² 여름은 진짜 심심이야...

19 3 2
                                    

« Tac, tac. »

Le tic de l'étudiant ne cessait de se répéter.

« Tac, tac. »

Voilà une pièce baignée dans la pénombre, dans laquelle on ne pouvait y voir grand chose. Seule la lumière jaune de la lampe de bureau et les quelques chanceux rayons de soleil – ceux qui arrivaient à passer à travers deux lattes des stores cassés – pouvaient distinguer la silhouettes de quelques meubles.

« Tac, tac. »

Par la fenêtre on entendait le cri des enfants heureux et insouciants. On entendait aussi le bruit inépuisable des voitures, et le bavardage des passants. La vie continuait inlassablement dehors alors qu'à l'intérieur elle semblait s'être arrêtée.

« Tac, tac, tac. »

Il se prenait la tête entre les mains et n'étalait plus aucune encre sur les pages blanches en face de lui. Ses stylos n'étaient pas rebouchés, et les post-it volaient sur son bureau. Rien qu'entrapercevoir le bois de sa table de travail était une mission impossible. Il y avait bien trop de feuilles, de livres ouverts, de bouteilles d'eau vides ou à moitié remplies, de boulettes de papier, de trombones et d'autres objets dont l'utilité restait à déterminer.

« Tac, tac, ta- »

L'adolescent se redressa, quittant sa position qui lassait à désirer. Il s'étira de tout son long, en profita pour faire craquer ses articulations, puis souffla longuement. Il admira pendant quelques secondes son plafond orangé puis se leva de son siège peu confortable pour venir faire les cent pas au beau milieu de sa chambre.

Il ne poursuivit pas bien longtemps sa ronde et finit par venir s'écraser dans son lit, face contre le matelas et le plus proche possible de la fenêtre ouverte. Un léger soupire d'aise s'échappa de ses lèvres lorsqu'il sentit une brise fraîche complétement inespérée souffler contre sa nuque.

Il était sur le point de s'endormir, bercé par la rumeur de la vie à l'extérieure, lorsqu'il entendit son prénom être appelé depuis le séjour de l'appartement dans lequel il vivait. Il répondit par un grognement irrité tout en se redressant de sa position si confortable. À contre cœur, il rejoignit le salon baigné dans les lumières estivales de l'après-midi, et vint s'installer aux côtés de sa mère qui se tenait penchée à une fenêtre donnant sur la rue.

Sans qu'il n'eut à lui demander quoique ce soit, la femme aux courts cheveux brun vint pointer du doigt une tâche ébène qui se déplaçait sur l'asphalte ondulant sous la chaleur.

« Il faudrait que tu ailles le chercher, Donghyuk... » lui sembla-t-elle utile de préciser.

L'adolescent se retint de soupirer devant sa mère et agrippa l'intérieur des joues de ses dents pour canaliser son agacement. Il n'avait pas prévu de sortir aujourd'hui. Il n'en avait ni le courage ni la motivation.

« Ok... » répond-il tout de même avant d'aller chercher de quoi se chausser.

Il sortit en vitesse de l'appartement en claquant la porte : il avait les nerfs à vifs et ne souhaitait pas s'éterniser dehors. Ses pas claquant agressivement ponctuaient ses maugréements qu'il laissait librement fuser hors de sa bouche. Ils devinrent bien plus virulent lorsque l'adolescent mis le premier pied dehors. La chaleur l'écrasait. Il avait déjà du mal à la supporter lorsqu'il était encore dans sa chambre – à l'ombre des rayons mortels – mais maintenant qu'il n'avait plus son toit pour le protéger c'était encore pire. Il n'avait qu'une hâte: attraper rapidement le matou pour revenir se terrer chez lui.

Heureusement pour lui, il ne lui suffit qu'à traverser la route juste devant son immeuble pour apercevoir l'européen qui se trouvait au-delà de la barrière rouge andrinople du parc pour enfant.

Dans son empressement, Donghyuk ne remarqua pas le jeune homme accroupi devant son chat, l'appareil photo en main, et vint attraper l'animal par le ventre. Celui-ci émit un grognement agacé mais se laissa faire. Mais alors que Donghyuk avait simplement prévu de courir chez lui après avoir récupéré son chat, il fut surpris par le son de l'appareil photo.

« Clic ! »

Ses yeux tombèrent immédiatement sur le garçon accroupi qui était pour le moment trop occupé à regarder le petit écran de son moniteur. Donghyuk hésita un instant entre prendre la fuite et n'avoir rien à faire avec ce gars ou rester et voir ce qui allait en découler. Cependant, même s'il avait choisi de partir, son temps de réaction fut trop long et son regard se fit attraper par celui de son vis-à-vis. Tout en supportant l'échange visuel qu'ils s'étaient très soudainement mis à entretenir, Donghyuk serra son animal contre son torse comme pour le protéger et se protéger aussi lui-même.
L'inconnu portait une casquette noire qui empêchait Donghyuk de voir clairement son visage et était habillé comme un jour d'automne. Tout ceci le rendait un peu plus suspicieux aux yeux de Donghyuk. Sa garde se renforça d'autant plus, lorsque l'étrange jeune homme finit par se relever. Celui-ci resta cependant à bonne distance mais se permit de débuter des présentations.

« Bonjour ? » commença t-il par dire. « Je... hum. Je m'appelle Lee Jeno et... oui. Enchanté ! »

Il transpirait tant la nervosité que cela aurait presque pu affecter les capteurs olfactifs de Donghyuk. Mais heureusement, il le trouvait tout simplement drôle à essayer de formuler une phrase correcte. C'en était presque mignon.

« Si vous êtes à l'aise avec ça... » reprit-il dans ce moment de faiblesse de la part de de Donghyuk. « est-ce que ça vous dirait de poser pour moi ? »

Hein ?

Il hoqueta sous la surprise et, dérouté, il ne pensa plus qu'à une seule chose : prendre la fuite. Alors, l'animal toujours bien calé contre lui et le chemin bien tracé dans l'esprit, Donghyuk fit un très rapide cent-quatre-vingt degrés et traversa en de grandes enjambées la route jusqu'à chez lui.

Il n'entendit pas le bruit de l'appareil photo capturer une dernière fois son image alors qu'il filait. Mais quand il revint chez lui, dans le cocon de son lit, l'étrange intérêt qu'il avait si rapidement développé pour le garçon et sa curiosité maladive, l'obligèrent à passer encore et encore son regard par la fenêtre et à lui faire alors, se remémorer cette rencontre si singulière.


ᴅᴀʏs ɢᴏɴᴇ ʙʏ – chptr.2 : end

Days Gone ByWhere stories live. Discover now