5 : Foule angoissante

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vendredi 6 novembre 1998

Quand mon réveil sonne, un grognement digne d'un ours mal léché m'échappe. Je n'ai vraiment pas suffisamment dormi. Une chose pas très grande et chaleureuse est collée contre mon torse et semble s'être figée devant mon humeur ronchon. Je percute tout de suite qu'Harry doit avoir eu peur de me déranger alors j'ouvre doucement les yeux en le câlinant un peu. Je ne l'ouverai jamais, pas même sous la torture de Salazard lui même, un Malefoy n'est pas câlin, nom d'un elfe ! Mais j'apprécie qu'Harry se cale un peu plus contre moi, me prouvant la confiance que m'accorde ce petit garçon adorable. Je m'écarte doucement et regarde la petite tête aux grands yeux verts qui me regarde curieusement. Je souris doucement avant de lui parler d'une voix rauque encore à moitié ensommeillée

- Bonjour Harry, tu as bien dormi ?

Le petit garçon bafouille mais hoche la tête en rougissant. Il n'a vraiment pas l'habitude des marques d'affections et de la sollicitude d'autrui. L'espace d'une demi seconde, l'amertume m'envahit la bouche mais je préfère laisser ça de côté pour le moment. Nous devons nous préparer avant de nous rendre à la Grande Salle pour le petit déjeuner et je sens que cela va être sportif. Il va falloir que je lui explique la situation aussi et que j'explique tout ça aux autres, je sens un début de migraine poindre le bout de son nez, mais je la repousse également. Ce soir, nous sommes en week-end !

Je me lève et commence par préparer une nouvelle tenue à Harry en réduisant une de mes tenues et en réarrangeant son uniforme pendant qu'Harry passe par la salle de bain. Je prends sa place avec une douche rapide avant de me vêtir à mon tour. Quand je sors de la salle de bain, je surprends Harry en pleine bataille avec sa cravate défaite qui tente de reproduire le nœud qu'il y avait dessus hier soir. Je souris, attendri par la ténacité et l'exaspération du petit garçon qui souffle de découragement.

- Attends je vais t'aider, voilà qui est mieux. Harry j'ai quelques petites explications à te donner avant que l'on descende prendre le petit déjeuner d'accord ?

Sa bouille se fait anxieuse mais il acquiesce et me fixe de son regard troublé, dans l'attente de la suite.

- Tout d'abord tu dois savoir qu'hier soir, avant que tu te retrouves dans le placard, tu étais un jeune homme de dix-huit ans, comme moi. Tu as été touché par un maléfice, nous ne savons pas encore lequel, qui t'a fait revenir à l'âge de six ans. Est-ce que tu comprends ?

Le petit garçon semble dubitatif face à cette explication, mais il semble soulagé également.

- Donc Oncle Vernon ne viendra pas me chercher ?

- Non, tu vas rester avec nous jusqu'à ce que l'on trouve une solution. Je veillerais sur toi, ne t'en fais pas. Maintenant il faut que tu saches que nous sommes dans une école avec beaucoup d'élèves, les plus jeunes ont onze ans, tu es donc le seul petit garçon. Mais tu n'as pas à avoir peur, ici tout le monde est comme toi, nous sommes tous des sorciers, donc si il se passe quelque chose d'étrange ce n'est pas grave, d'accord ?

Il semble soulagé et hoche la tête, toujours concentré sur ce que je lui dis.

- Si jamais il arrive quoi que ce soit, ou que tu as besoin de quelque chose ou que tu as une question, tu peux venir vers moi et mes amis que je te présenterais tout à l'heure. Je pense que tu viendras en cours avec nous, tu vas apprendre pleins de choses, on pourra même faire des potions cet après-midi.

- C'est vrai ? On va vraiment faire ça ? Tu voudras bien m'apprendre ?

- Oui, c'est la matière que je préfère et je suis même excellente je vais t'apprendre l'art des potions.

