Rien qu'une fugue

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Ce furent les cris d'Amaël qui réveillèrent Elijah ce matin.

Il était à peine sept heures.

Le son strident avait agis comme une alarme de guerre, le grand frère s'était jeté dans les escaliers et les avait dévalé avec vitesse, sans se soucier de sa sécurité.
Il était arrivé dans la cuisine. Le carrelage de la pièce était gelé et la morsure du froid l'avait fait grelotter.
Il n'attendit cependant pas pour avancer.

Quelques pas de plus et il se retrouva en face d'une scène pittoresque.
Son petit frère, en sous vêtements, était assis par terre tandis que la mère d'accueil s'attelait à ranger la marée de lait au céréales renversée sur le carrelage.

Le souffle d'Elijah se bloqua, il aurait presque pu rire s'il n'avait pas vu les sillons rouges et mouillés que les larmes avait laissée sur les joues d'Amaël. Cette vision l'aveuglait, et il ne répondit qu'à moitié au bonjour lancé par la mère d'accueil.

Il se mit à genoux, devant son petit frère et lui prit les mains. L'enfant hoqueta, étouffa un sanglot. Et, d'une voix entrecoupé il annonça :

- Ils veulent plus de moi ici Elijah. Ils veulent plus nous laisser tout les deux.

Le cœur du plus grand se fendit en deux.
Ce qu'il redoutait le plus aller arriver, plus vite qu'il ne l'avait prédit.

Il fallait qu'il fasse vite.

Et alors qu'il étreignait durement son frère, il imaginait déjà comment ils partiraient, ensemble, vers le jardin d'Éden.

On était le soir. Amaël s'était endormi avec fatigue, les yeux gonflés d'avoir pleuré toute la journée. Ses hoquets restaient bloqués dans l'esprit d'Elijah. Ils repassaient en boucle comme la mélodie d'une pub qui restait coincée dans la tête.

Il avait décidé. Il fallait agir ce soir.

Doucement, sur la pointe des pieds, il s'était levé de son lit. Le grincement habituel des lattes lui tira une grimace. Il sortit le baluchon qu'il avait avec lui à leur arrivée. C'était la gentille dame des services sociaux qui le lui avait donné.
C'était une bonne chose, pour le périple, qu'il en ai un.

Sans prendre de pincette, il fourra le peu d'habits qu'il possédait dedans. Et pris le baluchon d'Amaël pour y mettre ses affaires à lui. Il alla ensuite chaparder quelques vivres dans la cuisine, en évitant les vieux placard qui geignait dès qu'on les ouvrait. Il avait pris des compotes et quelques biscuits. Des boîtes de conserves et deux gourdes. De quoi tenir une semaine pas plus.

Il ne comptait pas faire subir un trop long voyage à son petit frère.

Quelques minutes passèrent et il réveilla Amaël. La tête encore dans les rêves, le jeune garçon ne comprenais pas ce qu'il se passait. Il voyait son frère s'activer dans la pièce. Prendre des habits par-ci par-là sans piper mot.

Le jeune ouvrit la bouche, et en chuchotant, car il sentait bien que l'atmosphère, lourde, n'autorisait que cela, questionna sans relâche Elijah. Il voulait tout savoir, bien que son esprit embrumé ne soit pas du même avis.

En évitant les questions du plus jeune, Elijah l'habilla tout en s'habillant aussi et ils sortirent, dans la nuit automnale.

Emmitouflé, avec leur baluchons pendants dans leurs dos.

Ils s'en allaient dans la nuit. Ils avaient commencé leur voyage vers l'Éden.

Allons dans l'ÉdenWhere stories live. Discover now