Chapitre 13

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Julie est dans le lit, recroquevillée sur elle-même en serrant ses draps tachés de sang contre sa poitrine. Je devine qu'elle est nue et je commence à sentir une haine grandissante en moi.
Elle tourne légèrement le visage pour me voir et fond en larmes.

-Oh, Julie... je dis en m'approchant d'elle.

Je ramène ses longs cheveux roses en arrière et aperçois ses yeux rouges et cernés.

-Qu'est-ce qui t'es arrivé...

Elle pleure, le genre de pleurs qui fait mal, qui déchire la gorge, qui ne s'arrête pas et qui donne juste envie de s'éclater la mâchoire. Ses cris me déchirent le cœur.
J'essai de la serrer dans mes bras sans la brusquer jusqu'à ce qu'elle se calme. Petit à petit, ses cris cessent et laissent place à de légers sanglots. Elle ne me regarde pas. Elle ne regarde rien, et je ne connais que trop bien ce que veux dire cette absence de vie dans les yeux. J'ai eu la même autrefois.

-Ils...

Elle avale sa salive, fait un effort inimaginable pour parler. Le fait qu'elle se confie aussi vite prouve à quelle point elle est forte.

-Ils étaient trois.

Elle referme alors la bouche. Ses mots me choquent tellement que je ne réagis pas. Je ne réagis pas et putain, je m'en veux. J'aurai dû hurler, pleurer, la rassurer, au lieu de quoi je n'ai rien dit. Cette révélation me fait comme un coup de poignard dans le cœur quand je pense à ma sœur que j'ai constamment essayé de protéger et qui se retrouve traumatisée dans ce lit, mais aussi quand je pense à ma propre histoire. Mais vu l'état dans lequel elle se trouve, je n'ai rien vécu à côté d'elle.

-Donne-moi leur noms.

-Li-... Tom, s'il te plaît.

-On s'en fou de comment je m'appelle. Oublie tout ça pour l'instant et donne-moi leur identité.

-Ne leur fait rien... dit-elle à demi-mot.

-Ne rien faire à ceux qui t'ont fait ça ? Putain ! je dis en me tenant la tête dans les mains.

Je fais les cent pas autour du lit, incapable de voir ma sœur dans cet état plus longtemps.

-J'appelle l'hôpital.

-Non !

-Pourquoi ? !

-Parce que...

Elle renifle, montre son bras. Il est couvert de cicatrices suite à toutes les aiguilles qu'elle s'est plantée dedans. Une plaie est encore fraîche.

-Julie !

-Je suis désolée...

-Je t'avais dit d'en finir avec cette merde ! T'es... Merde !

Je donne un coup de poing dans le mur, puis encore un. Elle se remet à pleurer, et j'arrête de frapper seulement quand quelqu'un m'attrape les bras et me plaque contre le mur.

-Liam, ressaisis-toi !

La voix de Zack me brise les tympans et m'énerve encore plus.

-Je t'avais dit de rester dehors !

Je fais volte-face et lève le poing. Je lève le poing et me rends compte de mon geste. Zack, déjà en posture de défense, se demande pourquoi je ne bouge pas.

-Non... je dis en glissant contre le mur jusqu'à tomber par terre.

Zack nous regarde Julie et moi à tour de rôle, inquiet.

-Je deviens comme lui...

J'allais frapper Zack. Sous le coup d'un énervement indescriptible et d'un besoin puissant de me défouler, j'allais le cogner, encore et encore, comme mon père le faisait autrefois avec moi.
Un frisson parcourt mon corps et je fixe un point sur le sol, sans réel but.

Sous son emprise 2Where stories live. Discover now