Dis-le.

Chapitre XIII

La folie me guète. Je m'apprête à transgresser les règles, transgresser ma punition. Mais surtout mentir à maman. Je suis emprise d'une certaine panique. J'ai l'impression d'être à la fois surexcitée et en même temps je ne cesse de me répéter que je ne peux pas faire.

Si Ricki était à mes côtés elle me dirait que dans la vie il faut savoir prendre risque sinon à quoi ça sert de vivre. C'est pourquoi j'ai décidé de prendre sur moi et de franchir cette porte. D'agir en petite rebelle.

Je sais que Julien n'aurait jamais dû me voir discuter de la sorte avec Thomas. Je suis persuadé qu'il s'est mis en tête qu'il n'avait plus aucune chance avec moi. Mais Thomas doit payer et doit surtout sortir de ma vie. Alors rattrapé le coup je suis prête à sortir en douce malgré mon interdiction formelle de mettre un pied dehors pendant deux semaines.

La dernière fois nous avions convenus avec Julien de nous retrouver par hasard au parc. Un rendez-vous officiel m'aurait fait stresser mais la situation, le faire de désobéir aux règles me fait suffisamment paniquer pour en oublier que je m'apprête à retrouver Julien.

Durant le trajet je ne cesse de jeter quelques coups d'œil par dessus mon épaule de peur que maman débarque par surprise. Je surveille aussi mon téléphone et répète en boucle dans ma tête quelques mensonges que je pourrais lui dire pour me couvrir.

Une fois les portes du parc franchit je sens mon stress faiblir. J'ai comme l'impression d'être en sécurité dans ce lieu. Maman ne peut pas s'y rentre en plein milieu de sa journée de travail. Seul Ricki et Raoul pourrait se cacher dans les buissons pour essayer de m'espionner.

Je ne vois pas de grand blond dans les parages alors je décide de continuer à marcher. Une petite promenade de santé n'a jamais fait de mal à personne. Le parc est d'une taille suffisante. Disons pas trop grand au point de s'y perdre, ni trop petit. Chacun à sa place, chacun son intimité dans un lieu ouvert aux yeux de tous. En ce jour de week-end les personnes âgées sont fidèles aux postes, assis sur leurs bancs, à lancer des miettes de pain aux canards accompagnés de leurs petits enfants jouant à les faire fuir.

"Quelle surprise de te rencontrer ici. Je ne savais pas que tu fréquentais ce parc." Me surprend soudain une voix masculine.

En me retournant je constate que Julien est bien au rendez-vous.

"Je n'étais pas sûr que tu viennes. Avouais-je. Après ce que tu as vu avec.

- Ce ne sont pas mes affaires. Je ne veux pas me battre contre lui. Si j'ai une chance avec toi alors je ne la laisserait pas filer. Me coupe-t-il.

- Tu as toutes tes chances." Souriais-je.

Il ne put cacher son enthousiasme. Ses yeux se mirent à briller. Et à mon tour je ne pus cacher ma joie.

"Je me rendais au skate park. Ca te dirait de te joindre à moi ? Proposa-t-il.

- Est-ce qu'il faut savoir faire du skate ? Demandais-je.

- Je t'apprendrais."

Sur le chemin jusqu'au skate park, aucun de nous deux n'ose prendre la parole. Nous marchons côte à côte, nos bras se frôlant, nos sourires figés sur nos lèvres. Nous jouons les timides. J'en oublie même maman, ma punition, le cas Thomas. Je veux profiter du moment. J'ai accepté de donner sa chance à Julien il faut maintenant que je tienne parole.

Au skate park, beaucoup de jeunes sont déjà là. Le bruit des roulettes sur le béton, celui des chutes, j'ai l'impression d'entrer dans un tout nouveau monde. Je ne suis jamais venue ici auparavant. Tout comme je ne me suis jamais intéressé aux skateurs et à Julien. Je regrette un peu de ne pas lui avoir porté plus d'attention plus tôt.