Partie 2

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Des raquettes chaussées aux pieds et emmitouflées sous trois couches de pulls et de manteaux, nous avançons dans la forêt enneigée et encore endormie. Le jour n'est pas encore totalement levé, il règne donc une atmosphère douce. Il est pourtant dix heures et trente minutes, mais le soleil ne se lève que dans quelques minutes. En laponie, les journées sont courtes en hiver. En décembre, le soleil se lève entre six heures et onze heures du matin et se couche l'après-midi entre treize heures et dix-huit heures. A l'inverse de l'été où les journées sont plus longues. Le soleil ne se couche quasiment jamais pendant les mois de juin et juillet. C'est dingue cette inégalité par rapport aux autres pays. Je n'y connais pas grand chose, mais j'ai déjà lu dans un article qui explique que la Terre tourne sur elle-même autour de l'axe des pôles, et tourne autour du Soleil selon une sorte de cercle, que l'on appelle une ellipse. C'est l'inclinaison de l'axe de rotation de la Terre qui est responsable de l'inégalité du jour et de la nuit. C'est si fascinant !

Nous progressons doucement côte à côte dans la poudreuse, lorsque Torri me fait signe de m'arrêter.

Ne fais pas de bruit, il y a un loup pas loin, me chuchote-t-elle. Viens, nous allons prendre un autre chemin.

Nous rebroussons donc chemin pour en emprunter un autre un peu plus loin, afin de laisser tranquille le loup.

C'est le principal prédateur des rennes qui suit de très près les troupeaux, continue-t-elle une fois assez éloignées. Les ours noirs, bruns et polaires représentent aussi une menace mais les rennes en bonne santé sont bien plus rapides à la course. Ce sont surtout les individus faibles, malades, jeunes ou âgés qui succombent aux prédateurs, d'où la nécessité de les recueillir dans notre parc.

Waouh, je ne savais pas qu'un renne pouvait être si rapide !

Il peut facilement courir à près de soixante-dix kilomètres/heure en cas de danger et peuvent se défendre avec leurs bois contre les loups ou un ours seul.

Incroyable !

Après une bonne trentaine de minutes, nous arrivons près d'un lac gelé. J'aperçois de l'autre côté, un troupeau de rennes posé tranquillement sur la neige. Nous décidons donc de nous arrêter pour les observer. Torri sort des jumelles et me les tend ensuite. Je compte quatre rennes et il me semble en voir un plus petit. Ce serait un bébé renne ? Je souris à cette pensée et rends ses jumelles à Torri qui les replace aussitôt en face de ses yeux pour analyser le troupeau un peu plus en détail. D'un seul coup, les rennes se relèvent et commencent à avancer sur le lac gelé.

La glace ne va-t-elle pas se rompre sous leur poids ? Je m'inquiète.

Non, je ne pense pas, ils ne sont pas nombreux. Mais cela arrive malheureusement quelques fois, ils n'évitent pas toujours les accidents. En 2009, trois mille rennes traversaient un fleuve gelé et, sous leur poids, la glace s'est rompue et presque tous les animaux sont tombés à l'eau. Deux cents n'ont pas réussi à regagner la glace ferme et se sont noyés.

Oh, c'est horrible... Les pauvres.

Hum... C'est pour ça qu'avec ma famille nous faisons souvent des excursions afin d'analyser certains endroits qui pourraient être plus dangereux que d'autres. Nous avons déjà construit plusieurs installations pour éviter tout autre accident de ce genre et faire ainsi perdurer l'espèce.

Waouh, vous êtes un peu les sauveurs de l'espèce.

Je n'irais pas jusque-là, rigole-t-elle. Mais nous ne voulons pas qu'ils disparaissent. Le problème est qu'il y a encore beaucoup d'installations à faire mais nous manquons de fonds et de dons. Les gens ne sont pas toujours prêts à nous aider...

I Won't Be HomeWhere stories live. Discover now