5 Août

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— Hum... et du coup, on pourrait aussi inviter Alex, propose ma mère en écrivant déjà son prénom sur la feuille qu'elle a posé à plat contre la table.

Grignotant mes céréales en guise de déjeuner, j'arque un sourcil sans répondre. Bien sûr, j'aurais de mon propre chef insisté pour qu'il soit présent, mais supposer que je l'aurais fait et l'inscrire sans attendre ma confirmation m'énerves. Une fois de plus, elle ne se rend pas compte de ce besoin maladif de tout contrôler. D'avoir la sensation de tout connaître de moi. J'ai parfois l'impression qu'elle serait perdue si elle ignorait ce que je fais dans la vie, au quotidien.

— Quoi ? me dit-elle en interprétant mon regard.

J'avale ma gorgée et médite quelques secondes sur mes pensées, me remémorant les mots de ma psychologue.

« Parlez est le meilleur des remèdes ! »

Facile à dire... je connais mon tact légendaire qui est, pour ainsi dire, inexistant. Je sais que je dois peser mes mots si je ne souhaite pas que cette discussion parte en propos houleux. Cependant, parfois, il est fatiguant de se répéter. J'ai la sensation de ne faire que cela. J'aimerais m'enregistrer et repasser la bande en boucle à chaque fois qu'elle interprète une de mes envies. Elle me devance, ne me laisse jamais le choix ou la possibilité d'être le premier à s'exprimer.

— Rien..., je grommelle finalement.

Je pourrais le lui dire, mais je ne veux pas avoir de discussion profonde alors que je viens à peine de me réveiller. Certes, il est midi, mais tant que je n'ai pas digéré mon repas, je ne suis jamais vraiment très présent. Je déteste d'ailleurs cette manie qu'à ma mère de me faire la conversation alors que je viens à peine de sortir du lit. C'est agressif comme réveil.

— Tu es sûr ?

— Oui, oui, je souffle en roulant des yeux. Met Sissy aussi.

— D'accord. Tu n'invite pas Lukas et Émilie ?

Tout en observant ses doigts fins qui tiennent le stylo, je secoue la tête. Je suis bien content de ne plus leur parler - il faut dire qu'ils fournissaient des informations sur ma vie privée à chaque fois qu'ils étaient dans les parages à l'instar de Clément et Nathan qui comprennent le rapport biscornu que j'entretiens avec ma génitrice. Ils savent garder pour eux ce qui ne doit pas être dit tout en fournissant un minimum de contenue afin qu'elle les laisse tranquille, sa curiosité assouvie.

— Nous ne sommes plus amis.

Enfin, je crois ? Pour Émilie, nous ne l'avons jamais été. J'en n'ai fais que la supporté. Quant à Lukas, je m'étais résigné à le compter dans mon groupe d'amis et avais finis par trouver quelques aspects de sa personnalité plutôt sympathique. Rajoutons à cela qu'il me faisait passer le temps lorsque mes deux amis d'enfance s'enfermaient dans leur bulle. Néanmoins, depuis qu'il a prit le partie de la jeune fille, nous n'entendons plus parler de lui. D'autant plus qu'ils nous foudroient du regard à chaque fois que l'on se croise. Un autre gamin de plus sur ma liste.

— Ah bon ? Pourquoi ? s'exclame ma mère, surprise. C'est vrai que je ne les ai pas vu à la maison depuis longtemps... quoi que, tu n'invitais plus grand monde avant Alex.

Je grommelle face à sa remarque et hausse les épaules. Elle n'a pas besoin de connaître les tenants et les aboutissants. Comprenant que je n'en dirais pas plus, elle n'insiste pas. Terminant sa liste avec satisfaction, elle s'exclame :

— Les adultes partiront aux alentours de vingt et une heure pour vous permettre de vous amusez, vous, les jeunes.

— Maman, ça ne va pas non plus être une fête de malade, je spécifie en levant les yeux au ciel. On sera, à tout casser, huit ados dans une énorme salle des fêtes !

Tome 3 : 31 Jours de vacancesWhere stories live. Discover now