33. LUCY

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Allongée dans mon lit, j'ai le regard rivé sur le plafond de ma chambre. Sting s'est endormi sur mon torse, lové contre ma poitrine. Je caresse doucement ses cheveux blonds, jouant avec les boucles souples de sa nuque. Mon téléphone vibre sur ma table de nuit. Je sors de ma contemplation pour attraper mon portable et prend l'appel entrant.

— Lucy ? C'est Grey...

Je fronce les sourcils et chuchote pour ne pas réveiller mon fils.

— Grey ? Comment est-ce que tu as eu mon numéro ?

— J'ai demandé à Natsu. Mais Lucy, je voulais te dire que... Que je suis vraiment désolé.

— De quoi est-ce que tu parles ?

— J'ai parlé avec monsieur Cheney.

— Ah...

Ma voix devient dénuée de toute émotion.

— Tu aurais pu me le dire, je n'aurais pas été aussi... tactile. J'aurais pris mes distances. J'aurais... Je sais pas, moi. J'aurais été plus prévenant, plus attentif. Je ne t'aurais pas fait faire cette crise de panique en sport...

Je ne réplique rien et lui non plus. J'entends juste sa respiration à l'autre bout du fil. Une respiration étrangement rapide.

— PUTAIN !!

Je sursaute, faisant tressaillir Sting sur ma poitrine et écarte vivement mon téléphone pour éviter de perdre un tympan.

— J'en ai marre ! Marre, hurle le brun. Je t'aime, Lucy ! Je t'adore, putain ! Je ne te connais pas beaucoup, c'est vrai ! Mais j'ai envie d'en savoir plus pour toi ! Tu es une amie géniale ! T'as un p'tit truc qui fait qu'on a envie de t'aider, de t'entourer, d'être là pour toi !

Je me mords la lèvre. J'ai déjà entendu un discours semblable il y a quelques mois, sorti tout droit de la bouche d'une certaine rousse.

— Je suppose que ça doit être horrible pour toi, continue-t-il. Horrible d'entendre un garçon te dire ça, qu'il t'adore et veut devenir ton ami. Mais c'est la vérité, Lucy. Alors je vais accepter ce que m'a demandé monsieur Cheney. Je vais t'aider. Et je vais persévérer. Jusqu'à que mes doigts puissent te toucher sans que tu ne t'évanouisses, sans que tu ne paniques. Alors fais de ton mieux, Lucy ! Sois forte ! Encore plus forte que ce que tu es déjà ! Et bats ton androphobie !!

Sting se redresse sur mon torse et me contemple de ses yeux endormis.

— Maman ? Tu parles à qui ?

Dans mon oreille, la voix de Grey s'interrompt brusquement avant de reprendre, hésitante.

— Lucy ? Ce... C'était quoi ?

— Merci, Grey, je le coupe. Je vais faire de mon mieux. Je te le promets.

Je raccroche immédiatement, sans lui laisser le temps d'en placer une. Je repose mon portable sur ma table de nuit, le plus loin possible de moi, comme si cela pouvait me permettre de croire que les trois autres appels de Grey n'existent pas.

— Maman ? C'était qui, répète mon petit ange.

— Un... Ami, Sting. Je discutais avec un ami.

Pour une raison que je n'explique pas, prononcer le mot "ami" m'est vraiment difficile. J'ai un afflux de salive alors que ma gorge est complètement sèche.

J'attrape mon fils et le colle contre moi. Il lâche un petit gazouillis heureux avant de nicher son visage dans mon cou

    

— Lucy, je... oh...

Je lève les yeux de mon fils pour voir mon p'tit dragon nous contempler, Sting et moi, par l'entrebâillement de la porte.

— Je crois que je vais vous laisser du coup...

— Tu peux rester, tu sais, je le coupe.

Il ne se fait pas prier et rentre dans ma chambre. Il s'assoit sur mon lit, juste à côté de moi, et contemple mon fils avec un regard attendri. Il caresse ses cheveux blonds avec douceur.

— Il est beau, hein ?

— Mais pas autant que sa mère.

Je sens mes joues s'échauffer alors que ses prunelles onyx et brûlantes s'ancrent dans les miennes.

— P'tite flamme, je...

— Je veux sortir avec toi.

Mon fils et moi regardons le rose avec des yeux écarquillés, bouche bée.

— Quoi, je croasse.

— Je veux sortir avec toi.

J'agite ma main devant ses yeux, comme pour briser un éventuel enchantement.

— Euh... P'tit barbecue ? C'est moi ! Lucy Heartfilia ! Ta meilleure amie !

— Je sais mais...

Il s'interrompt brusquement pour regarder Sting qui vient de lui agripper le poignet et de mettre deux de ses doigts dans sa petite bouche.

— P'tite nébuleuse, ton fils a des tendances cannibales.

— Il se fait les dents.

— Mais... Eurk ! Il me bave sur les doigts !

— C'est les risques du métier.

— Quel métier ?

— Le métier de meilleur ami d'une mère d'un jeune enfant !

Je l'entends pousser un soupir avant qu'il ne passe une main dans ses cheveux roses.

— Tu y tiens, hein ?

Je fronce les sourcils et enlève les doigts de ma flammèche de la bouche de mon fils.

— De quoi tu parles ?

Il essuie ses doigts couverts de bave sur son pantalon.

— Je veux sortir avec toi.

— Tu radotes, p'tit allume-feu.

— Arrête !

Il attrape mes bras et m'approche de lui avec force. J'ai juste le temps d'écarter Sting et l'asseoir sur mon lit.

— Je veux sortir avec toi, p'tite galaxie. Réellement. Je ne plaisante pas. Je suis amoureux. De toi. P'tit astre.

L'information grimpe peu à peu à mon cerveau.

— De... De quoi ?!

— Je t'aime, Lucy ! Je t'aime comme un fou !

Je n'arrive même pas à articuler un son. Mon cerveau a cessé de fonctionner. Mes muscles ont complètement fondu, m'empêchant de faire le moindre geste.

— Natsu, je croasse.

— Oui ?

Il se penche vers moi encore plus.

— Natsu...

— Lucy...

Nos bouches ne sont qu'à quelques centimètres, je sens son souffle chaud sur mes lèvres. Mon cœur bat à cent à l'heure dans ma poitrine.

— Natsu...

— Lu...

La porte s'ouvre en grand. Nous nous écartons immédiatement l'un de l'autre, rouge écarlate. Ma mère se tient dans l'encadrement de la porte. Elle nous contemple, les yeux pétillants et un énorme sourire sur les lèvres.

— Oh... Je dérange ?

Ma réponse négative s'oppose à celle positive de ma jolie écaille.

P'tit Astre [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant