Chapitre 11

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-"Vous êtes levée tôt."

Je reconnais immédiatement cette voix rugueuse et rauque.

-"Bonjour Raoul. Vous aussi apparemment."

-"C'est moi qui gère l'organisation des soldats. J'ai intérêt à être réveillé avant tout le monde."

Je le vois me jeter un regard de travers rapidement.

-"Plus je vous regarde et plus j'ai l'impression de vous avoir déjà vu auparavant." M'annonce-t-il en se retournant.

-"Je ne pense pas Raoul. Je me serais souvenue de vous."

Il ricane et reprend là où il c'était arrêté.

-"De toute façon vous ne pouvez pas être la personne à laquelle je pense, elle a des ailes."

Je me fige sur place.

Est-ce que c'est possible qu'en réalité on se connaisse ?

-"Depuis quand êtes vous au service du Roi ?"

-"Une dizaine d'année." Marmonne-t-il.

Je réfléchis à toute vitesse.

-"Quel âge avez-vous ?"

-"Je ne pense pas que mon âge vous regarde mademoiselle."

Pas besoin d'être aussi grognon.

-"Qu'est-ce que vous avez contre moi Raoul ?"

Il s'arrête dans ses mouvements.

-"Je n'ai rien contre vous en particulier, je suis toujours comme ça."

-"Je veux bien vous croire. Mais je sais qu'il y a de la rancœur envers ma personne."

Il se retourne et fixe ses yeux dans les miens. Si il croit qu'il me fait peur il se fourre le doigt dans l'œil.

-"Je ne vous fais pas confiance."

Je ne dis rien. Je sais qu'il n'a pas fini et qu'il ne va pas se gêner pour continuer.

-"Vous sortez de nul part, vous avez des pouvoirs étranges, on ne sait pas qui vous êtes. Ce n'est pas parce que le roi vous a demandé dans cette quête que je dois supporter votre présence."

Un flashback m'apparait. Je revois ce nouveau soldat plus vieux que moi aux gestes automatiques et au sérieux sans faille. Le Raoul d'il y a dix n'a pas beaucoup changer au niveau de son caractère et je dois avouer que physiquement il a plutôt bien vieillit. Je me souviens de lui maintenant.

Je souris en le dévisageant.

Il me regarde incrédule.

Non il ne se trompe pas. Je suis la personne à laquelle il pense. Je me souviens de cet homme qui est entré dans les rangs peu de mois avant que je m'en aille. Toujours sérieux presque effrayant. Je ne l'ai jamais vu sourire. Nous ne nous sommes jamais parler. Il restait avec les soldats terriens et moi avec les volants. Mais effectivement maintenant qu'il me le dit, je me demande comment j'ai fait pour ne pas me rappeler de lui avant. Je ne savais pas son nom cela dit.

Je me mets à chanter une chanson dont il doit être obliger de connaître. Tous les soldats de notre royaume, peu importe qu'il ai des ailes ou non la connaisse. On la chantait à chaque banquet, chaque fête.

Je vois au fur et à mesure de la chanson que je chante que son visage se décompose.

Lorsque je termine, une troupe de soldats arrive ce qui me permet de me faufiler parmi eux pour m'échapper.

Après toutes ces années je m'en souvenais encore. Un regain de confiance en moi apparait soudain comme à chaque fois que je pouvais chanter cette chanson. Son effet est immédiat.

Comme à mon habitude je restais derrière tout le monde dans le convois. Edwin discutait avec Hector un peu plus loin devant, mais j'aime la solitude donc ça ne me dérange pas. Sinon je ne serais pas restée seule dans un trou paumé pendant toutes ces années.

-"Comment vous sentez vous ce matin ?"

Je ne sursaute pas à la présence soudaine du prince. Je l'ai entendu arriver.

-"Étonnement...bien."

-"Je n'osais pas vous le dire mais vous semblez plus rayonnante que d'habitude."

-"Est-ce que vous insinuez que je ne suis pas rayonnante en temps normal ?"

-"Non. Encore une fois ce n'est pas ce que j'ai dit."

-"Vous feriez mieux de vous taire où je risque de perdre ma soudaine bonne humeur pour un malentendu."

-"Oh mon dieu !"

 -"Quoi ?!"

Je suis prête à dégainer mon épée.

-"Est-ce que c'est un sourire que je viens de voir sur votre visage ?"

Je soupire de soulagement.

-"Est-ce que vous êtes fou ?! Vous m'avez fait peur."

-"Donc il vous arrive de ressentir de la peur ?" Me demande-t-il sérieux.

-"Argh !"

Je l'ignore furieuse.

-"Si j'avais su je n'aurais rien dit. Je ne peux plus voir votre magnifique sourire maintenant."

-"C'est bien ce que je disais. Vous auriez du vous taire."

Je me tais et l'ignore.

-"Vous n'allez quand même pas bouder Hermance."

-"J'ai passé l'âge de bouder. Laissez moi tranquille."

J'accélère le pas de mon cheval pour essayer de distancer le prince.

-"Ce n'est pas comme ça que vous allez m'échapper Hermance surtout que je suis du genre tenace."

C'est bien ma veine.

J'accélère encore un peu mais rapidement il me rattrape. Je mets mon cheval au trop le temps de dépasser notre groupe. Une fois que je suis en tête je fais aller mon cheval au galop. Je prends vite de l'allure mais ne regarde pas derrière moi. J'entends les sabots du cheval du prince qui galope derrière moi et la respiration erratique du cavalier. Je sens qu'il est en train de me rattraper alors je me connecte avec mon cheval. Je sens que mon âme frôle la sienne. Je lui partage ma hargne ce qui le fait avancer encore plus vite.

Un rire franc s'échappe de ma bouche. Qu'est-ce que ça fait du bien. Les cheveux dans le vent, les problèmes loin derrière moi, la tête complètement vidée.

J'avais tellement pris d'avance que je ne voyais plus personne derrière moi. Je ralentis mon cheval doucement et l'arrête. Je lui caresse le toupet et lui chuchote des mots calmes.

Je me penche en arrière, ma tête contre son flanc et regarde le ciel.

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