Chapitre 16

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Les plages de Méthorès.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser d'une île classique, Méthorès ne possède uniquement que quelques plages sur ses extrémités. Et pour cause, ces rares plages de sable doré sont rapidement remplacées par d'immenses falaises de calcaire. Elles rendent par ailleurs difficile la navigation maritime, d'autant plus que leurs éboulements ont parsemé la mer de roches.

Alors, les habitants d'Oghetta profitent énormément des quelques plages de sable fin, souvent envahies lors des périodes de fortes chaleurs, à la grande joie des restaurateurs et hôteliers. De plus, beaucoup d'entre eux veulent partir à la recherche des Yaien, de rares petits coquillages pourpres, coquilles en spirales vides d'ancien mollusques du même nom. Selon une légende, en trouver un apporterait suffisamment de bonheur pour plusieurs centaines d'années, à condition de les remettre dans l'eau après les avoir trouvés. Un grand nombre de gens soupçonnent donc que cette légende fut propagée pour éviter la disparition totale de ses petites carapaces dans le milieu marin.

***

Une douce brise de début d'après-midi venait se frotter contre le visage baissé de Leran, assis sur un banc, les mains sur ses genoux tenant fermement son téléphone, pour guetter l'arrivée de sa nouvelle amie. Toute la matinée, il avait patiemment attendu cette sortie à la plage, d'autant plus qu'au fond de lui, il se sentait encore mal en repensant à la conversation qu'il avait tenue avec ses parents. Avant ce matin pour repartir en cours, il n'avait pas eu le courage de ressortir de sa chambre, tanière de son désespoir. Toujours obstiné à ne pas reparler à ses géniteurs, il avait rapidement pris de quoi manger, et était parti en vitesse en dehors de chez lui. Seul son père s'était risqué à lui reparler lors du déjeuner, et celui-ci n'avait guère reçu de réponse de sa part, sauf un vague remerciement pour sa cuisine. Leran s'en voulait de s'être emporté de la sorte, mais il ne saurais dire ce pourquoi il continuait à éviter ses parents. Serait-ce par colère, ou par honte par rapport à ses actes ? Néanmoins le jeune roux savait que cela ne servait à rien de ruminer sur ce qu'il s'était passé la veille. En relevant la tête, il soupira et passa sa main dans ses longs cheveux pour les repousser de devant ses yeux. Puis il épousseta en vitesse sa veste en tissu bleue qu'il avait posé sur le banc, avant de la remettre sur son débardeur blanc.

Commençant à croire que la brune avait décidé hâtivement de ne plus venir, il sentit soudainement son téléphone vibrer entre ses mains. Serena venait de le prévenir qu'elle arrivait, en s'excusant de ne toujours pas être là. Lire ce message le fit étrangement sourire, touché et amusé par l'empressement inutile de sa camarade. Rares étaient les fois où quelqu'un lui avait autant demandé pardon pour un retard... Sachant qu'il allait bientôt ne plus être seul, il se leva doucement du banc en béton bien peu confortable sur lequel il était logé. Sa nuit avait été longue : entre la chaleur pesante régnant dans sa chambre, en plus des tensions et de la lourde angoisse qu'il avait ressenti, il avait été difficile pour lui de trouver rapidement le sommeil. Une fois debout, il étira doucement et agréablement ses membres endoloris par la posture qu'il avait conservée trop longtemps afin de les réveiller. 

L'arrêt de bus auquel il devait rejoindre Serena ne se trouvant plus très loin, il commença sa marche vers celui-ci. Ses yeux s'étaient plissés lorsqu'il était passé de l'ombre à l'aveuglant soleil. Dans sa hâte pour partir de son domicile, il avait oublié de prendre des lunettes de soleil. Bien que cela aurait été agréable pour lui de les avoir, il était conscient qu'il pourrait s'en passer pour seulement un après-midi. A pas lent, il s'approchait de l'endroit voulu, perdu dans ses pensées. Il y fut brusquement tiré dans un sursaut, lorsqu'il sentit un doigt tapoter son dos. Par réflexe, il se retourna, essayant de masquer sa surprise pour opter pour l'impassibilité. Comme il s'y était attendu, c'était Serena, vêtue d'un t-shirt long bordeaux et d'un jean gris, arborant un large sourire amusé, alors il se détendit à nouveau. Ce fut la jeune femme qui débuta gaiement la conversation :

On the other side [Terminé]Where stories live. Discover now