CHAPITRE 4

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Chapitre 4 : Grillé

Je lui tenais tête genre, alors qu'au fond de moi je n'avais qu'une envie : lui sauter au cou.

 A croire qu'il me connaissait déjà ou qu'il lisait dans mes pensées, Lucas, non Mohamed, non Lucas - ou quoi qu'il fût de son foutu prénom - m'a attrapée par les hanches. Il m'a embrassée sur le front d'abord, puis il a collé ses lèvres sur mon cou. Puis il m'a fait un bisou sur la joue, un autre sur le front et m'a encore embrassée dans le cou. J'aimais trop sa façon qu'il avait de me tenir tête, ça prouvait qu'il tenait vraiment moi.

Depuis ce jour, on est devenus inséparables, au phone tous les jours, tous les soirs. Je le textais tout le temps. On était devenus inséparables. Notre amour était plus fort que tout. Je l'aimais à mourir, je l'aimais plus que tout. Il était ma moitié. Il était mon âme sœur.

On s'aimait trop. On n'avait que 15 ans et il voulait déjà qu'on se marie, il voulait déjà me présenter à sa mère. J'avais parlé de notre relation ni à Lina et Leila. Je connais les Arabes, ils parlent trop lol. Si mes frères le devinaient, je savais que j'étais morte.

Un jour, j'étais en train de lui écrire un texto qui disait "silt qu'est-c'tu fous ?". Il m'a répondu "ben rien je suis en bas avec des potes et toi"

_Allongée sur mon lit, tu me manques.

_Mdr ben viens je suis en bas.

_ arrête de foutre de moi, t'habites pas mon quartier comment tu peux être en bas de chez moi !

_ben regarde par ta fenêtre bb.

_Tss la flemme et en plus tu mens !

_Regarde, je te dis.

_ok c'est bon j'ai regardé tu y es pas.

_menteuse !

Je me lève alors et regarde par ma fenêtre et c'était vrai, il se trouvait bien là face à moi !

_mais qu'es-c'tu fais là ?

_Tu me manquais. Je voulais juste t'apercevoir.

_t'as tapé jusqu'ici pour m'apercevoir ?

_ben ouais.

_Tu es fou !

_ fou de toi !

_lol

_vas-y descends chérie.

_ T'es fou ! Il y a mes frères chez moi !

_ et alors ? descends, je te serre dans mes bras et tu repars.

_ tu vas te contenter de me serrer dans tes bras ?

_ oui juste sentir ton corps près du mien et tu peux repartir.

_mdr t'es ouf j'arrive !

Je me suis habillée à l'arrache et suis descendue discrètement en bas.

Je l'ai retrouvé dehors et je lui ai sauté dessus comme une folle. Il m'a rattrapée au vol. Il a commencé à me faire plein de bisous partout et je lui ai dit :

Moi : Menteur ! T'as dit tu voulais juste me serrer dans tes bras !

Lui : Je peux pas m'en empêcher, tu le sais bien !

Moi : Oui, mais j'aime bien, ça va !

Lui : Je sais que t'aimes bien, c'est pour ça je le fais.

On se faisait plein de bisous et des câlins devant l'immeuble. Vous vous dites : "Mais elle est folle !" Et oui j'étais folle, folle de lui, tellement amoureuse que je devenais folle quand j'étais avec lui. Dans ces moments-là, plus rien ne comptait au monde à part lui et moi. 

Après être restée un bon quart d'heure avec lui, je suis remontée chez moi. Et en rentrant, y avait mon grand frère Samy assis sur mon lit, dans ma chambre, mon portable à la main. 

Samy : Sultane ?

Moi : Oui ?

Samy : T'étais où ?

Moi : Dehors, juste là, devant le bloc...

Il m'a jeté dessus mon téléphone.

