Visage en tourbillon

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Eh oui c'est moi ! J'espère que cette nouvelle expérimentale vous a plu ! Car oui, elle est finie eheh ! Cette partie est juste là pour cacher la fin et vous permettre de la lire d'un seul coup. Voili-voilou ! Merci à vous :)


Lent battement d'aile

Noir.
On toque à une porte. Les coups résonnent un peu.

Porte en gros plan.
Elle s'ouvre. Visage fatigué de Samantha. Elle a un vague sourire.

La porte d'un peu plus loin.
Samantha s'écarte pour laisser rentrer Amandine, encore de dos. La porte claque.

Amandine et Samantha assises sur un lit (couette en pagaille) en tailleur, Amandine à gauche de Samantha. Samantha a les yeux baissés. Silence. Amandine expire en fermant les yeux. Les garde fermés quelques instants. Tend le bras et entoure les épaules de Samantha, les rapproche d'elle. Elle pose son autre main sur la cuisse de son amie. Celle-ci appuie sa tête sur l'épaule de sa compagne. Silence toujours.

Gros plan sur leur tête.
Des larmes coulent lentement sur le visage de Samantha ; des gouttes glissent le long de son nez et tombent. Visage dur d'Amandine.

Silence. Que dire face à la souffrance ? Silence, lien physique. Sa douleur me ronge. Je me retiens de lui serrer la main jusqu'à la faire hurler. Je caresse délicatement son épaule, comme j'effleure les pétales encore humides. Ma propre épaule est trempée par ses larmes. Je serre la mâchoire. Lente respiration.

Comme un poupon qu'on porte au berceau, je l'enveloppe dans mes bras. Elle s'abandonne, poupée de chiffon. Allongée sur son lit, je la serre si fort que c'en est presque un massage cardiaque ; j'ai peur que, si je la secoue trop fort, j'entende les petits morceaux de son cœur s'entrechoquer. Et toujours elle pleure, incapable de revenir entre les quatre murs de béton de son appartement, de la réalité.

Samantha et Amandine vues du dessus, allongées, Samantha blottie contre Amandine qui la berce doucement. On s'éloigne d'elles en tournant lentement.

Noir.
Son de respirations mêlées. Inspiration. Souffle amusé. Son d'un mouvement sur des draps.
Amandine : Ça te dit qu'on invite des gens, qu'on fasse une bonne grosse soirée ? ... Bien sûr que t'as pas envie, mais ça te changera les idées, ça te fera du bien.

Clignement de paupières. Amandine en gros plan, allongée sur le côté, grand sourire.
Amandine : De toute façon, t'as pas le choix !

Un verre sur une table en bois. On y verse de la bière. Une main l'attrape et le verre est transporté d'un pas chaloupé sur quelques mètres avant d'être élevé au niveau de la tête d'Amandine. Elle le boit tandis que la mise au point se fait sur Samantha, en face de son amie, vêtue d'une robe longue noire. Elle se tient le bras, l'air mal à l'aise.
Amandine : T'inquiète, ça va aller ! Laisse-toi porter !

« Je reste avec toi », lui murmuré-je avec un sourire tendre. Sourire faiblard. Toujours mieux que rien. Je dépose un bisou sur sa joue et me dirige vers l'enceinte en avalant une gorgée de bière. Je choisis une playlist et la lance avant d'ajuster le niveau sonore afin d'avoir un fond musical qui ne dérangeât pas les conversations.

La porte s'ouvre sur un visage souriant et se ferme, se rouvre sur un autre, encore un autre, d'un autre, d'un autre, le tout de plus en plus vite, saccadé, sec.

Vue d'ensemble du salon animé, lumière orangée. Trois personnes dansent, les quatre restants discutent : Samantha et Amandine sur un canapé, les deux autres sur une chaise.

« J'ai pas mal envie de danser, on rejoint les autres ? »
Sans attendre sa réponse, j'attrape Samantha par le bras et l'entraîne. Face à face, doigts mêlés, je souris de tout mon visage tandis qu'elle fait la moue.
« T'es prête ? »
À nouveau, je l'entraîne, suis le rythme de la musique, de l'alcool qui pulse sous ma peau, et nous tournons, tournons, tournons, nous enivrons de vertige et, lorsque nous nous arrêtons, un éclat de rire la secoue tandis qu'elle tangue ; je m'effondre au sol et le plafond est un tourniquet. Samantha me rejoint par terre et sa main sur mon bras est une ancre.
« T'es con, mais qu'est-ce que je t'aime !
– Je sais ! »
J'ai un grand sourire aux lèvres, et si le monde arrêtait de tanguer, je pourrais admirer le sien, mais je me lève en vitesse pour vomir.