- Merci !!

Ses yeux brillent d'excitation et il sautille presque de joie. Voilà, c'est exactement ça que je souhaite faire, le rendre heureux. Voir ses yeux d'enfants s'ébahir en découvrant notre monde et son sourire s'agrandir de joie. Je souris à mon tour et nous sortons en direction de la Grande Salle. Comme je m'y attendais, nous finissons par nous retrouver criblés par les regards curieux, surpris et interrogateurs de nos camarades, et cela semble s'amplifier à mesure que l'on se rapproche du Grand Hall. Harry sert ma robe dans ses petits doigts et semble vouloir se cacher de tous ces regards alors que je toise les élèves qui s'enhardissent un peu trop en approchant. Cela à au moins le mérite de calmer les ardeurs des filles qui semblent fascinées par le petit garçon "trop mignon".

Quand nous entrons dans la Grande Salle, les chuchotements se font plus insistants jusqu'à ressembler au bruit d'une nuée d'insectes genre criquet, grillon et abeille réunis. Je grimace en m'installant à ma place, faisant fi des regards de mes camarades de maison, Harry à mes côtés. Je regarde mes amis qui me fixent avec étonnement, dans l'expectative d'une explication à mini Potter, cramponné à moi et à moitié caché dans mes robes. Je souffle d'agacement devant leur manque de politesse et entame l'explication

- Bonjour à vous aussi, le petit garçon caché dans ma cape est bien Harry Potter, transformé en garçon de six ans. Il ne se souvient pas des années après cet âge-là, comme un retour dans le passé en quelque sorte. Je l'ai trouvé lors de ma ronde hier soir, il m'accorde sa confiance et j'ai bien l'intention de le garder prêt de moi et de le protéger jusqu'à ce qu'une solution soit trouvée. Harry, j'attends qu'il sorte son nez de ma cape avant de lui sourire doucement et de lui présenter mes amis, je te présente mes amis. La grande brune, c'est Pansy, à sa droite, c'est Blaise, et à sa gauche, Théodore.

Il les regarde, tout timide et bafouille un bonjour à peine audible, il est beaucoup trop attendrissant et si j'en crois les "haaanw" collectifs des filles à proximités, même des autres tables, sa popularité au prêt de la gente féminine poudlarienne est multipliée par dix, beurk. Je sens que je vais devoir jouer les gardes du corps, ce n'est pas un chiot, ni un jouet.

J'ébouriffe doucement le haut de sa tête et lui sers un chocolat chaud avant d'avancer vers lui plusieurs tartines de gelée de groseilles. Il se met doucement à manger pendant que je bois tranquillement mon café en mangeant une pomme. Perdu dans mes réflexions, j'en suis pourtant tiré par des regards insistants. Je fixe sans comprendre mes amis qui tentent de me faire dire quelque chose visiblement, mais je ne sais pas quoi. Je fronce les sourcils et Pansy me fait un signe de tête vers Harry. Je regarde le garçon croquer dans ses tartines, sans comprendre le rapport.

- Qu'est-ce qu'il y a Pansy ? Pourquoi vous faites cette tête ?

- Depuis quand tu sais ce que mange le petit le matin ?

- ...

Bonne question. Je n'y même pas réfléchi, c'était instinctif. J'ai dû passer plus de temps que je ne le croyais à l'observer durant toutes ces années. A nouveau perdu dans mes réflexions sur le Golden Boy, je ne prête pas attention aux babillages de mes camarades, le bourdonnement de fond ne faisant pourtant qu'augmenter quand plusieurs cris de stupeur me font sursauter. Baguette en main, les sens en alerte, je parcours les tables des yeux, mais tous les regards semblent rivés vers moi. Je soupire et range ma baguette, puis me tourne vers Harry pour le rassurer, mais je me fige. Harry n'est plus à sa place. 

Le placard sous l'escalierDonde viven las historias. Descúbrelo ahora