Chapitre 13

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Mei fit face à la scène qui se déroulait face à elle le plus calmement possible, tentant de ne pas céder à la panique. Cachée derrière un rideau, elle était pour le moment en sécurité. Mais elle devait réagir. Seulement, elle devait faire preuve de discernement : il était évident que dans une telle situation, elle ne pouvait pas faire recours à son aura. En effet, le nombre d'Etendards Noirs était bien trop nombreux et elle ne se pensait pas capable de pouvoir tous les arrêter avec la seule force de son pouvoir. Mais surtout, les Etendards Noirs étaient étalés dans toute la salle, mélangés pendant le combat à tous les alliés du Grand Royaume. Il était évident que Mei ne maitrisait pas suffisamment bien sa magie pour faire exploser avec discernement : si elle fermait le poing, quiconque se trouvait dans le champ de son aura explosait, qu'il soit gentil ou méchant. Mei ne pouvait donc pas faire ce choix, qui risquait d'entrainer bien plus de dommages collatéraux.
En réfléchissant, Mei observa avec application la scène. Du coin de l'œil, elle vit Hauru, Lize et Hinode qui combattaient dos à dos. Elle fut abasourdie par leur technique de combat en groupe qui semblait si élaborée. Au-delà du fait qu'individuellement, leur élégance et leur agilité au combat impressionnait grandement Mei, ils semblaient combattre en rythme, avec l'aisance naturelle de ceux qui se connaissent par cœur.
« Hauru ne pense même pas à me chercher alors qu'il est censé être mon garde du corps, regretta Mei. Il est vraiment incompétent. »
Elle aperçut ensuite Orlando. Elle ne se rappelait pas de l'avoir déjà vu se battre, et elle fut agréablement surprise. Contrairement à Hauru, Lize et Hinode, il ne combattait qu'avec une seule épée. Mais la force qu'il mettait dans chaque coup était d'une puissance titanesque. Mei comprit qu'il s'activait à protéger Yuki qui, derrière lui, serrait bel et bien une épée dans une main mais ne semblait pas savoir l'utiliser correctement. Mei comprit alors pourquoi son oncle se battait seul contre une dizaine d'adversaires : tous ses gardes du corps étaient morts. Comment pouvaient-ils être si impuissants ? Elle s'aperçut alors avec soulagement que le fidèle serviteur du Roi, le dévoué Marcellino, était aux côtés de son oncle. Et si ses coups d'épées étaient certes inutiles car n'atteignaient jamais leur cible, sa magie était redoutable. Elle se félicita de ne pas l'avoir assassiné quatre ans plus tôt.
Mei parcourut ensuite rapidement la scène du regard. Elle vit les nains qui hurlaient et couraient partout, s'amusant beaucoup à « cogner de l'Etendard Noir », avec leurs massues. Les Elfes se battaient avec grâce et élégance, repliés dans un coin de la Salle. Mei dut faire un effort colossal pour ne plus contempler Gabriella qui combattait, car son style de combat était envoûtant. Les géants, qui avaient pris une potion magique pour rétrécir le temps du couronnement, semblaient être particulièrement en difficulté car la petite taille qu'ils arboraient et à laquelle ils n'étaient point habitués les rendaient plus vulnérables. En bref, il était évident que les Etendards Noirs étaient en surnombre et plus inquiétant encore : que davantage de soldats du Grand Royaume étaient au sol.
Mei se rappela soudainement d'une conversation qu'elle avait surpris la veille entre son oncle et Yuuri Akagaya, la générale en chef des armées du Royaume. Celle-ci promettait de revenir le plus vite possible, et, elle l'espérait, avec autant d'hommes qu'à son départ. Orlando lui avait alors répondu qu'il était regrettable que le nombre de soldats pour protéger la Capitale soit en sous-nombre le jour du couronnement de la Princesse, mais que maintenant il était trop tard pour annuler.
Mei comprit alors que le Palais se trouvait dans une situation critique. Yuuri Akagaya avait dû partir en expédition avec beaucoup d'Etendards Blancs la veille si bien qu'à présent, le Palais était indéfendable. Bien sûr, les Etendards Noirs avaient choisi ce jour pour attaquer le Palais, quelle coïncidence. Trop peu de gardes étaient présents pour défendre convenablement le Palais, et déjà trop élevé était le nombre de ceux qui étaient tombés. Si Mei savait que dans la Salle se trouvaient parmi les meilleurs combattants du Grand Royaume, les Etendards Noirs étaient également redoutables et surtout trop nombreux. Et tous s'épuisaient.
Alors, Mei dégaina son épée et sauta dans le tas.

La nuit où sont tombées les étoilesWhere stories live. Discover now