Trois verres qu'on trinque.

Sa main dans la mienne, moite, que je serre comme un cœur qui bat.

Un verre en gros plan qu'on remplit.

Le groupe d'amis vu de légèrement au-dessus et de derrière, en cercle. Ils lèvent leur verre et forment une couronne.

Un visage tordu par un rire.

Je pétille de joie et Samantha a abandonné sa tristesse au portemanteau : un sourire s'est sculpté sur ses lèvres.

Deux personnes s'embrassent.

Mouvements désordonnés de danse en gros plan.

Une personne assise de dos sur le rebord d'une fenêtre fume. Zoom sur la fumée qui s'envole vers la lune. La musique disparaît progressivement.

Dans l'obscurité, je caresse sa main tandis qu'elle s'apprête à s'envoler vers les rêves. Un peu nauséeuse. Elle susurre « merci » et j'embrasse son front. Lovée contre moi, elle s'efface. Je disparais quelques instants plus tard.

Le salon, flou. La mise au point progressive révèle un chaos de verres et de bouteilles sur la table, assortis de reliquats de chips et de pizzas ; les chaises sont disposées en désordre au fond de la pièce ; des miettes jonchent le canapé. Le parquet grince et Amandine s'avance en grommelant vers la table, où elle prend une poignée de chips, qu'elle enfourne. Samantha la rejoint et entoure son abdomen de ses bras, la câline.
Amandine : Bonjour.
Samantha : Je t'aime, tu sais ?
Amandine : Moi aussi je t'aime. Motivée pour ranger ?
Samantha : Non...
Amandine hoche la tête.

On empile des verres sur la table avant de les prendre, on passe un coup d'éponge sur la table, on passe un coup de balai sur le sol, on remplace une chaise, on toque à la porte. On entend la voix étouffée d'Amandine :
Amandine : J'y vais !

La porte s'ouvre sur le visage souriant d'Amandine qui se fige dans une expression de stupeur médusée.

Un visage un gros plan, neutre, peut-être un peu dur.
Elle a des cheveux bleus mêlés de lune. Elle... J'ai reconnu son visage malgré les années. Aliénor. Elle me regarde sans rien dire. Elle m'a reconnue. Nous sommes figées. Mon cœur occupe tout mon abdomen. Aliénor... Un visage et tous les souvenirs fleurissent.
On voit Samantha passer derrière l'épaule d'Amandine, s'approcher, hésiter, comprendre et partir.

Aliénor en gros plan.
Aliénor : Vous avez été vraiment bruyant hier, la prochaine fois, prévenez.
Sa voix est un peu plus grave. Ça fait quoi ? Cinq ans et demi ? Tout est pareil et pourtant si différent.
Amandine : Désolée. C'était pas prévu à l'origine et... Désolée.
Aliénor : C'est tout ce que tu trouves à dire ? J'ai pas dormi de la nuit et s'est pas vues depuis cinq ans. Franchement, je m'attendais à mieux. Au moins, tu es toujours aussi belle quand tu souris.
Rien n'a changé. Tous les sentiments – amour, exaspération, terreur –, tout ce qui faisait notre relation – cynisme, chantage, désir –, tout est là, intact, cinq ans après : sous la croûte, la plaie est encore béante. Je veux fermer les yeux et qu'elle disparaisse, je veux ouvrir les yeux et qu'elle m'embrasse.
Aliénor : J'espère que tu es disponible aujourd'hui, sinon je vais vraiment passer une mauvaise journée.
Amandine : Désolée... Désolée pour...
Je revois ses pleurs. Les miens, cachés : ne pas faiblir. Fuir. Je ressens à nouveau ce déchirement. Tout est là où nous l'avions laissé, il y a cinq ans, cette nuit où j'ai fui. Ces cinq années n'ont jamais existé pour mon cœur qui tremble devant elle ou pour elle, je ne sais pas.
Aliénor : Je n'ai pas oublié. Je pense encore à toi. Ne pars pas.
Ma main glisse dans la sienne, s'y loge comme dans un écrin et je retombe dans le trou noir où elle m'entraîne.
Amandine fait un pas. La porte se ferme derrière elle en claquant.

Noir.

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⏰ पिछला अद्यतन: Sep 12, 2020 ⏰

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