Chapitre 20 : Un de trop

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L'atmosphère c'était épaissi dans l'appartement de Louise qui regardait par la fenêtre, espérant qu'elle était en plein rêve, que Nina et Damaris ne soient pas arrivés sans prévenir. Elle se demandait si elle pouvait se réveiller ou fuir en passant par la terrasse. Enzo, debout au milieu du salon, ne savait pas quoi faire. Son regard passait de Louise à Nina, de Nina à Damaris, de Damaris à Louise. Damaris, les bras toujours chargées, fixait Louise avec un regard d'incompréhension, espérant qu'elle ait une explication légitime à cette situation. Nina gardait ses yeux rivés sur le jeune homme, sa colère se lisait sur son visage.

— Qui est-ce ? demanda-t-elle à nouveau la mâchoire serrée.

— Enzo, dit Louise sans oser la regarder.

— C'est ton amant ? demanda Nina.

Louise porta son regard sur le jeune homme qui n'osait pas intervenir. Elle réfléchissait à la réponse qu'elle allait donner, à la tournure qu'allait prendre les choses.

— Elle nous en a déjà parlé, tenta de temporiser Damaris, Enzo c'est son collègue. C'est gentil à lui de l'avoir raccompagné après leur réunion.

— Est-ce que c'est ton amant ? insista Nina en foudroyant Louise du regard.

— Pas encore, dit Louise en enfouissant sa tête entre ses épaules, s'attendant à ce que les insultes fusent.

Nina lâcha ce qu'elle avait dans les bras au sol, laissant une bouteille de vin rouge se briser dans un bruit sourd, arroser le sol de son contenu d'un rouge épais. Enzo était interloqué, il ne s'attendait pas à cette réponse. Il espérait aller plus loin avec Louise, mais n'avait pas imaginé qu'il découvrirait ce qu'elle ressentait alors qu'elle se confrontait à ses petites amies actuelles. Damaris était perdue, elle déposa les sacs qu'elle tenait dans ses bras sur le bar, elle piétina sur place en passant sa main frénétiquement sur son visage.

— Je n'étais pas d'accord pour cette histoire de couple libre, dit-elle. Je pensais que c'était clair.

— Depuis quand ça dure ? demanda Nina.

— Ça n'a pas encore commencé, dit Louise. Tu devrais y aller, dit-elle à l'attention d'Enzo.

Le jeune homme ne dit rien, prit ses affaires et se précipita vers la sortie ne voulant pas assister à ce règlement de compte.

— Depuis quand tu couches avec lui ? redemanda Nina en articulant chaque mot.

— Je ne vous ai pas trompées. Je n'ai pas couché avec lui. Je ne l'ai même pas embrassé.

— Alors, quoi ? intervint Damaris.

— Je ne sais pas, dit Louise en détournant le regard. J'ai l'impression de ne pas trouver ma place entre vous deux, alors que pour lui, il n'y a que moi qui compte.

— C'est stupide, dit Nina.

— Maintenant que Damaris est dans ta vie, dit la rousse à l'attention de Nina, tu peux être heureuse sans moi.

La brune souffla, les larmes aux yeux, la lèvre inférieure tremblante. Elle n'avait rien à répondre à cela, elle se sentait tout à coup coincée, comme si on lui avait tendu un piège. Elle ne dit rien et quitta l'appartement rouge de colère. Damaris était totalement perdue, elle ne comprenait pas ce qui était en train d'arriver. Louise fixait le ciel qui s'assombrissait au travers de la porte fenêtre, lui tournant le dos.

— C'était ton plan depuis le début ? demanda Damaris après le long silence laissé par le départ de Nina. Je n'étais qu'un pion à placer au bon endroit, au bon moment, dit-elle la voix pleine d'amertume. Tu cherchais une femme qui pourrait prendre ta place, te remplacer pour que tu puisses vivre ta petite vie sans culpabiliser. Mais je ne suis pas une marchandise, dit-elle de plus en plus énervée. Putain Louise, regarde-moi, explique-moi. Je ne peux pas croire que tu aies fait ça, ajouta-elle tout à coup triste.

Louise se retourna, en essuyant les larmes qui se déversaient sur ses joues. Elle cherchait les mots, mais ne parvenait pas à en trouver des justes.

— Je n'ai pas voulu tout ça, dit-elle finalement.

— Qu'est-ce que tu n'as pas voulu ? attaqua l'étudiante. Qu'on débarque pendant ton rencard ?

— Non. Cette situation. Je pensais que cela allait fonctionner entre nous, précisa Louise en pleurant. Plus notre histoire avançait, plus j'avais l'impression d'être à côté de la plaque. Nina et toi, reprit-elle après quelques sanglots, vous vous êtes beaucoup rapprochées, vous êtes de plus en plus complices, je vois très bien que vous avez de plus en plus de sentiments l'une pour l'autre, dit-elle en réussissant à peine à articuler les derniers mots.

— Et tu crois que je ne ressens pas la même chose pour toi ? demanda la jeune femme avant de se raviser. Non, c'est plutôt que toi, toi, tu ne ressens pas la même chose, dit-elle d'un ton dur.

— Non, dit la rousse en s'approchant d'elle. Non, ce n'est pas ça, dit-elle alors que Damaris s'éloigna en contournant le canapé. Je... Je t'aime Dami, avoua-t-elle d'un ton presque suppliant.

Damaris se mordit la langue en secouant la tête pour nier ce qu'elle avait entendu. Ça n'avait aucun sens. Dire à quelqu'un qu'on va le quitter en lui avouant ses sentiments, c'était totalement stupide.

— Tu m'aimes ? demanda-t-elle d'une toute petite voix. Tu m'aimes, dit-elle en haussant la voix. Tu m'aimes et pour me le prouver, tu me quittes, ajouta-t-elle en ponctuant chaque mot d'un geste caricatural d'éloquence. Tu nous quittes. Tu nous aimes et tu nous quittes. C'est logique, une logique implacable.

— Tu ne me comprends pas, c'est mieux que l'on se sépare maintenant, avant que ça tourne au cauchemar.

— Tu crois peut-être que tu rends les choses plus faciles en me disant que tu m'aimes, mais tu as tort. C'est tout le contraire. Mais c'est ton choix.

— Damaris... tenta d'intervenir Louise.

— Non, c'est bon. T'as fait ton choix, dit l'étudiante en s'éloignant vers la porte. Je te souhaite d'être heureuse avec cet Enzo.

Elle sortit de l'appartement en claquant la porte, laissant Louise seule en larme. Elle marcha dans le vin laisser au sol et s'effondra dans son canapé. Elle n'avait pas envisagé les choses ainsi, à dire vrai, elle n'y avait jamais réellement pensé. Elle s'était imaginée sortir avec le beau et séduisant Enzo, mais elle n'avait jamais vraiment voulu quitter Damaris et Nina. Au contraire, elle pensait que ce seraient elles qui la quitteraient. Maintenant que c'était fait, elle devait assumer, mais elle avait bien le droit de pleurer la fin de cette relation.

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