Chapitre neuf

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J'ai repris connaissance dans un lit. Je n'étais plus sur le champ de bataille de l'USJ. Je ne savais pas si je devais le prendre comme une bonne ou une mauvaise nouvelle. Lorsque je pus entrouvrir les yeux, la lumière blanche m'aveugla. Un bruit de "bip" régulier brisait le silence. Une odeur de médicaments et de produits ménagers emplit mes narines. Un hôpital, peut-être ?

Je tournai la tête. C'était l'infirmerie de Yuei. Il n'y avait personne dans la pièce, ce qui me permit de me réveiller à mon rythme. Au vu de la couleur extérieure, le soleil allait bientôt se coucher. En me redressant, je sentis les courbatures dans tout mon corps. La douleur me fit grimacer. Je ne portais plus mon costume de héros mais des vêtements chirurgicaux. Ma seule pensée se tourna vers mes camarades et Aizawa-sensei. Que s'était-il passé ?

La porte s'ouvrit sur Recovery Girl, une tasse à la main. Elle me dévisagea, soupira puis referma. Elle tenait des dossiers sous son bras.

— Comment te sens-tu ? demanda cette dernière.

— Où sont les autres ? Et les Vilains, l'USJ ?

Elle secoua la tête et s'assit sur son tabouret pour se débarrasser de ses affaires sur le bureau. L'infirmière ne me répondit pas tout de suite. Je mourrais d'envie de savoir.

— Tu devrais t'inquiéter un peu plus de ton état, jeune fille.

— Pourquoi ? J'ai juste perdu connaissance. 

— Regarde-toi de plus près. 

Je ne compris pas sur l'instant. Je voulus porter une main à mon visage et je vis l'état de mon corps. Du moins, une partie. Mes ongles étaient devenues longs. Noirs, acérés comme des griffes. Mais ce qui me choque le plus fut l'apparition de plumes rouges. Elles sortaient de ma peau. 

— Ça ne se limite pas à tes bras. Il y en a aussi sur ton visage.

Elle ne mentait pas. Je pouvais les sentir en touchant. Les retracer avec mes doigts. Je ne comprenais pas comment ça pouvait être possible. 

— Ces derniers temps, tu t'es surmenée, m'expliqua Recovery Girl. Ton corps ne supporte pas l'utilisation excessive de ton Alter, alors il compense avec ces changements physiques. En théorie.  

— Vous pensez que ça sera réversible ?

— Possible, si tu apprends à contrôler ton pouvoir. 

Je me rallongeai. Mes yeux fixèrent le plafond sans que je ne sache quoi dire. Mon appétit était supérieur à mes capacités. J'aurais dû m'en douter. Je ne pouvais pas impunément déchaîner autant de puissance sans conséquences. 

— Si tu continues comme ça, tu finiras par te consumer. Ton Alter est peut-être celui du Phénix, mais je n'ai encore jamais vu personne renaître de ses cendres après la mort. 

Ses mots eurent l'effet d'un électrochoc. Je ne m'attendais pas à ce que ça aille aussi loin. Je ne voulais pas que ça aille aussi loin. Mais en y repensant, je ne pense pas que je ferais un choix différent. La vie de notre enseignant était en jeu. 

— Vous pensez que j'aurais dû les rejoindre ? murmurai-je.

— Pardon ? s'étonna-t-elle.

Je pouvais deviner l'expression sur son visage même sans la regarder. 

 — Quand je me suis retrouvée face à ces Vilains, ils ont dit que si je les suivais sans faire d'histoire, personne n'aurait plus à souffrir. Ils disaient qu'avec eux, je pourrais renaître de mes cendres. 

— Je vais chercher le directeur, dit-elle en se levant.

Je me redressai d'un coup sec. Recovery Girl se figea. Je serrai les poings alors que je la dévisageais.

