Chapitre sept

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Enfin samedi! J'ai attendu ce jours tout le long de cette interminable semaine. J'étais soulagée hier soir de partir de cette maison, même si j'ai -en quelque sorte- appris à mieux connaître Aaron Robertson. C'est un bouquin à la main que je lis depuis une heure sur le minuscule balcon de mon appartement. D'ici, la vue de la ville est assez jolie, surtout pour un mois d'avril. Je soupire lorsque j'entends mon téléphone fixe sonner. Je ferme mon livre et le pose sur le fauteuil dans lequel j'étais, puis je rejoins le séjour. Je décroche, une pointe de peur dans le ventre, priant pour que ce ne soit pas les Robertson.

"Allô?
-Vic'! Comment vas-tu?

Je soupire de soulagement en reconnaissant la voix d'un de mes plus cher ami: Stephen.

-Je vais bien, et toi?
-Très bien! Ce soir, on sort.
-Je ne sais pas si...
-Oh que si tu viens! Ça fait je ne sais combien de temps que l'on ne t'as pas vu, alors tu viens! Ne m'oblige pas à venir te chercher.
-D'accord, d'accord. Je viens...
-Super! Vingt heures en bas de chez toi.
-Je serai prête.
-Tu vas voir, on va bien s'amuser!
-Je n'en doute pas..."

Je soupire d'agacement lorsque je me rends compte qu'il avait déjà accroché alors que je parlais. Je me demande parfois pourquoi j'ai décidé de rester ami avec eux après le lycée. Certes nous formions le meilleur quatuor -Stephen, Samy, Arthur et moi- au lycée, mais le fait que j'ai déménagé dans une ville à quelques minutes de là où nous nous sommes connus, à fait que nous nous sommes éloignés, enfin surtout moi. Heureusement pour moi, ils ne m'en tiennent pas rigueur et cherche souvent à me voir. À dire vrai, ils viennent tous les week-ends ici pour sortir. C'est vrai qu'il a beaucoup plus de choses à faire ici, qu'à notre ville d'enfance. Je regarde l'heure, afin de savoir pour dans combien de temps je dois être prête. Dix-neuf heures trente... Il est dix-neuf heures trente... Et il me prévient qu'une demi-heure avant! Je n'y crois pas! Je vais récupérer mon livre sur le balcon et le dépose sur la table du salon. Je rejoins par la suite ma penderie pour prendre un jean délavé et un tee-shirt ample. Je pars ensuite me doucher rapidement. Je m'habille, et me maquille très légèrement. Je me confectionne une queue-de-cheval avec rapidité. Je vais ensuite me chausser et prendre une veste dans mon placard. Mon petit sac à main prit, je sors de mon appartement et descends pour attendre mes amis. C'est au bout d'une dizaine de minutes qu'ils arrivent, avec la voiture verte pomme de Samy. La musique qui résonne dans l'habitacle m'aiguille sur leur état d'esprit: ils sont prêts à faire la fête. Je monte à l'arrière du véhicule, tandis que mes amis hurlent de joie, heureux de me retrouver.

Nous arrivons devant un petit bar du centre ville, sachant pertinemment ce que nous allons consommer d'avance. Stephen et Victor commencerons par de simples bières pour finir sur des whiskys au coca. Quand à Samy, elle ne prendra que des cocktails. Puis, moi, seulement un verre de vin rose. Nous entrons dans le bar, où l'ambiance bat déjà son plein. Nous allons nous asseoir autour du comptoir. Je remarque aussitôt la piste de danse, sachant que je ne vais pas tarder à y emmener Samy. Arthur prend commande.

"Alors, qu'avez-vous de nouveau à me dire?
-Malheureusement, pas grand chose, me réponds Stephen. Le boulot au café, ma soeur à l'université, mes parents en Europe. La routine quoi.
-Pareille pour moi, enchéri Arthur. Le cabinet, les malades.
-Et toi, Samy? La routine aussi? La boutique, les vêtements?

Elle nous regarde avec une lueur de tristesse dans le regard, ce qui m'interpelle et m'inquiète.

-Conor et moi c'est fini...
-Quoi? s'exclame Arthur.
-Ce n'est pas possible...
-C'est la vie. On ne s'entendait plus réellement.
-Mais vous semblez si heureux.
-Comme vous le dites, la routine. Après cinq ans, on se lasse si on ne fait rien. C'est ce qui est arrivé. Mais ce n'est pas grave, ne vous en faites pas.
-Et c'est arrivé quand?
-Il y a trois jours...
-Raconte nous! s'impatiente Arthur.
-Il est venu me voir à la boutique, il m'a dit qu'on devait parlé. C'est en tout cas ce que lui a fait. Je n'ai rien compris à ce qu'il m'arrivait. Il m'a dit:"je suis là pour toi si tu en as besoin, mais on ne peut plus continuer comme ça. Il vaut mieux que l'on se sépare".
-Quel enfoiré! En tout cas, tu en as du courage, à ta place je serais dans mon canapé avec un pot de glace.
-Mais ça, Vic', c'est parce que tu es une grande sensible, se moque Stephen.
-Et je m'aime comme je suis!
-Et toi? Le travail? me questionne Arthur.
-Tout allait très bien.
-Pourquoi "allait"? demande Samy.
-Le frère de mon employeur, l'oncle des enfants, donc, est apparu comme par enchantement et ne cesse de me faire des remarques ou des critiques.
-Ça, c'est le caractère des gens âgés, ricane Stephen.
-Alors, déjà, mon employeur n'est pas si vieux que ça, et ensuite, son frère n'a que vingt-neuf ans.
-Sérieusement?
-Oui, oui.
-Et il est si horrible que ça? s'inquiète Arthur.
-Il cherche réellement à me faire sortir de mes gongs. Je vous assure. Il est arrogant, hautain et vif dans ses propos.
-Et physiquement? s'intéresse Samy.
-Toujours en costume. Très classe et viril. Mais mentalement...
-Peut-être qu'il est méfiant.
-Enfin! Je ne lui dois rien, je suis juste là pour les enfants.
-Je parie qu'il doit être un grand sensible.
-Ne sois pas si sûre de toi, Samy. Bon, on va danser?
-Je te suis!"

C'est avec enthousiasme que je me lève en compagnie de mon amie d'enfance. Nous nous précipitons presque sur la piste de danse. Nous dansons ensemble, libérant, pour ma part la colère accumulée tout le long de la semaine, et pour sa part, la peine et la haine de sa récente rupture. Nous avons besoin de nous défouler et de sortir tout ce qui se trouve en nous. Même si je pense qu'une partie reste quand même cachée dans le plus profond de notre âme.

Les coeurs qui s'aiment s'entendent à demi-motOù les histoires vivent. Découvrez maintenant