LE RAT

JE MERITAIS MIEUX

Mary, c'est moi.

J'avais donné dix années de ma vie à un homme qui avait fini par me laisser tomber.

Je me suis mariée à dix-huit ans..

Je croyais alors que c'était pour toute la vie.

J'étais jeune, naïve mais amoureuse.

Mais que sait-on de l'amour à cet âge là ?

J'avais perdu ma mère très jeune. Et mon père était celui qui avait pris soin de nous,mon cadet et moi.

À seize ans,il eut un accident de voiture qui allait le rendre aveugle.

Dès lors, je ne pus compter que sur moi-même.

Je devais prendre soin de mon frère et de mon père.

N'ayant pas assez d'argent pour continuer mes études, j'entrai rapidement dans la vie active.

C'est ainsi que je fis la connaissance de mon futur époux. Il avait dix ans de plus que moi. Pris de compassion pour ma situation, il me promit la terre et ses étoiles.

Il avait déjà un travail fixe qui devait nous permettre de vivre décemment.

Très vite après le mariage, il me fit comprendre que je devais abandonner mon petit commerce. Je devrais vivre ainsi sous sa botte.

J'eus rapidement mon premier enfant, le second arriva avant que je n'eus le temps de comprendre ce qui m'arrivait.

En quatre ans, j'avais déjà quatre enfants.

Je n'avais même pas vingt-cinq ans mais j'étais déjà fanée comme une fleur abandonnée.

Mon mari m'avait éloignée de ma famille.

Je ne pouvais plus prendre soin de mon père aveugle.

Je vivais sous sa coupe.

Il ne cessait de me rappeler qu'il m'avait sortie de la boue.

J'étais sa chose.

Je n'avais personne pour me défendre.

J'aimais mon mari

J'avais fini par accepter ses coups et ses injures.

Je me disais que c'était de ma faute. Je n'étais pas une bonne femme.

Il avait raison de me traiter comme un déchet.

Mon mari dilapidait tout son argent dans la boisson et les autres femmes.

Lorsque je me plaignais, il me faisait comprendre que c'est lui qui trimait pour gagner cet argent.

Je fis appel à ma belle-mère qui me lança.

_ Étais-tu là lorsque mon fils souffrait pour obtenir ce travail ? Tais-toi et prend ce qu'il te donne.

Justement, il ne me donnait rien.

Je devais mendier pour nourrir mes enfants. Je fouillais les poubelles pour avoir à manger.

Je ramassais les vêtements usés , je les raccommodais pour habiller mes enfants.

Je vivais comme une misérable alors que j'étais mariée.

Mon mari commença à gagner de plus en plus d'argent. Inquiète, je voulus savoir ce qui se passait. Il me brisa pratiquement la mâchoire.

Je n'avais pas le droit de fouiller dans sa vie. Avec quatre jeunes enfants, il m'était difficile de m'en aller.

Où serais-je allée ?