.7 jours après.

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14 heures 16 minutes

Je n'ai pas grand chose d'autre à faire que de rester allongé à lire des mangas sur mon portable, ça a le don de me foutre le cafard. J'ai l'impression que mère nature se moque de moi et ralentit le temps juste pour que je ne vois jamais la fin de mon séjour à l'hôpital. En plus il fait moche dehors, pas moyen d'aller faire un tour dans le petit parc.

Heureusement au moment où j'ai commencé à envisager une fugue, j'ai reçu un message de Suga me disant qu'il viendrait me rendre une visite. Il sait toujours quand on a besoin de lui, c'est dingue. Il a un radar maternel, c'est sûr.

Je me sens toujours un peu faible, à force de réfléchir, d'essayer de m'en souvenir, de me rappeler de son visage. Depuis que Kuroo m'a annoncé que... Attendez. Ou est-ce Kenma qui me l'a annoncé ? C'est évident que ma mémoire va pâtir de cet accident, mais tout de même. Enfin peu importe ! Depuis que Kuroo ou Kenma (je vous jure que si c'était Kageyama je saute par la fenêtre) m'a dit le nom « Bokuto », je sens que plus rien ne va être pareil.

Ou plutôt, c'est leur réaction après que je leur ai dit ne pas me souvenir de lui qui m'ont fait comprendre que plus rien ne va être pareil. Ils n'ont pas voulu m'expliquer, même Hinata, ils ont dit que je dois m'en souvenir moi-même, mais la vérité c'est que je ne sais pas si j'allais pouvoir le faire un jour. Surtout que vous ne savez pas à quel point c'est dur d'avoir la motivation de se rappeler de quelque chose lorsqu'on n'a même pas le moindre indice de ce dont il s'agit.

Bokuto... Qui es-tu ?

Qui étais-tu ?

Force est de constater qu'il a dû être quelqu'un d'important pour moi.

Mais peu importe, parce que Suga vient de toquer à la porte.

- Entre !

- Salut, a-t-il fait d'une voix douce comme à son habitude. Comment tu te sens aujourd'hui ?

- Toujours aussi déprimé qu'hier. Et toi ?

- Hum... ça va.

- T'es pas avec les enfants ?

- On est samedi, ils n'ont pas école.

Ah bah oui.

- Quelle idée d'être prof... en même temps je suppose que ça te va bien.

- Je l'aime bien, mon métier, boude-t-il.

- Je me doute.

Sugawara voit bien mon visage déconfit. Ils le voient tous. Mais je suis certain que Sugawara le voit plus que les autres. Radar maternel, vous vous souveniez ? Peut-être même qu'il le comprend.

- Tu veux en parler ? il me demande, comme si je devais me confesser.

- Je ne me rappelle plus de lui. En une soirée pouf il a disparu de ma vie. Totalement.

- Il te faut du temps, je sais. C'est... c'est normal j'ai envie de dire. Après un choc aussi violent. Ton corps et ton esprit se protègent. Ne t'en veux pas.

Il a posé sa main sur mon bras allongé contre le matelas. Il se voudrait rassurant. Et le pire c'est qu'il l'est bien, de rassurant.

- Tu peux me parler de lui ? Qui était-ce ? Je veux me rappeler.

Une intense envie de vomir m'a attrapé à la gorge. Je suis presque sûr que mon corps réagit à mon subconscient (qui, lui, doit parfaitement se rappeler de ce Bokuto).

- De Bokuto ? Ah... il était plein de joie de vivre. Ça c'était sûr. Il pouvait être lunatique aussi. Après c'était aussi ce qui le rendait spécial. Il avait un sacré esprit de compétition en plus, mais dans le fond on s'en fichait pas mal, ça le poussait à toujours faire mieux.

Le visage de Suga s'est soudainement illuminé à peine il a commencé à parler de lui, Bokuto a dû être très apprécié. Parce que s'il y a une chose dont je me souviens parfaitement, c'est que si Suga vous aime bien, personne ne peut vous détester.

- Le volley c'était tout pour lui, vous étiez un duo incroyable sur le terrain !

- Ah oui ? ai-je fait d'un ton curieux.

- Bien sûr. Vous pouviez presque rivaliser avec Hinata et Kageyama !

Ses épaules ont tressauté alors qu'il rigole, ça semble être de beaux souvenirs. Je suis jaloux de ne plus les avoir. Moi aussi je voudrais rire comme il le fait.

- Sur le terrain on ne voyait que vous, il criait, tu le calmais, et il t'écoutait ! Crois-moi, ce n'était pas donné à tout le monde. Bokuto était en permanence surexcité, mais quand t'étais dans les parages, on savait que tout allait bien se passer. Il t'aimait beaucoup. Et toi aussi.

Sa voix s'est éteinte sur la fin de se phrase.

- Il te manque ? j'ai demandé.

- Ouais.

Étrangement, j'ai voulu qu'il me manque, à moi aussi.

- Vous étiez incroyables... toujours ensemble. Vous vous complétiez. C'était... ouais... c'était viscéral.

Je crois que je commence à comprendre où il veut en venir.

- Bokuto et moi... on était plus que des partenaires, n'est-ce pas ?

- Des âmes-sœurs. J'avais jamais vu ça.

Il a lâché sa phrase comme une bombe. J'ai cru sentir mon cœur exploser. Alors c'est ça ? On est sortis ensemble ? Je l'ai aimé et lui aussi ? Je suis sûr qu'on a été bien tous les deux. Je le sens.

- Je suis désolé, fait Sugawara en s'essuyant les yeux toutes les demi-secondes, espérant cacher les larmes qui perlent au coin de ses paupières.

Peu importe dans le fond, puisque je ne m'en souviens pas.

À nos souvenirs manqués... (Bokuto x Akaashi)Where stories live. Discover now