14 - Des yeux rouges (2/3)

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Elle n'eut pas le temps de viser qu'Ethan attrapa la flèche et immobilisa Lucie sur le sol, l'emprisonnant dans ses bras fermes.

- Tu es folle ou quoi ?? Tu vas nous faire repérer ! chuchota-t-il énervé.

Elle voulut lui répondre mais il plaqua une de ses mains sur sa bouche. Le bruit du moteur d'une voiture s'arrêta devant le magasin. Deux portières venaient de claquer.

- Tu te tais... et tu bouges plus, lui souffla-t-il doucement dans l'oreille.

Elle voulait se débattre, mais Ethan la tenait fermement. Comment ne pouvait-il pas la comprendre? Il allait le tuer, elle l'avait vu dans son regard. Le chasseur était face à cet homme dont elle ne voyait que le dos, une sorte de photo bleuté en relief apparut entre eux. C'était le portrait d'une fille brune et d'un adolescent. Elle n'eut pas le temps de lire les noms de ceux qui devaient être recherchés, l'image avait disparu. Elle sentit ses muscles se détendre promptement, ce n'était pas son visage qui s'était affiché.
Son apaisement fut de courte durée, le chasseur retira la sécurité de son pistolet. Cette scène était insoutenable. Impuissante, elle détourna son visage, les yeux livides figés sur le plafonnier. Elle priait la clémence du ciel, espérant que quelqu'un leur vienne en aide.

- Je vous l'ai dit ces gens sont morts... souffla l'homme au sol.

Des bruits de pas provenant du parking retentirent, deux ou trois hommes se rapprochaient du chasseur.

- Caporal Chevalier, nous avons repéré les deux fugitifs, nous attendons vos instructions, intervient une voix inconnue.

- La cargaison de la zone est prête ? demanda celui qui devait être leur chef.

- Oui, Caporal. Le camion emmène les exilés au camp de réinsertion, zone 3.

- Ok, envoyez un drone en reconnaissance, la libération rouge pourrait débarquer. Je m'occupe des fugitifs avec la patrouille.

Un faible rire éclata de la gorge de la victime au sol.

- Vous ne les retrouverez jamais, la libération rouge est bien plus nombreuse que vous, traîtres à votre...

BANG. Lucie poussa un petit cri étouffé dans la main d'Ethan. Il pivota son bras pour l'empêcher de voir la scène, mais ses yeux étaient rivés sur un détail du néon au plafond. Deux larmes de détresse coulèrent sur la main de son ami. La tristesse et la haine la submergea violement, elle aurait aimé courir, se venger et frapper de toutes ses forces l'homme qui avait tué sans pitié, mais elle ne fit rien.
Ethan avait retiré sa main de sa bouche, il la maintenait par les aisselles. Elle l'impression de flotter, des souvenirs l'envahissait, et elle revit cette famille contaminé à l'hôpital, cette petite fille aux yeux rouges, le regard de sa mère. Quelques points noir se mêlèrent à sa vision lugubre. Elle crut entendre la portière d'une voiture claquer. Un moteur de voiture. Les points noirs se rapprochaient, ils étaient des tâches, ils dansaient.
Ethan lui disait quelque chose, elle se concentra pour essayer de comprendre.
Des yeux, ils étaient bleus ou vert. Ils étaient flous et gros.

- Lu... Lu...cie çaa vaaa... Lu? lui demanda Ethan.

Les mots qui parvenaient à ses oreilles n'étaient pas complets, puis elle entendit une phrase complète.

- Lucie reste éveillée !

C'était Ethan, il la fixait, ses yeux s'agitaient, ils étaient inquiets. Elle avait froid, son corps était parcouru de frissons mais son front la brûlait.

- désolé, je... desolé. Ils l'ont tué ? lui demanda-t-elle les yeux emplis de larmes.

Elle ne savait pas pourquoi elle était si triste, elle ne connaissait pas cet homme et avait vu des gens mourir tous les jours à l'hôpital. Seulement c'était différent cette fois, elle aurait pu aider cet homme. C'était un meurtre et elle était complice.

- On y va, ils sont partis lui répondit-il froidement.

Ses yeux étaient dénués de compassion. Il semblait énervé et pressé.
Il l'aida à se relever, Lucie retrouva ses forces promptement.

- Tu... tu es énervé ? lui demanda-t-elle.

- Énervé ? Non juste un peu ! Tu es suicidaire ou quoi ? Qu'est-ce qui t'as pris ? Tu aurais pu nous faire tuer tous les deux, grogna-t-il.

Il était furieux, elle le voyait dans son regard froid et sa veine bleuetée qui apparaissait au dessus de son front crispé.

- Je suis désolée Ethan, sincèrement. répondit-elle d'une voix coupable. Mais on ne pouvait pas le laisser à son sort et le regarder mourir.

- Il était condamné Lucie! On ne pouvait rien faire. Tu croyais quoi? Tu allais tirer dans le bras du protecteur et après ?? On aurait eu toute sa patrouille sur le dos et on aurait pu finir comme lui. C'est pas avec un arc et deux flèches qu'on sauve des gens de soldats armés, s'écria-t-il furieux.

- Et bien au moins j'aurais essayé ! rétorqua-t-elle en lui lançant un regard sombre. Tu ne peux pas comprendre, j'ai vu... j'ai vu des gens mourir tous les jours et j'étais totalement impuissante et là pour une fois que je peux... je peux changer les choses...

Des larmes chaudes ruisselaient le long de ses joues, elle ne les retenait pas et s'en moquait.

- C'est pas en se sacrifiant pour une cause perdue que l'on peut changer le monde. Tu me mets en danger et... et je dois arriver en vie jusqu'à Bordeaux, il y a des gens qui comptent sur moi... Je n'aurais jamais dû te proposer de t'accompagner, tu me ralentis soupira-t-il en s'affalant sur une chaise, ses deux mains sur son front.

Lucie prit cette phrase comme un coup de poignard. Tremblante, elle ramassa son arc et son sac, l'esprit vidé de toute pensée rationnelle.

- Bonne route Ethan, je pars.

Elle marcha vers la vitrine, et tira sur la table de ping-pong qui bloquait la sortie du magasin. Le chien d'Ethan gémissait, il s'était placé devant le pied de la table et lui mordillait la main dès qu'elle essayait de l'atteindre. Il voulait qu'elle reste.
Ethan se releva, puis s'avança, le visage perplexe. Il rappela son chien qui obéit.

- Excuse moi Lucie, ce n'est pas ce que je voulais dire. Je tiens à toi, mais il y a des choses plus importantes que l'amitié. Il faut que je t'avoue quelque-chose, je...

BAM!! Un bruit retentit sur leur droite, ils pivotèrent instantanément, le coeur prêt à exploser. Un homme avec un T-shirt sanglant marchait lentement vers eux. Son visage était sale, et ses yeux... Merde! Ils étaient rouges, injectés de sang.

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J'espère que ce chapitre vous plaira!!!
Je m'arrête au moment du suspens 😅 il faudra patienter jusqu'à la semaine prochaine !

Mon week-end peut commencer 🥰.

Très bonne journée à tous !

Anna

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Les immunisés Tome 1( Science fiction , Romance , Apocalypse  )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant