Chapitre premier

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Six heures. J'éteins mon réveil qui fait un vacarme monstre dans ma petite chambre. Je me redresse, m'étirant avant de sortir du lit et d'aller à la cuisine. Je place dans le grille pain deux toasts, puis me serre un café. Je sors du réfrigérateur le pot de confiture à la fraise. Je récupère mes toasts que je garnie de confiture. Je les dévore en quelques minutes avec mon café que je mets à laver dans le lave-vaisselle. Ensuite, je vais chercher dans ma penderie une jupe marron m'arrivant au-dessus de la cheville, ainsi qu'une chemise crème. Je me dirige dans ma salle de bains, et voyant qu'il est déjà six heures et demi, je m'empresse de rentrer sous la douche. Après une dizaine de minutes, j'en sors. Je m'habille, me coiffe d'un chignon bas strict, et maquille quelque peu mes yeux d'un fard marron clair et de mascara. Je sors de la pièce et vais récupérer dans ma chambre à coucher mon sac à main, des escarpins crèmes que je chausse, ainsi qu'une veste de tailleur. En sortant de l'appartement, que je loue depuis quatre mois -c'est-à-dire depuis mon arrivée dans cette ville-, je verrouille la porte. Je sors par la suite du bâtiment. Une centaine de mètres plus loin, je monte dans la voiture qui m'attend au même endroit depuis presque trois mois. Je salue le chauffeur, qui se prénomme Karl. Il démarra, direction la demeure des Robertson.

Le portail de la grande villa s'ouvre, et la voiture continue son chemin sur l'allée du domaine. Karl arrête le véhicule devant les quelques marches de l'entrée. Je le remercie et sors de l'habitacle. Comme chaque matin depuis trois mois je monte c'est quelques marches et actionne la sonnette. La gouvernante, Danielle, m'ouvre avec un grand sourire. Elle me fait entrer, prenant mon sac à main et ma veste. Je la remercie poliment. Il est exactement sept heures: l'heure de réveiller, pour moi, les enfants. Je monte à l'étage, empruntant le double escalier qui fait face à l'entrée. Je longe le couloir de droite jusqu'à la deuxième porte. Je l'ouvre afin de m'aventurer dans la chambre aux murs roses. Je regarde la dernière de la famille dormir paisiblement, éclairée par la faible luminosité qui filtre à travers les fins rideaux de la chambre. C'est avec un pincement au coeurs que je me penche en chuchotant à la petite blonde de se lever. Elle se redresse tout en se frottant les yeux. Je vais ouvrir tout de suite les rideaux, et me retourne. Je m'approche d'elle doucement et m'assois sur le bord de son lit, la détaillant du regard. Ses cheveux blonds extrêmement longs encadrent parfaitement son doux visage rosé dont les yeux bleus rehaussent la pureté de son âme. Elle me sourit, complètement réveillée.

"As-tu bien dormi, Elisabeth?
-Oui! J'ai fait un rêve où il y avait des licornes!
-C'est vrai? Tu me raconteras cela en bas, on va aller réveiller Bradley. Viens avec moi."

Je me lève, la fillette de six ans sur les talons. Nous sortons de sa chambre et rejoignons celle juste à côté. En ouvrant la porte, je suis surprise de voir les rideaux déjà tirés et le petit Bradley assit sur son lit, réveillé. Il tourne la tête vers nous et se lève en nous voyant. Il vient vers nous, et embrasse tout d'abord la joue de sa petite soeur. Je me penche ensuite, après sa demande, et il m'embrasse la joue aussi.

"Bonjour madame Bridgerton.
-Bonjour à toi aussi Bradley. As-tu bien dormi?
-Très bien. Et vous?
-Bien, je te remercie."

J'attrape la main de chacun d'entre eux, et nous descendons à la cuisine. Bradley s'installe sur une chaise haute autour de l'îlot centrale, alors que j'installe Elisabeth sur une autre. Danielle dépose devant chacun d'eux une assiette de pancakes. Je m'occupe de faire en sorte qu'Elisabeth ne salisse pas toute la cuisine, alors que Bradley, du haut de ses douze ans, s'occupe parfaitement de lui-même. En entendant des pas arriver, je tourne la tête vers l'entrée de la cuisine. Quelques secondes plus tard, la tête brune de Barthélémy, l'aîné de la fratrie, rentre dans la pièce. Il croise mon regard et se dirige ensuite vers le réfrigérateur, sous les plaintes de Danielle qui ne cesse de lui répéter qu'elle peut lui préparer elle-même son petit-déjeuner. Il ouvre la porte, puis la referme dans un soupire. Il tourne les yeux vers son frère et sa soeur, et un sourire malicieux naît sur ses lèvres. Il s'approche de son frère à pas de loup. Sans prévenir, il lui prend sa fourchette et avale une grosse bouchée du repas de son petit frère. Ce dernier proteste, commençant à s'énerver, alors que Barthélémy sort de la pièce.

"Barthélémy! Que viens-tu de faire? Excuse toi un minimum auprès de ton frère.

Le jeune homme de seize ans revient sur ses pas et regarde son frère qui est rouge de colère.

-Pardon Brad', mais c'était si bon!
-Barthélémy... Sais-tu que le petit-déjeuner est...
-Le repas le plus important de la journée, je sais.
-Alors prends le.
-Je suis navré madame Bridgerton, mais je n'ai pas faim.
-Ta mère me tuera...
-Sûrement.
-Nous partons dans une demi-heure, sois prêt jeune homme!
-Oui capitaine Bridgerton!

Je le regarde sortir de la pièce, sourire aux lèvres, balançant la tête de gauche à droite, épuisée de cet enfant infernal. Je me tourne vers Bradley qui n'a toujours pas décolèré de ce volage de nourriture.

-Bradley! Cesse immédiatement cette colère. C'était pour rire.
-Mais...
-Tu ne réponds pas. As-tu fini ton petit-déjeuner?
-Oui.
-Alors monte t'habiller. Et n'oublie de brosser tes dents.
-Oui, madame."

Je l'observe quitter la cuisine, la tête baissée. Je dois avouer que je n'aime pas vraiment hausser le ton sur les enfants, mais cela fait parti du métier, et de l'éducation. Il faut qu'il sache qui a l'autorité, et malheureusement pour lui, c'est moi. Mais le voir ainsi me fend le coeur. Barthélémy me fait vraiment voir de toutes les couleurs à ce pauvre Bradley. C'est pour cela que je me suis toujours, auparavant, occupée d'enfant unique, afin d'éviter le sentiment de différence et de favoritisme entre eux.

Les coeurs qui s'aiment s'entendent à demi-motOù les histoires vivent. Découvrez maintenant