Chapitre 32

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Eliot.

La soirée était passée rapidement, j'avais avalé mon bol de soupe en vitesse pour échapper à toutes les questions indiscrètes de ma mère. S'il y avait bien une chose difficile dans ma relation avec elle, c'était la communication. Je n'arrivais pas du tout à discuter avec elle et à lui exposer clairement ce que je ressentais. Mais en réalité, je n'arrivais jamais à exprimer mes sentiments à quiconque. Tout simplement parce que j'avais constamment l'impression d'être jugé ou de la décevoir.

Lorsqu'enfin, j'eus réussie à m'éclipser, je me réfugiais dans mon ancienne chambre et m'allongeais sur le grand lit de draps noir. Elle était spacieuse mais trop bien rangée à mon goût. Le noir et le blanc qui l'a composait enlever toute trace de bonheur et lui donnait un air triste, froid et déprimant. Cette chambre m'avait causé bien des soucis, elle avait été mon refuge pendant mon enfance, le seul endroit où j'étais seul, ou je pouvais me cacher et revenir ici me donnait une impression bizarre. Comme si toute la tristesse, l'angoisse et le désespoir qui avaient été recueillis pendant des années réapparaissaient en une fraction de seconde. Aussitôt, je ressentis un poids et mon rythme cardiaque s'emporta. Je me perdis alors dans un tas de souvenirs. Pourquoi est-ce que j'étais ici au juste ? Je ne voyais aucunes explications qui justifierais ma présence dans cette misérable ville, bercée par d'affreux souvenirs.

La porte d'entrée qui claqua fortement au Rez-de-chaussée me fit revenir à l'instant présent, des pas résonnèrent rapidement dans les escaliers et une deuxième porte claqua. Je me levais timidement et sortait la tête par l'entrebâillement du bois massif qui me séparait du couloir. Seule la lumière sous la porte de la chambre de ma soeur me confirma qu'elle venait de rentrer. Je voulais la serrer dans mes bras, m'excuser pour tout le mal que j'avais pu lui causer mais je n'en avais pas le cran. J'avais toujours été plus faible qu'elle autant physiquement que moralement bien qu'à présent, j'étais suffisamment musclé pour avoir le dessus. Mais ça n'empêchait rien de ma retenue car elle avait toujours été la voix de la sagesse, celle qui me conseillait, la plus mature de nous deux et je l'avais beaucoup déçue en la laissant toute seule face au décès de mon père et au chagrin presque mortel de ma mère.

Sans m'en rendre compte, j'avais toqué à sa porte. Elle marmonna un faible mot qui m'autorisa à entrer dans la pièce. De toute évidence, elle pensait que c'était ma mère et elle ne savait pas le moins du monde que j'avais refait surface. Lorsqu'elle releva la tête vers moi, elle perdit son sourire et elle ouvra grand les yeux.

-Salut... commençais-je mal à l'aise, dansant d'un pied sur l'autre.

-Eliot ?! Tu es rentré ?!

Elle ne put cacher sa stupéfaction mais je vis dans ses yeux du soulagement. Elle se leva de son grand lit couvert de draps blancs scintillants et me sauta dans les bras. Je fus surpris de sa réaction, je m'attendais plutôt à recevoir une paire de baffe et une rafale d'insultes violentes. Je l'enlaçais à mon tour, pas du tout gênée par ce contact.

-Tu m'as tellement manquée !

Mon sourire s'étira. Elle m'impressionnait vraiment. Elle n'était plus la petite fille que mon souvenir avait gardé d'elle. Sa douceur et sa compréhension en devenait presque effrayante. Ce n'est que lorsqu'elle se détacha de moi, que son caractère que je connaissais si bien réapparu. Une gifle s'abattit sur ma joue. Je serrais les dents instinctivement, je ne supportais pas les baffes et elle le savait parfaitement. Elle tenta une seconde fois de m'en coller une, les larmes pleins les yeux mais j'attrapais son poignet en plein vol.

-Une fois pas deux. L'avertis-je.

Elle rebaissa alors le bras et me frappa à nouveau mais cette fois ci sur le torse violemment sans que je m'y attende.

-Espèce d'idiot ! Ou étais-tu passé ?

