Allons dans l'Éden

Rien qu'un début

La maman était décédée.
C'était déclaré.

Elle avait laissé derrière elle deux enfants seuls.
Leur père absent depuis leur naissance ne pouvait pas s'occuper d'eux.
Aucune famille ni d'amis proche de la famille ne le pouvait également.

Cette femme avait vécu avec ses fils comme une vagabonde. Sans laisser de trace, de peur qu'on l'a retrouve. Fuyant le monde réel et un ennemi invisible. Racontant des mensonges aux passants. Racontant des histoires à ses enfants.
Elle était morte sans le sou. Sans rien laisser derrière elle. Comme une continuation de ses choix de vie.

Ses fils, contrairement à ce qu'on pouvait penser, avaient vécu une heureuse vie. Pleine de rêves et d'imaginaire. Leur mère était comme un lionne avec ses lionceaux.
Affable, parfois désagréable et violente, mais bonne et aimante. Elle ne voulait que le bien pour eux. Et les préserver de la société faisait partie de ses combats.

On avait retrouvé Elijah et Amaël, respectivement dix et sept ans, accroché contre le pull crasseux de leur maman.
Son cadavre était resté là, sur une paillasse dans leur appartement depuis plusieurs heures.
Un de ces appartements dans lesquels ils ne restaient que quelques mois. Le temps de connaître leurs voisins.

Morte d'une appendicite, rien que ça.

Ce n'était pas la fin pour Elijah et Amaël. Eux, savaient que dans l'immensité du monde, leur mère était toujours présente. À pourvoir des caresses, par-ci par-là, avant qu'ils ne s'endorment.
À leur chuchoter des légendes dans le silence de l'orphelinat.

Ils sentaient sa présence, et, de toute manière, la simple présence de chacun leur suffisait.

C'était comme ça qu'ils fonctionnaient.
Elijah avec Amaël.
Amaël avec Elijah.