Cher corps.

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Cher corps, je prends quelques minutes pour enfin t'écrire.

J'ai des excuses à te présenter. Je t'ai encore fait du mal. Tu comprends, parfois mon esprit s'évapore, et il s'enferme. J'étais pas moi-même. Tu appréciais l'eau chaude, tu frissonnais, et moi j'ai juste fait couler ta sève, je t'ai brûlé de mes lames, et j'ai laissé glissé les larmes.

Mais je me dois aussi de te remercier. De me porter, de me faire avancer quand je ne veux que rester coucher. Je te remercie de faire battre mon coeur, de me faire sourire quand on me parle, quand j'apprécie quelqu'un. Je te remercie de me faire ressentir le vent, le soleil sur ma peau.

Cher coeur, j'ai compris que tu souffrais. J'ai enfin compris que tout ceci n'était plus possible. Tu m'as empêché de faire ce que j'aimais pour que je prenne enfin du temps pour moi, pour me soigner de l'intérieur. Je suis désolée de fumer, de détruire mes poumons, mais je te promets que je fais des efforts.

Cher moi. Dans quelques années, tu regarderas de vieilles photos, tu souriras. Tu auras sans doute oublié les cris, les pleurs, les douleurs dans la poitrine. Ou bien tu en subiras toi-même. Peut-être que tu souris, accroché au bras d'une jolie demoiselle, d'un être humain unique ou d'un homme qui te rend heureux. Ô mon moi, j'espère vraiment que tu auras trouvé cette flamme qui fait que tout ton corps chauffe et que tu ris aux éclats. 

Ne te laisse pas intimidé par les autres, parce que tu es fort, tu le peux, tu le veux. Tu as le droit au bonheur, toi aussi, ce même bonheur que tu donnes d'habitude aux autres. Tu te souviens, ce large sourire en voyant ton ami de toujours s'amuser sans toi sur scène ? Tu te souviens ce pincement au coeur, de ne pouvoir danser ? Te souviens-tu des rencontres uniques que tu as faites ? De cette personne qui te faisait sourire dans le noir, qui t'arrachait parfois des sourires sans que tu le veuilles ?

J'espère que tu t'en souviendras. Tu es beau, mon corps. Tu es grand, mon corps. Tu as toujours les mêmes cicatrices, toujours les mêmes marques, parfois invisibles. Tu sais qu'elles sont là. Tu es percé, peut-être même tatoué. Tu me plais sans doute plus qu'à n'importe qui. Le mannequinat, tu y penses encore ?

Dis-moi que mon esprit te fait moins souffrir. Dis-moi que tout va mieux. Rassure-moi, cher corps, dis-moi que tu t'acceptes. Est-ce que je pleures encore en voyant mes vergetures ? Est-ce que je tremble toujours autant quand je me regarde dans le miroir ? Est-ce qu'on m'aime pour qui je suis ?

Dis-moi... suis-je vivante encore ? Ou mon esprit t'a-t-il fait mourir au final ? Non, ne me dis rien. J'espère être en vie, j'ai tant à découvrir, à revivre. J'ai tant à voir.

Merci, de m'avoir fait vivre.

Merci, de me faire respirer.

Merci, je t'aime.

Le ventre nouéWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu