26. couper, oublier et avancer

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Jimin se tenait fixe, face à un miroir brisé et crade de la clinique. Il observait son reflet, la façon dont ses cheveux étaient plaqués sur son crâne en queue de cheval et celle qu'avaient quelques mèches rebelles qui retombaient sur les bords de son visage. Il avait passé la journée dans son coin, à ressasser les paroles de Namjoon, encore et encore, sans parvenir à pleurer mais se sentant plus pitoyable que jamais. Le soleil était maintenant en train de se coucher, rouge derrière des nuages sombres. Pourtant il n'avait pas allumé la lumière. Cette atmosphère dramatique lui convenait, quitte à être misérable, il voulait le ressentir jusqu'au plus profond de lui.

Il se redressa, soupira, puis, lentement, tira l'élastique qui retenait ses cheveux. Ils retombèrent sur ses épaules en une vague incertaine. Ils avaient si bien poussés en deux ans, depuis qu'il avait quitté Busan pour vivre sa vie, et la liberté, à la Capitale. Eux aussi, ils étaient à ses yeux synonyme de liberté. Mais plus maintenant. Non, ils n'avaient finalement été qu'un outil de tromperie à son insu. Comment pouvait-il encore les apprécier?

Il attrapa d'un geste sec la paire de ciseau posée sur le bord de la vasque et coupa à la base de sa nuque. Les mèches tombaient sur le sol, une à une, sans jamais s'arrêter.
C'était moche, ça ne ressemblait à rien, mais il s'en foutait. Il voulait simplement s'en débarrasser pour arrêter de les détester. Alors il coupait, encore et encore, jusqu'à ce que tout soit au même niveau, à mi-oreille.

C'est avec un dernier soupir qu'il reposa la paire sur le bord du meuble. Il ne se reconnaissait déjà plus, et il était l'heure de monter sur le toit de l'immeuble profiter d'une cigarette, et tant pis si son odeur lui rappelait le plus jeune.

Pourtant à peine quatre portes franchies et deux couloirs empruntés, qu'il faillit renversé une silhouette familière à l'angle de l'un d'eux.

"Oulah, fais attention, c'est-..! Oh. Qu'est-ce que c'est que ça ?", fit le médecin en pointant très clairement sa nouvelle coupe de cheveux du doigt.
"... J'avais besoin de changement.... On va dire...
— ... J'imagine que oui. Je comprends.", finit-il par articuler avec douceur, lui souriant avec une bienveillance que Jimin n'attendait pas venant de lui. "Tu devrais demander à quelqu'un de t'aider pour... les finitions. Jin vient d'une famille nombreuse, je suis sûr qu'il a déjà dû s'entraîner sur ses-
— Pas Jin.", trancha-t-il. "Mais... Si toi tu veux bien tenter..."

[...]

Jimin flânait dans un magasin. Son boulot du jour était garde du corps... De Taehyung. Celui-ci s'était mis dans l'idée de trouver un appareil photo pour immortaliser les paysages désertés, les zombies, et Namjoon, travaillant dans son laboratoire.

"C'est important qu'il reste un témoignage photos, pour les prochains livres d'histoire." C'était ce qu'il lui avait dit pour le convaincre de l'accompagner. Et autant, Jin et Namjoon s'étaient montrés enthousiastes à cette idée, autant Jimin s'en foutait totalement. L'humanité était assez bête pour ne pas savoir conserver le dur labeur de Taehyung jusqu'au jour où elle serait suffisamment remise pour rééditer des livres de ce genre... Si bien sûr elle parvenait à revenir à la "normale".

Y avait-il encore assez de femmes et d'enfants vivants ? Il en avait bien croisé, au début, avant qu'ils ne se fassent tuer, par sa faute ou non. Et des femmes... Il avait l'impression que les Purgateurs et leur morale sexiste leur voulait du mal. Quoi qu'il en restait dans la Bourgade sectaire où il avait été enfermé...

Ses pensées, tout comme lui, vagabondaient allègrement, et il passa machinalement sa main dans sa nuque, ressentant l'étrange sensation de cheveux courts, avant que ceux du dessus ne les rejoignent sur plus de longueur. Il planait, jusqu'à ce qu'un bruit à l'entrée du magasin ne le fasse sursauter et poser sa main sur le manche de la naginata accroché à son dos. Puis il grogna.

anti-afterlife | jinminkookWhere stories live. Discover now