Elle me frappa à nouveau, me faisant reculer d'un pas.

-Arrête de me taper Max. Tu ne fais plus le poids.

-Tu veux prendre les paris enfoiré ?

Je l'attrapais aussitôt et la taclais violemment. Elle tomba de tout son poids sur le doux tapis gris de sa chambre.

-Lâche moi !

Elle me donna un coup de pied et me fit basculer sur le côté pour se mettre à califourchon sur moi. Elle m'assigna une grande gifle qui me brula la joue et me hurla dessus.

-Tu m'a laissé toute seule ! Tu es partis alors que j'avais besoin de toi ! T'es qu'un sale égoïste putain !

Je lui attrapais les poignets et me redressais pour la serrer dans mes bras.

-Je suis désolée Maxine, je m'en veux. Pardonne moi.

Il était minuit passée lorsque nous nous étions posés dans son lit pour discuter. Dans le temps, quand j'étais encore à la maison, je me réfugiais aussitôt dans sa chambre après les cours pour lui raconter ma journée misérable et pour qu'elle me réconforte. Ensuite, je l'aidais à faire ses devoirs et nous regardions des films en nous chamaillant jusqu'à ce qu'on s'endorme de fatigue. C'était notre routine du soir et ces instants me manquaient beaucoup. Alors me retrouver comme ça pour discuter me faisait beaucoup de bien.

J'avais commencé la discussion par l'épisode de mon départ, lui expliquant comme à ma mère mais avec plus de détails pourquoi j'avais choisi la facilité en m'enfuyant. Elle me regarda d'un air sévère mais hocha la tête en approuvant les raisons qui m'avait poussé à partir, elle était d'ailleurs la mieux placée pour le comprendre. Je lui expliqua rapidement comment j'avais obtenue mon premier rôle, celui qui avait lancé ma carrière ainsi que ma nouvelle vie de star. Enfin, je lui racontais mon arrivée sur le campus et seulement ma rencontre avec Amelia de cette année.

-Amelia ? C'est la fille avec qui tu es sur la photo ? demanda-t'elle d'un air absent.

-Quelle photo ?

Elle se leva et fouilla dans un nombre incalculable de magazine people. Ce n'était pas une fille pour rien et je secouais la tête d'amusement.

-J'achète pleins de magazines pour me renseigner sur toi. Je sais que tu es mondialement connu et il y a des milliers d'articles et de photo de toi avec des milliers de filles mais la dernière photo était plus intimes alors j'en ai déduis que c'était ta petite amie. Tiens le voilà.

Elle me tendit un magazine et je criais d'horreur lorsque je vis la photo. Comment une photo de Vicky m'embrassant avait pu être prise ? Je reconnaissais bien cette scène, c'était la veille, lorsqu'elle m'avait embrassé de force, une forte nausée m'envahit en y repensant. Soudain, mon cerveau entra en alerte et je compris. Amelia avait vu cette photo. Voilà la raison de son départ. Je levais la tête, ahuri, vers ma sœur.

-Elle, c'est mon ex. Victoria. Crachais-je amèrement en comprenant que c'était à cause d'elle que ma petite amie avait mis les voiles.

-Alors c'est laquelle Amelia ? demanda t'elle ravie.

Nous parcourions alors sa grande pile de magazine où j'apparaissait et lorsque j'aperçus la photo d'Amelia et moi devant le restaurant, le soir de son anniversaire, un sourire s'empara de moi. Elle était bien plus chic et sexy que moi. C'était la plus belle femme que je connaissais et j'étais fière d'avoir posé avec elle.

-C'est elle. dis-je en lui tendant le magazine où se trouvait la photo.

Aussitôt, je me sentis rougir et je ne pus m'empêcher de sourire à nouveau. J'étais fou amoureux d'elle et j'allais tout faire pour pouvoir m'expliquer et être de nouveau à ses côtés. Une seule journée sans elle, c'était déjà bien trop long alors une semaine complète, je ne savais même pas comment j'avais tenu. Je ne supportais plus une seule seconde sans elle à mes côtés. Ma vie sans sa présence était tout simplement dénuée de sens, banal et sans but.

Je t'aime, je te hais. |En correction|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant