Chapitre 19

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Tantie Korotoum, la première épouse, qui jusque-là n'avait rien dit, ne pût s'empêcher d'exprimer son indignation la plus totale.

– Abdoulaye, si tu veux que je quitte cette maison, dis-le ! Tu m'as ramené Maïmouna, ça m'a fait mal. Ça m'a fait très mal d'ailleurs. Mais je l'ai acceptée parce que je ne pouvais pas te faire d'enfants. J'ai fait ce sacrifice là pour toi Abdoulaye. Et c'est comme ça que tu me remercies ? Hein ?! En déposant une autre pouffe dans ce foyer ! Ah non, je ne peux pas accepter ça !

– Ma décision est déjà prise ! Personne ne peut et ne va me faire changer d'avis. C'est ça ou c'est ça !

Même si j'aimais les dramas, je me sentais un peu gêné de me retrouver au milieu de tout ce cafouillage. Ces gens-là, je ne les connaissais que très peu. Mais, je les portais déjà dans mon cœur. Habiba et sa mère étaient assises dans les fauteuils avec le visage complètement fermé. Tonton Abdoulaye et sa première femme étaient encore en train de se disputer. Léa arborait maintenant son plus grand sourire. Quant à Adrien, il ne trouva rien de mieux à faire que de me lancer des regards coquins.

Je pris la petite Aysha dans mes bras pour l'éloigner un peu de toutes ces embrouilles. Elle ne méritait pas d'assister à tout ça. Pendant que je jouais avec la benjamine de la famille, je songeai à mon ancienne vie. À ma famille, mes amies, mais surtout à Lukman. Mais pourquoi diable, ressentais-je toujours ce besoin de penser à lui ? Je l'aimais encore. Je n'arrivais même pas à me persuader du contraire.

Il devait sûrement être dans les préparatifs de son mariage. Une grande cérémonie, ce sera, vu que sa famille avait l'air d'être quand même aisée. Sur quel boubou portera-t-il son choix ce jour-là ? Peu importe. Il est tellement beau que tout lui ira à merveille, ce sale veinard. Allez, c'est bon ! J'arrête de penser à lui... Et merde, j'y arrive pas. Je crois bien que j'aurais besoin d'une thérapie. Des psychologues à me conseiller ?

Une drôle d'odeur commençait à empester les lieux. Je compris que la couche d'Aysha n'était plus très propre. Elle se mit à pleurer par la suite. Sa mère, alertée par les bruits, se dépêcha de nous rejoindre dans ma chambre.

– Hmmm qui a fait caca ? Aysha a fait un gros caca, dit-elle avec un grand sourire.

La petite continua de pleurer, mais moi, ça me faisait bien rire. Elle la nettoya avant de la changer. Ce fût très rapide. La jeune maman connaissait bien son travail. Vu qu'elle continuait à pleurer, sa mère lui donna le biberon. Elle aspirait carrément le lait. Ça se voyait qu'elle était affamée. J'avoue que sur le moment, j'avais bien envie de goûter moi aussi. Mais chut... faut pas le dire !

– Bouba, je te remercie de l'avoir emmenée ici. Et je suis vraiment désolée que tu aies dû assister à tout ça.

– C'est pas grave !

– Mais si ! Tu es venu pour les études et ça a vraiment dû te perturber. Aucune famille n'est parfaite. On a nos moments de crise mais on reste unis.

Un silence s'installa durant un court laps de temps qu'elle nourrit par la suite.

– Il fait chaud ici hein ! Allume la clim s'il te plaît !

J'étais un peu perdu. Je ne savais pas de quoi elle parlait. Elle le comprit à travers la mine que je faisais.

– La clim, c'est ça, dit-elle en m'indiquant ce que je croyais être un simple objet de décoration. Pour l'allumer, tu dois appuyer sur ce bouton. Vas-y appuie !

J'obtempérai. Mais rien ne se produisit.

– Tu es sûr que tu as bien appuyé ! Rééssaie.

Aucun résultat ! Tantie Maïmouna appuya sur le bouton en question, mais toujours rien ! Elle le fit à plusieurs reprises. Mais, l'appareil ne daigna pas se mettre en marche.

BOO BAH !BxB! Where stories live. Discover now