Et s'est levé et est venu m'attraper par le bras. Il m'a mis deux droites, j'étais K.O. Juste deux droites, il m'a mise sec. J'arrivais même pas à pleurer tellement j'avais mal. Puis il m'a dit :

Samy : Wallah, je te revois avec lui, sale pute, je te coupe la tête ! C'est la meilleure celle-là, maintenant tu veux faire la pute du quartier !

Et il est reparti. Mais ça m'a suffi, j'avais mal comme jamais. Imaginez Mohamed Ali qui vous met deux droites. Ben c'était pareil.

Le lendemain au lycée, j'avais deux gros coquards au visage. Lina m'a demandé qui c'est qui m'avait fait ça. Je lui ai dit que je m'étais battue. Elle m'a crue. A l'époque, ça m'arrivait souvent de me battre, même si je m'étais calmée depuis que je sortais avec Lucas/Mohamed. 

À la récré, j'avais l'habitude de retrouver Mohamed vers le sport, mais je n'y suis pas allée ce jour-là parce que j'avais peur que mon autre frère, Ilies, qui était aussi au lycée, me surveille, et qu'il me voie et me suive jusqu'au sport... Donc je suis restée cachée dans les toilettes tout le temps de la récréation. 

Mais pendant ce temps-là passé aux toilettes, quand j'ai vu ma gueule dans le miroir, j'ai commencé à pleurer. Je me demandais : "Pourquoi ? Pourquoi il m'a fait ça ?"

C'était la première fois de ma vie qu'un de mes frères me frappait. Ça me faisait vraiment trop mal au cœur, plus que le coup lui-même ; ça, à la limite je m'en foutais. Ça faisait beaucoup plus mal que la douleur du coup. Et je pleurais de plus en plus. 

Les cours avaient repris mais je n'avais pas bougé. J'étais toujours là face à ma glace, en pleurs... 

Puis y a eu une fille qui est arrivée. A ce moment-là, j'ai ramassé mon sac et je suis partie, le visage baissé.

Je voulais pas retourner en cours... Déjà que tout le monde me dévisageait à cause de mon coquard et puis qu'à présent je pleurais, ils allaient encore plus me regarder. 

J'ai traversé le long couloir, puis j'ai traversé la cour du lycée et j'ai quitté le lycée. Je ne savais pas où j'allais, mais je marchais sans vraiment savoir où j'allais. 

Puis j'ai atterri dans un petit parc avec de l'herbe et je me suis laissée tomber par terre, complètement effondrée, en larmes... 

Je suis restée là-bas tout la matinée et tout l'après-midi par la même occasion. Putain, j'en voulais au monde entier ! Je voulais voir personne tellement je souffrais. Je voulais être seule au monde, complètement seule. J'étais complètement blasée.

Après, j'ai réfléchi. Mohamed, mon Mohamed, je l'aimais plus que tout, et rien n'empêchera mon cœur de battre pour lui. Je l'aimerai toujours, je continuerai à le voir encore. Personne n'a le droit de me frapper parce que je l'aime ! J'avais trop la haine contre mon frère. 

À cinq heures, je suis allée à l'arrêt de bus pour rentrer chez moi, et là qui ai-je vu arriver à l'arrêt de bus ? Mohamed !

Lui : Sultana !

Moi... Oh putain, je n'avais pas très envie de le voir maintenant, et surtout je ne voulais pas qu'il voie mes coquards. 

Il s'est approché de moi, l'air de rien. J'ai baissé la tête, il fallait surtout pas qu'il me voie comme ça, et je me suis mise à prier pour que le bus arrive. 

Mais je sais pas comment, mais je crois que ce mec il lisait dans mes pensées. Il a relevé ma tête d'un geste de la main. J'étais en larmes.

Il n'a rien dit. Il m'a prise dans ses bras et on s'est éloignés de l'arrêt de bus. On s'est posés un peu plus loin et là je me suis effondrée en larmes sur son épaule. Il ne disait rien, il me serrait juste dans ses bras et me caressait les cheveux.....

Chronique de Sultane : Mariée de force quand mon coeur se meurtWhere stories live. Discover now