Chapitre 5

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Lundi 11 mai

     J'ai été profondément choqué par ce qu'Elisabeth m'a raconté au dîner. Ce matin, au travail, elle devait déballer des cartons contenant de la nourriture et la ranger dans les rayons du magasin. Quelques heures après qu'elle ait commencé, le directeur du magasin est arrivé et a demandé à Elisabeth si elle était juive. Lorsqu'il a eu la réponse à sa question, il a écarquillé les yeux et lui a dit de ne plus toucher les paquets qu'elle était en train de classer, pour une raison simple : aucun juif n'est autorisé à toucher de la nourriture et des aliments de production allemande, par ordre du Führer. Ce que je craignais est bel et bien arrivé. Bientôt nous ne pourrons même plus sortir de chez nous.

Mercredi 13 mai

      Aujourd'hui, les rumeurs courent : tous les Juifs du 5ème arrondissement ont été arrêtés, emmenés, placés dans des camions et dépossédés de leurs biens. Les fourgons défilaient dans Paris et on n'entendait que le bruit de leurs moteurs.
Il faut que nous allions en zone libre. Nous ne pouvons pas continuer à vivre dans la terreur, l'humiliation et la fuite.

Vendredi 15 mai

     L'après-midi, en allant nous promener dans la rue avec les enfants, Elisabeth et moi avons voulu entrer dans un magasin. Sur les vitres nous avons été surpris de voir écrit « Anti-Juif » et sur la porte d'entrée « Accès interdit aux Juifs ». Samuel nous a demandé pourquoi nous n'avions pas le droit de rentrer, d'une voix tellement anxieuse que cela nous fit de la peine que nos enfants dussent endurer de pareilles humiliations. Je n'ai eu ni la force et ni la volonté de lui expliquer.

Vers la LibertéWhere stories live. Discover now