31. Par les flammes.

303 45 27
                                    

Jimin avait été réveillé au lever du soleil par le son de tires. Alarmé, il était sorti en trombe pour tomber sur Manhee qui baillait gaillardement dans le salon. L'homme le salua, ignorant visiblement la découverte de ses deux colocataires, et peu affolé par le bruit. Au contraire, il sourit, amusé devant la réaction du plus jeune.

"Je vois que nos deux autres amis ne t'ont pas mis au jus concernant les exercices matinaux. J'imagine que vous aviez d'autres choses à faire?", fit-il en désignant du menton les vestiges de la veille, en vrac sur la vieille table basse.

"Je crois bien.", répondit Jimin en se relaxant, s'approchant des fenêtres pour tenter de voir ce qui se tramait.
"Tu ne verras rien d'ici. C'est de l'autre côté du mur.
— C'est-à-dire ? Qu'est-ce qu'ils font ?
— Tous les matins ils font le ménage des zombies qui se sont agglutinés durant la nuit. Dès que le soleil se lève, comme ça ceux attirés par le bruit des tires arrivent tranquillement durant la journée. C'est plus pratique de gérer ça quand il fait jour, hein?
— J'imagine, oui...
— On a le pouvoir de repousser de grands nombres, alors on espère débarrasser Busan et ses environs sur le long terme en les attirant ici."

Jimin réfléchissait. Nul doute qu'avec leur nombre et leur armement, faire du bruit n'était pas un problème du moment que les zombies voyageaient chacun à leur rythme pour rejoindre le mur. Néanmoins une question le turlupinait.

"Tu vas sûrement me trouver un peu défaitiste mais... Est-ce que vous avez des réserves de munitions infinies ou un cheat code comme dans les jeux vidéos?"

Le soldat rit alors doucement et s'affala un peu plus dans le canapé.

"Je vois où tu veux en venir, et j'imagine qu'il est inutile que je te réponde sérieusement à ta question mais... L'Amiral estime qu'on peut tenir encore 2 ans à ce rythme. On a l'avantage d'avoir pu récupérer tout ce qu'il y avait sur la flotte.
— Alors ce n'est pas qu'ils espèrent que la zone soit purgée d'ici là, c'est que c'est vital qu'elle le soit...
— On dirait que tu es intelligent, finalement...
— Finalement ? J'ai une tête d'idiot du village ou un truc du genre?", s'amusa Jimin en ignorant maintenant le bruit pour rôder dans la cuisine à la recherche de quoi que ce soit qu'il pourrait boire.
"C'est pas ce que j'ai voulu dire mais... Tu as le physique de quelqu'un qui a seulement besoin de son visage pour réussir dans la vie.
— Qui peut réussir sa vie juste avec son visage...", bredouilla Jimin à voix basse, non sans être vexé.

L'autre se contenta de rire doucement.
"Au fait, tu faisais quoi avant l'épidémie ?"

Jimin hésita. Hospitalisé pour tentative de suicide ? Non, ce n'était sûrement pas ça que le militaire souhaitait entendre.

"Plein de choses. Des petits boulots, juste de quoi vivre et s'amuser... Caissier, livreur, barman..."

Sûrement n'était-ce pas non plus ce que Manhee voulait entendre, car celui-ci se contenta d'un "hmm" avant de se claquer les cuisses et se lever.

"Bref, je vais aller me reposer. La surveillance du mur durant la nuit est éreintant ! Bye, Jimin."

Et alors que le soldat avait disparu dans sa chambre, Jimin abandonna sa recherche. Cette cuisine était incroyablement vide... Il avait beau ouvrir le robinet, encore et encore, rien n'en sortait. Pourtant sa tête le faisait souffrir, et sans un bon verre d'eau, il doutait qu'elle ne le laisse tranquille.

Il enfila sa veste et sortit de l'appartement dont la porte d'entrée n'était pas verrouillée. Bien vite, ses pas le guidèrent vers la cantine que plus aucune des effluves festives de la veille n'habitait. Il y avait des soldats aux mines fatiguées, assis sur les tables, prenant en café ou de l'eau en grelottant. Probablement qu'eux aussi étaient de ceux qui avaient surveillé le mur cette nuit. Jimin s'avança vers un homme derrière le comptoir où il n'y avait plus aucune queue.

anti-afterlife | jinminkookWhere stories live. Discover now