34 - Cristaux Pourpres

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Dans les galeries souterraines de Landoria, début du mois d'Ilmen.

— Que propose-tu si ce que tu dit est vrai ? Nous devons établir un marché.

— En effet, acquiesça Agon avec sérieux. Mais avant tout, je pense qu'une telle discussion devrait se faire à pied d'égalité. Détachez-moi si vous voulez de l'entente.

Malgré que le rancunier Darel râla sans se cacher, l'homme aux tresses noires alla trancher ses cordes, et fit de même pour son compagnon. Agon s'étira douloureusement, grimaçant de douleur, puis se leva face à leurs interlocuteurs. Les deux partis se toisaient, toujours suspicieux envers chacun. Agon décida qu'il était temps de faire les présentation, pour instaurer un peu plus de sérieux et politesse dans leur entente.

— Je m'appelle Agon, marin sur le Nébuleux, et Sam est un autre membre de l'équipage.

— Faisons nous confiance, assura l'autre. Je m'appelle Jor, chef du peuple restant des Landoriens. Et voici Darel, éclaireur des portes ouest de notre repaire.

La tension diminua dans la pièce, comme si les mâchoires se décrispaient et les muscles se détendaient. Des gouttes de condensions éclataient doucement au sol, brisant le silence entre les quatre hommes. Les deux natifs de l'île étaient vêtus de simples tuniques beiges et ceintures en peaux et cuir, des colliers aux pièces minutieusement taillées dans le bois pendaient sur leur poitrines. Leur carrure musclée et sèche transparaissait à travers le fin tissu, dévoilant leurs larges épaules de travailleurs et leur corps élancé.

— Bon, j'imagine que tout le monde est d'accord pour dire que nous avons débuté sur une très mauvaise entente, mais chacun ici doit coopérer avec l'autre pour obtenir de l'aide. N'est-ce pas ? déclara l'homme, quoique incertain sur ce terrain d'entente risquée.

Tous hochèrent la tête, non sans réticence. Sam tirait toujours une moue douteuse. Le chef des Landoriens reprit, plus durement.

— Nous avons besoin de l'aide de ces rebelles, s'ils existent bel et bien. Les temps sont durs ici et nos récoltes se font rares en dehors des galeries souterraines. Nous avons du revenir nous terrer ici après ces attaques de tigres démoniaques, et cette ville sous la roche ne nous offre que peu de place et de confort pour mon peuple. Nous sommes assez nombreux, et une aide extérieure en arme et vivres serait des plus honorables. Ma demande est que vous nous aidiez à revenir dans la société avec une place acceptable parmi les rebelles, dans leurs villes comme vous l'insinuez, pour que nous puissions enfin vivre comme chacun le devrait. Qu'il y ait du commerce, des échanges entre nos peuples et villes. Nos hommes sauront leur prêter main forte.

Le chef des Landoriens le dévisageait avec intensité, ses prunelles sombres vibrant d'espoir pour son peuple. Malgré leur accueil des plus violents et ingrat, ils avaient une attitude très craintive envers le reste du monde. Agon se fit bien la réflexion qu'ils se terraient dans ces ruines et ces roches depuis plus d'une vingtaine d'année, et devaient surmonter ces difficultés par eux-mêmes. Son discours le toucha. Le jeune homme désirait aider ce peuple de l'ombre, même si son choix ne pouvait être définitif.

— Je suis sûr que les rebelles accueilleront votre présence dans leurs rangs avec joie, s'enjoua Agon. Mais la décision n'est pas la mienne, si nous devons nous-même prévenir les rebelles de votre présence et les envoyer à votre secours, mon capitaine doit recevoir le droit d'accepter ou non cette demande.

— Très bien, alors nous vous accompagneront au retour vers votre navire. Ceci est très important pour nous, et j'espère de tout cœur que votre capitaine acceptera.

Le groupe discuta encore quelques temps à propos des rebelles, les deux Landoriens avides d'informations. Jor était favorable à cette révolte et souhaitait aider autant qu'il le pouvait.

Sang Bleu : La malédiction d'IsteriathWhere stories live. Discover now