Chapitre VII

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Lundi. La fin d'un week-end, le début d'une semaine. Le pire jour. A contre coeur je rejette mes couvertures et ose poser un pied sur la moquette, hors de la chaleur et du confort du lit. Avec du courage je parviens à sortir le deuxième pied et dorénavant assise sur le bord de mon lit je me frotte les yeux pour y chasser les restes de sommeil. Pour me booster un peu plus vite, j'augmente le son de mon réveil.

Sans trop réfléchir, j'enfile un jean et un tee-shirt tout simple. Je finis de me préparer et descend dans la cuisine pour ingurgiter un petit déjeuner. Une fois mon estomac rassasié je mets ma veste en cuir noir et m'assois sur les marches de l'escaliers pour lasser mes converses blanches. Un dernier coup d'oeil dans le miroir de l'entrée et je suis prête. La main sur la poignée je me rappelle que maman ne s'est pas encore levée. Je remonte les escaliers en quatrième vitesse et entre dans sa chambre. Il me faut quelques secondes pour que mes yeux s'habituent à l'obscurité de la pièce. Je m'avance vers la fenêtre et tire sur les rideaux. J'ouvre les volets et la lumière du jour envahit la pièce d'un seul coup. Maman commence à grogner. Je me tourne vers elle et lui tire la couverture. Elle me répond par un second grognement venu du fond du coeur.

"Ne te donne pas cette peine de veiller sur moi ma puce. Je peux me débrouiller seule. Lance-t-elle en se forçant à se lever.

- Je le fais pour profiter de toi cinq minutes avant de partir pour le lycée. Allez, à ce soir."

Je quitte sa chambre et redescend pour sortir de cette maison une bonne fois pour toute. Dans le bus je me coupe du monde en écoutant ma musique. A travers la vitre, le quartier défile devant mes yeux. C'est en me faisant la réflexion que je connais seule petite ville comme ma poche que je rêve d'évasion. Avec son métier mon père a beaucoup voyagé. Même si ce n'était pas pour visiter les richesses des pays où il se trouvait, il avait tout de même la chance découvrir de nouveaux horizons, de nouveaux gens et de nouvelles cultures. Tandis que moi je n'ai jamais mis un pied hors de cette ville.

Le bus s'arrête devant le lycée et les trois quart des gens présents en descendent. Je retire mes écouteurs de mes oreilles et cherche Ricki des yeux. Ne la voyant pas je rentre dans l'établissement. Je zigzag entre les lycéens et parvient à atteindre mon casier.

"On sèche ? Me demande Ricki.

- Même pas en rêve.

- Roh décoinces-toi un peu Béa." Se moque-t-elle de moi.

Ricki semble de meilleure humeur que la dernière fois que l'on s'est vu. Elle rit de moi et a retrouvé du poil de la bête. Je décide de ne pas remettre le couteau dans la plaie en évoquant Raoul et l'entraine plutôt en cours en m'accrochant à son bras. Je l'écoute me parler du nouveau groupe de musique qu'elle a découvert sur internet. La cloche sonne et lentement chacuns se dirigent vers sa classe.

Le prof de sciences économiques et sociales est déjà dans la salle. En attendant la deuxième sonnerie tout le monde se déplace comme il le souhaite dans la classe. Je m'installe à ma place et Ricki s'assoit sur ma table. Louise vient nous saluer et Morgane nous rejoint toute excitée.

"J'ai des potins. S'exclame-t-elle ravie.

- Vas-y, crache le morceau. S'empresse Ricki de lui demander.

- Cassandra n'est plus vierge. Lâche-t-elle.

- Quoi ? S'étonne Louise et Ricki. Mais avec qui ?

- Thomas. Sourit fièrement Morgane. Je te l'avais dit Béa qu'il allait se la faire.

- La pauvre." Renchérit Ricki sarcastiquement.

On éclate toutes de rire à la réflexion de Ricki. Le prof nous demande de nous calmer et que chacuns reprennent sa place attitrée. Julien entre juste avant que le prof ne ferme la porte. Lui d'habitude tout souriant semble sérieux, voir peiné. Je croise les doigts pour que ce ne soit pas de ma faute par rapport à son invitation que j'ai décliné samedi matin quand il me proposait d'aller boire un verre avec lui.

Dis-le.Where stories live. Discover now