Partie 9 : Destin.

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« Aurél... entendit-il Guillaume lui murmurer à l'oreille près d'un quart d'heure plus tard alors que celui-ci le tenait toujours dans ses bras. Calme-toi... Tout va bien maintenant... Tu es en sécurité ici, hein ? Avec moi... »

Il se redressa lentement pour regarder le plus grand et renifla doucement, des larmes coulant toujours silencieusement sur ses joues.

« Je t'ai abandonné... dit-il d'une voix brisée, les larmes au bord des yeux, et Guillaume secoua la tête en venant essuyer une de ses larmes sur sa joue gauche.

— Non, Aurél... Ne dis pas ça...

— Si, dit-il précipitamment en lui lançant un regard implorant. Tu es mort par ma faute, parce qu'ils m'ont suivi jusqu'à toi, et ensuite, je t'ai abandonné à ton sort. J'aurai dû te chercher plus longtemps... Dans les Enfers... Je suis sûr... que c'est là que tu as passé les derniers milliers d'années...

— Pourquoi tu dis ça ? Pourquoi tu en es aussi sûr ? lui dit Guillaume en lui souriant doucement et en continuant de caresser sa joue avec tendresse.

— Parce que... Tu ne te souviens pas de moi. Et je pense... J'avais entendu parler de ça, un jour. Tu me l'avais raconté. Qu'il existe un moyen de torture qui fini par faire oublier à la personne torturée tout  ce pour quoi elle vivait. Tout ce qui comptait pour elle. Je suis sûr... que c'est ce qu'ils t'ont fait en bas, dit-il en écarquillant les yeux, terrorisé. Ils ont dû te briser à un point tel... que tu as préféré m'oublier pour que la douleur s'arrête. Et quand tu l'as enfin fait... quand tu as finalement cédé... ils ont dû te permettre de te réincarner en humain, comme moi. Mais sans tes souvenirs de ta vie passée. »

Guillaume le regardait d'un air soucieux, les yeux rivés sur son visage, et il se mit à sangloter de nouveau sous son regard :

« Je suis tellement désolé... Si on ne s'était jamais rencontrés... Si je n'avais pas cédé à tes avances ou encore... cédé a l'envie de te voir... Au besoin de savoir que tu ne m'en voulais pas, que tu comprenais pourquoi on ne pouvait plus se voir...

— Aurél, je t'en supplie... lui dit Guillaume en fermant les yeux et en posant son front sur le sien. Arrête. Tu n'as absolument rien à te faire pardonner. Tu ne m'as pas trahi. Tu ne pouvais pas savoir que tu étais suivi. Et tu m'as cherché longtemps, sans réussir à me trouver... Tu as parlé d'une centaine d'année... C'était suffisant. Et on ne sait pas. Peut-être que tu as raison. Sûrement même. Mais peut-être que comme toi je me suis réincarné encore et encore pendant des milliers d'années. Sans jamais me souvenir de mes anciennes vies. Je suis né orphelin dans cette vie, personne n'a jamais su qui étaient mes parents... Je pense... Que maintenant je sais la raison. »

Il esquissa un petit sourire hésitant en entendant Guillaume lui dire cela, encore une fois. Oui, il avait grandi sans famille. Sans personne qui l'aimait. Sans personne pour s'occuper de lui. Abandonné dans un de ces internats.

« J'étais censé veiller sur toi, murmura-t-il en se reculant doucement pour pouvoir regarder le plus grand.

— Et moi ? Tu ne penses pas que je m'étais promis d'en faire de même ? Mon ange... murmura Guillaume en venant embrasser sa tempe avec délicatesse.

— Justement... rétorqua-t-il alors que son cœur se mettait à battre plus rapidement sous le baiser de Guillaume. C'est moi... L'ange. Je m'étais promis d'agir comme un ange gardien, de toujours être là pour te protéger. De toi... Des autres...

— Et maintenant qu'on est humains, chuchota Guillaume en déposant un autre baiser sur sa tempe avec délicatesse, tu vas me laisser m'occuper de toi. C'est à mon tour de te protéger, Aurél. Enlève-toi cette idée de la tête. Tu n'as rien fait. Ce n'était pas de ta faute. Je ferai tout pour te protéger, mon ange. »

Il rit doucement à travers ses larmes au surnom affectueux malgré le fait qu'il n'était plus un ange désormais. Le plus grand le prit doucement dans ses bras et se laissa tomber en arrière sur le canapé, le serrant délicatement dans ses bras. Il se blottit de plus belle contre lui et se fondit dans sa chaleur, ne pouvant retenir ses larmes malgré le sourire qui faisait son apparition sur ses lèvres à cette sensation qu'il lui avait tant manqué. Dans ses bras, il se sentait tellement bien. En sécurité. Il s'y était toujours senti aussi bien et c'est cette sensation qu'il avait recherché pendant des milliers d'années avant d'abandonner. Et voilà qu'il la retrouvait. Qu'il le retrouvait.

« On a toujours été destinés à être ensemble et à se retrouver, mon ange. Tu sais comment je le sais ?

— Non... Dis-moi... dit-il dans un murmure alors qu'il commençait à s'endormir et il sentit Guillaume caresser ses cheveux, lui demandant silencieusement de le regarder.

— C'est tes yeux, sourit doucement le plus grand. J'ai toujours eu l'impression qu'il manquait quelque chose dans ma vie... Sans savoir ce que c'était. Et quand j'ai croisé ton regard... Même sans savoir qui tu étais, j'ai eu l'impression au plus profond de moi de te connaître. J'ai eu l'impression que j'avais enfin mis le doigt sur ce qui me manquait. Tu vois ? Au final... Ils n'auront pas réussi à nous séparer. Même en me forçant à t'oublier... Ton regard m'a ramené à la maison. Et c'est pour ça... que je sais qu'on est fait l'un pour l'autre. Parce que même après des milliers d'années, on a réussi à se retrouver et on est toujours autant amoureux l'un de l'autre. Voilà pourquoi. »

Aurélien regardait d'un air larmoyant le plus grand qui venait de lui faire cette déclaration et il lui sourit d'un air timide. Puis il se hissa légèrement sur ses avant-bras pour se rapprocher de lui et déposa un baiser sur ses lèvres. Guillaume se laissa faire et il sentit une douce chaleur les envelopper tous les deux, comme si cette dernière les entourait réellement. Quand il se recula, Guillaume avait un grand sourire sur les lèvres et celui-ci caressa sa joue avec douceur.

« Je t'aime Guillaume, dit-il en se rallongeant à ses côtés, la tête par-dessus son torse et il sentit Guillaume glisser ses doigts dans ses cheveux pour les caresser délicatement.

— Moi aussi mon ange. Ne doute jamais de ça. »

Un petit sourire s'inscrivit sur ses lèvres alors qu'il sombrait dans le sommeil et il se laissa bercer par les battements de cœur de Guillaume sous son oreille, apaisant le sien par la même occasion. Il n'avait jamais été plus heureux qu'à ce moment-là, dans les bras de son amant.

Fiction OrelxGringe - Mon ange gardien.Where stories live. Discover now