On the other side [Terminé]

Chapitre 39

Restant un instant immobile et muet, le silence résonnant cruellement autour de lui, Orez réfléchissait. Toujours une main posée sur celle de son ami évanoui, il observa aux alentours pour tenter de comprendre ce qu'il s'était passé. Le cœur tambourinant dans la poitrine, il se leva lentement, lâchant avec regret Leran. Mais sans cesser de scruter son visage anormalement pâle du regard. 

Malheureusement, aucun indice ne pouvait témoigner d'une cause potentielle de cet accident, sauf peut-être le verre que le roux avait récupéré avant de venir ici. Et sa respiration se faisait toujours si faible et irrégulière. Malgré l'angoisse qui le prenait, Orez souffla pour garder son calme.

Ce n'était pas le moment de paniquer, il le savait bien, cela ne ferait qu'empirer la situation déjà critique. La vie de son meilleur ami était en danger, et reposait en cet instant uniquement sur ses épaules. 

Calmant son souffle saccadé trahissant sa nervosité, il se tourna, avant de se mettre à courir en direction de la grande salle.

Dès qu'il arriva au beau milieu de tous les scientifiques, il fit tout son possible pour paraître le plus détendu possible, tentant de garder un certain détachement, du moins aux yeux des autres. Car il se doutait que la panique se lisait aisément dans ses yeux.

C'est pour cela qu'il s'empressa de chercher dans les salles une personne capable d'aider son ami. Il apercevait Deverell au loin, discutant toujours avec Lucina, qui peinait à garder la tête haute. Prévenir le gérant du mur aurait donc été une très mauvaise idée. En plus d'affoler la ministre, sa disparition soudaine pouvait propager la panique parmi tous les scientifiques encore présents. 

Ses yeux verts croisèrent ensuite ceux de la même teinte de son père. Celui-ci resta figé un instant avant de se tourner vers Elroy pour lui tendre une coupe de champagne en souriant. Si les souvenirs d'Orez étaient exacts, alors Silvius avait réalisé des études de médecine plusieurs années plus tôt, avant de se retrouver ici.

Son géniteur était donc en capacité d'aider son ami, mais le ferait-il réellement ? De plus, il préférait éviter de confier Leran à cet homme, lui qui savait ce qu'il pouvait faire.

Orez fit volte-face, avant d'apercevoir Cory au loin, aux côtés de Z. Et Kathrina, quelques mètres plus loin, se trouvait assise sur une petite chaise, seule, sirotant une boisson mordorée. Bien qu'il voyait à l'expression maussade de la blonde que le moment n'était assurément pas idéal pour venir l'aborder, il avait là une occasion qu'il se devait de saisir.

Aussi vite, il s'élança vers Kathrina, qui leva la tête vers lui en fronçant les sourcils suspicieusement lorsqu'il s'approcha. Comprenant qu'elle attendait des explications face à un tel empressement, Orez lui murmura, de manière à ce qu'elle soit la seule à entendre :

" Leran ne va pas bien.

- C'est à dire ? l'interrogea-t-elle, son attention s'étant immédiatement focalisée sur le nouvel arrivant. Que s'est-il passé ?

- Je l'ignore. Mais il a besoin d'aide, et vite. "

Si le regard de Kathrina était déjà assombri par les pensées qu'elle ruminait, ce qu'Orez venait de lui annoncer ne l'égaya pas plus, au contraire. Rapidement, elle se leva, et se dirigea vers Cory. L'adolescent aux cheveux sombres l'observa de loin attraper la manche de la chemise blanche qu'il avait vêtu, pour lui souffler quelques mots. Le jeune homme soupira en remettant ses lunettes sur son nez nerveusement. Mais Kathrina parvint à le faire céder, et ils s'élancèrent tous deux vers le petit salon dans lequel se trouvait Leran.

Prenant garde à ne pas trop se presser pour ne pas paraître plus suspect qu'il ne l'était déjà, Orez s'avança à leur suite, sous le regard de quelques scientifiques qui reprirent leurs discussions aussitôt qu'il fut parti.