toi à mes côtés, et essayer de retrouver cette impression d'esprits attachés, cette joie simple qui devait sûrement animer mon corps je ne sais pas trop quand.
Je ne sais pas si tu ressens la même chose.
J'ai un peu peur de t'en parler, parce que ton esprit scientifique prendra sûrement le dessus.
J'aimerais juste que tu puisses y réfléchir un peu.

Mais nous avons le temps. Je sais que nous ne sommes pas près de la fin. Nous avons encore toute l'infinité de nos vies, et puis de ce qui viendra après, quoi que ce soit.

En tous cas, je suis heureuse d'avoir pu rencontrer quelqu'un comme toi. Les étoiles dans tes yeux, que j'imagine peut être dans mon propre confort, c'est ça qui me donne envie de continuer.
Je t'en prie, continuons à discuter.

Et je ne peux qu'espérer retrouver cette proximité, en priant pour qu'elle ne soit pas seulement qu'un rêve trop plein d'espoir. "

- A l'âme familière