Chapitre II

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A la fin des cours, comme toujours accompagnée de Ricki, je passe à mon casier avant de quitter le lycée. Ricki s'adosse contre les casiers tandis que j'ouvre le mien pour en ranger mes affaires et en sortir celles dont je vais avoir besoin pour mes devoirs. A côté de moi mon amie s'énerve après le professeur d'histoire qui selon elle ne veut pas lui mettre la moyenne. Elle me secoue son devoir au nez en continuant de se plaindre :

"9 sur 20 encore une fois. Ce prof me déteste. C'est de l'injustice pure. Même ce sans-cervelle d'Oli a eu plus que moi.

- Si tu arrêtais de te plaindre peut-être qu'il te surprendrait à te mettre un 10. Tentais-je pour la calmer.

- Il n'en est pas capable.

- Le prof n'est pas capable de te mettre la moyenne à un devoir ou tu es dans l'incapacité d'arrêter de te plaindre ?

- Qu'est-ce que ça veut dire de la bouche d'une amie ?" Rigole-t-elle.

Elle a très bien compris le message. Ricki est incapable de se taire. Pour elle une injustice est une injustice et elle ne peut pas rester sans rien faire face à cela. Encore une qualité chez elle que j'aimerais avoir. Mais dans mon cas c'est plus du style 'Tant pis' surtout en ce qui concerne l'affaire...

"On se voit au café Ricki." Nous interrompt Oli.

Je saute sur l'occasion pour changer de conversation.

"Oli en pince pour toi. Souriais-je

- Foutaise. Ce mec est timbré du cerveau. Non merci."

Elle passe son bras autour du mien et me tire vers la sortie.

"Allez, on va être en retard au café et le boss ne va pas être content." Enchaîne-t-elle.

Le café c'est le lieu où tous les jeunes du lycée se retrouvent après les cours. Le patron est un ours. Il est adorable mais il nous dénonce au lycée si on y vient dans la journée. On doit alors prouver que l'on n'a pas cours pour pouvoir rester. Le café c'est probablement le seul endroit qui diffuse de la bonne musique à ses clients dans cette ville. Le vieux jukebox est très sollicité. On peut écouter du Jacques Brel ou Edith Piaf comme du AC/DC ou du Joe Cocker. En plus de cela ils y servent des smoothies à tomber par terre et les pâtisseries sont démentielles. Le seul soucis avec ce café c'est que, moi, j'y vais pour travailler et Ricki, elle, reste au bar soit-disant pour me "divertir" pendant mon service. Mais je sais très bien qu'elle me surveille. Elle cherche à préserver mon pauvre cœur d'une certaine personne mais il l'a déjà réduit en miettes depuis longtemps.

Ricki s'installe au bar pendant que je me rends dans le vestiaire des employés pour poser mon sac de cours et enfilé un tablier de serveuse. Je me poste devant le miroir. J'attrape mes cheveux pour les joindre en une queue de cheval haute. Les quelques cheveux de ma frange que je laisse pousser dépassent et encadrent mon visage. Avant de sortir j'inspecte une dernière fois mon reflet dans le miroir. Je ne suis pas une canon comme ces filles populaires au lycée mais ce qui m'importe le plus c'est d'avoir de quoi tenir de mon père. Il disait toujours que j'avais son sourire et que c'était la preuve fatidique qu'il était bien mon père.

La porte du vestiaire s'ouvre au même moment sur Raoul, l'apprenti pâtissier du café.

"Salut Béa.

- Salut, Raoul.

- Ricki t'attend devant. M'informe-t-il.

- Elle attend surtout sa part de tarte aux pommes. Ricanais-je.

- Bien chef."

Raoul est amoureux de Ricki depuis toujours je crois. Malheureusement il n'a jamais été capable de lui déclarer alors qu'ils se parlent tous les jours. A la place il lui fait ses meilleures pâtisseries. Elle est même devenu sa goutteuse attitrée. Dans leur histoire le problème ce n'est pas Raoul, c'est Ricki. Elle a horreur de l'amour.

Dis-le.Where stories live. Discover now