𝑳𝒂 𝑴𝒆́𝒄𝒂𝒏𝒊𝒒𝒖𝒆 𝒅𝒖 𝑪𝒐𝒓𝒑𝒔 ❀ 𝐉𝐞𝐨𝐧𝐠𝐜𝐡𝐚𝐧

IV

- Ça me fait plaisir que tu sois venu me voir. J'ai appris pour ton ami... Je suis désolé. Au moins, tu pourras te changer les idées, ici.

Le garçon eut un sourire crispé et hocha la tête. Son oncle lui ébouriffa les cheveux.

- Tu peux rester ici quelques jours, ça ne dérange pas. Il y a de belles balades dans le coin. Ta tante est très heureuse de pouvoir te compter parmi nous ce soir.

Nouveau hochement de tête un peu vide, mais son oncle ne dit rien, se doutant que son neveu était encore chamboulé. Il le regarda un instant avant de se relever.

- Je te laisse. Je dois travailler dans mon bureau, tu peux venir me déranger s'il y a quoique ce soit. La télé est à ta disposition, tu peux aussi aller te promener, lire... J'imagine que tu as ton portable. Si tu as faim, sers toi dans la cuisine. Fais comme chez toi, bonhomme.

Et l'homme quitta la pièce. Son neveu, un jeune adulte déjà, soupira quand il fut seul. Il aimait bien son oncle, qui était aussi son parrain, mais ne le connaissait pas si bien car celui-ci était très occupé par son travail. Ses parents lui avait conseillé d'aller passer quelques jours chez lui, en retrait de la ville, pour se reposer. Il avait accepté, n'y voyant aucun inconvénient particulier.

Il sortit de la maison et commença à se diriger vers la forêt. L'après-midi était déjà bien avancée. Le jeune homme avait marché pendant plusieurs heures sans vraiment s'en rendre compte, perdu dans ses pensées. Sa tête était à la fois si pleine et si vide.

Il avait fini par retrouver la maison de son oncle. Celui-ci vivait seul avec sa femme, ils n'avaient pas d'enfants. Tant mieux, songeait le jeune homme, car ces enfants n'auraient pas eu un papa très présent. Il rentra donc et salua sa tante qui décongelait des pizzas. Elle commença à lui demander comment se passait son travail et ils engagèrent la conversation. Parler avec elle était bien plus facile qu'avec son oncle, car il avait moins l'impression de devoir remplir des attentes. Même si elle avait un mari sans cesse au travail et qui rapportait beaucoup, elle ne restait pas à la maison sans rien faire. Elle était musicienne et passait beaucoup de temps dans des associations. Quelques années auparavant, elle était même partie quelques mois en Asie du Sud-Est avec l'Unicef. Le jeune homme l'admirait beaucoup. Son mari râlait quelques fois car elle ne savait pas vraiment cuisiner, alors elle le sommait de sortir de ses livres, car il pouvait le faire aussi. Ça faisait bien rire leur neveu.

Il continuait de lui raconter ce qu'il se passait à son travail, qui lui plaisait vraiment, et elle l'encourageait ; puis elle lui parlait de son prochain voyage, de sa contrebasse, de l'enfant qu'elle parrainait en Asie. Au moins, cela lui changeait les idées.

Son oncle avait fini par sortir de son bureau, et les avait rejoint pour montrer à son neveu sa dernière acquisition : une grande maquette de bateau commerçant du XIXème siècle. Puis il était allé discuter avec sa femme quelques minutes, avant d'interpeller son neveu.

- Gamin, si ça t'intéresse, la collection de petites voitures s'est agrandie. Tu peux aller voir dans le bureau.

Le jeune homme acquiesça et s'y rendit, il avait toujours suivi cette collection avec intérêt depuis qu'il était petit et l'oncle aimait dire que ça serait son héritage. Il entra donc dans le bureau, sans s'attarder sur la fenêtre mal fermée ni sur les piles de documents en bazar sur le bureau. Il se dirigea vers l'armoire murale et sourit avec nostalgie en voyant les voitures de collections. Il y avait toujours cette coccinelle jaune qu'il adorait petit, et toutes les autres. Il les admira pendant un long moment, remarquant les nouvelles du premier regard. Après une inspection d'une quinzaine de minutes, il remarqua une Mercedes qu'il ne connaissait pas, mais qu'il trouva très belle. Il la prit délicatement, l'examina avec attention. Puis il se dirigea vers le bureau pour la faire rouler doucement. Il prit une feuille pour la pousser afin de faire de l'espace, mais il s'immobilisa. Cette feuille portait un nom qu'il connaissait bien.