j'écris

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J'écris, or noir du soir, ô fleuve du temps, j'écris, je me consume, je ne vois pas pourtant les lumières qui s'éteignent jusque dans ma poitrine, j'écris le doux malheur et la peine invisible. J'écris le désespoir et les flammes champêtres qui s'allument et se noient dans le destin inerte, j'écris les souvenirs dans leur robe déchue j'écris tout l'avenir que j'avais entendu. J'écris le doux silence macabre et délicieux qui tournoie dans les cieux des nuages pluvieux. J'écris les couleurs pâles sur les yeux des passants et l'ombre infernale affichée sur les bancs, j'écris le froid natal au soleil triomphant et les lueurs banales qui s'effacent en dansant. J'écris que je meurs sans pouvoir pourtant affirmer le malheur ou le bonheur passant. Je marche sous les eaux qui courent à l'horizon et le flou qui m'accable avec la trahison. Je versifie mes pleurs et je parle de toi, je me jette dans ce coeur qui ne veut pas de moi. J'écris les âmes brèves qui succèdent les danses et les traces de pas sur le sable d'errance, j'écris amour candeur j'écris mélancolie. Tu danses dans ma tête comme dans mon regard, tu cries et tu attends ; tu oublies tous tes rêves. Ces rêves qui s'échappent quand je rouvre les yeux, ces rêves qui m'attrapent pour que je les écrive. Pourquoi la rêverie s'arrête-t-elle si soudainement quand j'entends ton regard et que je vois tes mots ?Poésie? Es-tu toujours amie avec les indolences et les larmes des arbres ? Malheur, veux-tu toujours de moi quand tu me regardes sourire aux étoiles et à l'ombre ? J'écris, j'écris, pourquoi ? L'écume lasse et blanche ruisselante et sincère ne sait même plus nager dans l'océan des vers. Elle flotte dans mon âme comme les paroles d'oubli qui effritent le drame. Amour, Inspiration, Muse! Veux-tu toujours subir les lectures qui s'usent ? J'écris en te pensant mais je pleure pour toi car c'est en t'absentant que je sais que tu es là. J'écris tous les remords et les mots de travers, j'écris tous les cauchemars qui flottent dans les airs, j'écris le triomphe gris des limbes sur l'enfer et j'écris tes histoires pour pouvoir les refaire. J'écris tous ces moments, les étreintes serrées, les baisers larmoyants, les complaintes chantées. Je ne regarde ni le soleil qui se couche ou se lève mais le ciel, qui toujours noble et fier murmure sur ma bouche des chansons mortifères. J'écris pour tous ces sons qui émanent de toi malgré le grand silence qui règne dans tes bras. J'écris les sensations colorées, les odeurs, j'écris les amertumes et je compte les heures. Pluie, neige, entends-tu les parfums que tu fais voltiger ? Entendez-vous le bleu, entendez-vous le blanc ? Voyez-vous les parfums qui émanent des vents ? C'est dans cette langueur et dans cette folie que j'écris pour le soir et la mélancolie. J'écris la nuit dans sa splendeur. J'écris la lune dans sa rondeur. Je t'écris toi, j'écris ton corps, j'écris tes yeux bruns qui m'ignorent. J'écris les « je t'aime » effacés, j'écris les fleurs qui ont fanés. Je sens tes mots dans mon ardeur, je sens ta main contre mon coeur, et ton ombre discontinue qui toujours me suit dans la rue. Pourquoi dois-je être, pourquoi pleurer, quand poésie peut demeurer ? J'écris adieu sans repartir, je dis à nuit de revenir et de penser pour moi ce soir, j'écris l'espoir de te revoir.

20/09/2020

poésies étoufféesWhere stories live. Discover now