— Répondez à ma question. Est-ce que vous pensez que j'aurais dû les rejoindre ? Ou protéger Aizawa-sensei ? J'ai beau y réfléchir... 

— Jeune fille, me coupa-t-elle. Ce que tu as fais, malgré les risques encourus, était héroïque. Ne laisse personne t'enlever ça. Ton professeur te doit la vie. Et je suis certaine que beaucoup te sont reconnaissants. Cependant, tu ne peux pas sortir ce joker à chaque fois que tu te retrouves en difficulté. 

— Je sais, soufflai-je.

— Si tu le sais, commence par le mettre en application. 

Sur ces mots elle me laissa à nouveau seule. J'allais avoir des ennuis. Je n'aurais peut-être pas dû lui parler de la proposition qu'on m'a faite. Je ne savais plus trop quoi penser de la situation. Une heure plus tard, mon père est venu me chercher. Je me suis endormie, alors je ne l'ai pas entendu entrer.

— Kaen... 

Il était encore en tenue de travail. Ma mère devait être très occupée pour que ce soit mon paternel qui vienne. Il me regardait les larmes aux yeux.

— Que t'est-il arrivé, ma fille ? articula-t-il difficilement. 

— J'ai trop utilisé mon Alter, dis-je le sourire aux lèvres. 

Je ne pus cacher ma tristesse face à son état. Il s'approcha de moi et me prit dans ses bras. Il me serra plus fort que jamais sans dire un mot. Pourquoi semblait-il aussi détruit ? 

— On va rentrer à la maison et tout expliquer à ta mère, d'accord ?

Puis tout s'est passé très vite. Plus personne n'était dans l'établissement, il a juste signé quelques papiers auprès de Recovery Girl, je me suis changée et on a pris la voiture. Le trajet fut silencieux et il conduisait très vite. Je ne l'avais jamais vu griller un feu rouge avant. Il a dérapé pour s'arrêter au portail. Ma mère nous attendait déjà sur le pas de la porte. Elle a porté une main devant sa bouche lorsqu'elle m'a vue, également sur le point de pleurer. Tout semblait me dépasser. 

Nous nous sommes tous les trois assis dans le salon. Personne ne parlait. Je ne savais pas ce que j'avais fais de mal. Ce n'étaient que des changements physiques temporaires. 

— Maman ? osai-je.

— Je suis désolée, ma chérie, se reprit-elle. C'est juste... Je savais que tu finirais par avoir ces effets secondaires, mais j'étais persuadée que ça arriverait bien plus tard.

— Mais c'est grave ?

— Tu te développes trop vite, précisa ma génitrice. J'ai passé deux heures à l'hôpital avec ton professeur principal et numéro treize. Tu n'auras jamais dû être capable d'atteindre une puissance pareille. 

— Est-ce que ça va me tuer ?

Son expression changea tout de suite. Elle soupira et s'essuya les yeux avec un mouchoir. 

— Pour être honnête avec toi, je n'en ai pas la moindre idée. Ça va faire des générations que notre famille maîtrise le feu, tous sous une forme ou un Alter différent. Tu es la première qui manifeste de telle habilités aussi jeune.

 — Et le dernier porteur du Phénix ? Il y en a bien eu un, non ? m'étonnai-je.

— Plusieurs, corrigea-t-elle. 

— Et est-ce qu'ils pouvaient renaître de leurs cendres ?

Ma maman me dévisagea l'air surprise. Je posais des questions parce que je n'étais pas sûre de saisir ce qu'il se passait. Elle non plus, je suppose.

— Tu veux dire braver la mort ? Non, jamais. Il n'existe pas de tel miracle. Alors fais bien attention à toi, d'accord ?

Je lui promis. J'étais allée au-delà des limites acceptables. Les repousser ne signifiait pas progresser. J'ai brûlé les étapes comme une débutante. Je devais redémarrer du début. 

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 18, 2020 ⏰

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[My Hero Academia] EmbraséeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant