c'est toi

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Il fait froid dehors. Es-tu ce vent glacial qui emporte mes mots? Tu ne sais pas ce que ça fait de ne pas dormir ; moi je sais ce que ça fait de rêver de toi. Il y a un chat dehors qui est roux et blanc et qui me regarde. Il est dans l'ombre de la nuit comme un voile qui pleure. Il y a tout dehors qui me rappelle toi alors je contemple quand même la nuit. Il fait froid. Est-ce que c'est toi? Cette lueur floue ou ce vent qui emporte mes cheveux malgré la pince qui les retient. Cette noirceur qui luit partout quand je m'assied. Le regard éblouissant du chat assis qui ne fait pas de bruit. Mes mains qui tremblent dans le mouvant d'une pensée de toi... De toi... Tu sais le vent - il me rappelle aussi ton souffle dans mon cou. Le mien est tout endolori. Peut-être préfères-tu les rimes? Oh je sais que tu écris. Il fait très froid dehors mais je reste. J'entends les paresses qui dorment et tous les arbres qui sommeillent. Ils ne te ressemblent pas. Tu sais le ciel est rempli d'ombres qui ne savent pas tes yeux. La porte de l'oubli est fermée ce soir et il est presque minuit. Une heure - je ne peux pas dormir. C'est comme un interdit qui geint quand je le touche. La caresse du chat qui me fuit et m'observe. On dit que la poésie réside dans les mots - je n'y crois pas ce soir. Ce soir c'est toi la poésie. Pardonne mes mots qui se tuent et mon âme farouche et fuyante qui résiste à la nuit solitaire et malade. Pourtant il y a la fumée d'une poète qui feint d'exister. Tu sais, les ombres aussi peuvent être dorlotées. On m'a dit qu'il faut adorer le silence. Peut-être si j'aime tant écrire sur toi c'est parce que tu es une poésie de silences. Je dis silences avec un S car je te pense au pluriel. Tu es tellement de choses. Une humeur qui se noie dans l'inaccessible. Il arrive que la nuit soit la seule amie de mon corps. J'aime tant regarder les instants qui m'éloignent de toi. Il n'y a pas de présent que l'instant qui est déjà passé. Passé... Puisses-tu le trouver. C'est comme une statue qu'on essaye de peindre mais qui bouge dans ma mémoire. Ah tu sais que j'écris... Et tu as lu mes vers. Tu avais dit des jolis mots dont je n'arrive pas à me rappeler. C'est toi comme un dimanche ou comme un jeudi matin dans les yeux du crépuscule. Jeudi qui passe et qui attend. Jeudi qui part dans le vent de la nuit, jeudi comme une cendre qui s'envole quand le bois a brulé. Jeudi dans le passé éternellement ; jeudi qui passe et qui attend. Il n'y a pas de poésie ici je crois qu'il y en a une. Quand je vois la nuit depuis ma fenêtre courbée je vois jeudi. Ce soir tu sais mes yeux sont fatigués de ne pas dormir. Un interdit me dit de ne pas t'oublier. Tu ne m'écris jamais, je ne suis pas jalouse, c'est étrange. Parle-moi juste une fois de toi ou bien des autres choses ; c'est la même chose. Et les mots qui sont sortis de ta bouche comme des bateaux remplis d'argent sont toujours dans le port de mon oubli. Tu sais, je n'oublie pas ton corps qui m'agrippe comme un rayon du soleil en été. Je n'aime pas l'hiver car c'est toi que je vois. Le soleil est tout noir quand je le regarde sans toi pour me dire qu'il est beau. C'est toi qui éclaire le jour quand il fait froid et chaud. C'est toi le vent acide et brulant qui camoufle la chaleur avec son souffle haletant et torride.

21/02

poésies étoufféesWhere stories live. Discover now