Partie 7 : La réincarnation.

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« N-Non... Non... Non ! »

Aurélien se redressa brusquement sur son lit en se réveillant de son cauchemar. Cauchemar... ou plutôt souvenir. Il essaya de réguler sa respiration erratique tant bien que mal avant de poser une main sur son cœur et de déglutir péniblement. Calme-toi, Aurél. C'est fini. C'était il y a longtemps. Ça ne peut plus t'arriver aujourd'hui, tu es en sécurité au 21ème siècle... Petit à petit son esprit se calma et son cœur en fit de même, repoussant au loin le souvenir qui lui était revenu en mémoire alors qu'il rêvait. Ça ne suffisait pas qu'il ait eu à le vivre, il avait aussi à revoir ce moment à chaque fois qu'il fermait les yeux. Comme tant d'autres. Ça lui arrivait plusieurs fois par mois ces cauchemars et il se maudissait de ne pas pouvoir juste mourir comme la totalité des gens pour faire taire son esprit coupable et en finir. Il savait que ça ne servirait à rien, il avait déjà essayé. La douleur et la culpabilité disparaissait un instant avant de revenir l'instant d'après lorsqu'il était aussitôt réincarné. Il pensait à cela lorsque la sonnerie de son téléphone portable lui parvint enfin aux oreilles et, en se tournant vers ce dernier, il comprit que c'était en grande partie grâce à ce dernier qu'il avait été tiré de son cauchemar. Il tendit la main en direction de sa table de chevet pour attraper son portable et fixa un instant le numéro inconnu qui était affiché comme appel entrant sur son écran avant de regarder l'heure. 21h15. Il ne s'était pas rendu compte qu'il était allé se coucher aussi tôt. Il décida de répondre à l'appel et quand il porta le téléphone à son oreille, le silence fut la seule chose qui lui répondit :

« A-Allô ? balbutia-t-il après avoir reniflé doucement pour s'arrêter de pleurer. Il y a quelqu'un ?

— Aurél ? C'est Guillaume. »

Son cœur rata un battement en entendant la voix chaude de Guillaume lui parvenir de l'autre côté du téléphone alors que ça faisait des jours qu'il n'avait plus eu de nouvelles de lui, après qu'il soit parti de chez lui en panique.

« G-Guillaume ? C'est toi ? Vraiment ? demanda-t-il d'une voix prise de sanglots. 

— Oui, c'est moi. J'ai beaucoup réfléchi depuis la dernière fois. Est-ce que je peux venir ? Où est-ce que c'est trop tard ? demanda-t-il avant de reprendre. Je veux dire... Trop tard dans la journée. Peut-être que tu t'apprêtais à aller te coucher...

— Non... Tu peux... Tu peux passer, dit-il alors que des larmes roulaient silencieusement sur ses joues, n'ayant aucune envie de se recoucher après le cauchemar qu'il venait de faire. S'il-te-plaît, viens...

— D'accord. J'arrive tout de suite. »

Guillaume raccrocha et il resta un moment immobile, à écouter les bips sonores qui indiquaient qu'il avait raccroché. Il ne lui avait même pas demandé comment il avait eu son numéro. Il ne pensait pas que celui-ci était sur le registre de son patron. Mais tout cela n'avait aucune importance. Guillaume était en chemin et ça, c'était ce qui était vraiment important.

***

Quand il vint lui ouvrir près de vingt minutes plus tard, il l'observa en silence un long moment les larmes aux yeux avant de sentir Guillaume l'attirer à lui de manière inattendue.

« Je suis désolé, lui dit ce dernier en remontant une main le long de sa nuque pour la glisser dans ses cheveux. J'ai complètement flippé la dernière fois. Tu n'y es pour rien.

— Au contraire... Tout est de ma faute, laissa-t-il échapper en se remettant à pleurer tandis que Guillaume le serrait fortement contre lui. Tout... Depuis le début. Je mérite amplement ce qu'il m'arrive.

— Comment tu peux dire des choses comme ça, dit alors Guillaume en se détachant doucement de lui pour lui faire face. Et surtout, comment tu peux y croire ? »

Aurélien regarda le plus grand à travers ses larmes et celui-ci porta une main à sa joue pour essuyer une de ses larmes de son index avant de venir entourer son visage de ses mains. Ces mains... qui avaient toujours été à la taille parfaite pour entourer son visage.

« J'ai fait des recherches comme tu me l'as demandé, dit alors Guillaume en se mettant à caresser ses joues de ses pouces avec douceur. Et si tu m'as dit la vérité... Je suis tellement désolé, Aurél. Tu ne mérites rien de ce qu'il t'est arrivé dans le passé.

— Tu ne peux pas... dire ça, répondit-il en sentant son cœur sauter dans sa poitrine en le sentant caresser avec douceur sa peau. Tu ne me... connais pas.

— Non, c'est vrai. Mais j'ai l'impression... que ça n'a pas toujours été le cas. Est-ce que je me trompe ? Toi... Tu me connais. Et ça ne sert à rien de nier, Aurél. Je sais au plus profond de moi que tu me connais. N'est-ce pas ? »

Il resta silencieux un long moment, se perdant dans les yeux clairs de Guillaume, avant de hocher la tête doucement. Il le vit pousser un petit soupire, comme s'il était soulagé qu'il lui confirme enfin qu'ils se connaissaient et Guillaume ferma un instant les yeux avant de plonger ces derniers de nouveau dans les siens.

« Dis-moi comment tu me connais, Aurél. S'il-te-plaît. »

Il n'arriva pas à trouver une raison assez suffisante pour continuer à lui mentir, se demandant ce qu'il pourrait leur arriver de pire que ce qu'il était déjà arrivé de toute façon, et il remonta ses mains pour venir entourer doucement les poignets de Guillaume de ses doigts, ses mains à lui entourant toujours son visage.

« Guillaume... Est-ce que tu crois à la réincarnation ? »

Fiction OrelxGringe - Mon ange gardien.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant