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« 𝙹'𝚜𝚘𝚛𝚜 𝚍𝚎 𝙶𝙰̀𝚅, 𝚓'𝚛𝚎𝚏𝚊𝚒𝚜 𝚖𝚎𝚜 𝚕𝚊𝚌𝚎𝚝𝚜, 𝚓'𝚏𝚞𝚖𝚎 𝚞𝚗 𝚙𝚎𝚛𝚜 »



Le succès de Polak était au rendez-vous et Charlie était tellement fière de la réussite de son petit-ami. Les critiques étaient élogieuses, les félicitations sincères. Son entrée dans le rapgame ne pouvait pas mieux se dérouler. L'échauffement avec ses deux EP avait été bénéfique et portait ses fruits. Pour une fois, depuis bien longtemps, tout tournait rond dans la vie de Mathieu. Il avait travaillé d'arrache pied sur ce projet et la recette fonctionnait. Il était aussi soulagé d'un point de vue financier, les galères s'estompaient et grâce à son premier billet, il avait par exemple pu régler quelques déboires avec une société de crédits à la consommation. Quant à son équilibre sentimental, il l'avait retrouvé grâce à la présence de Charlie. Il avait beau jouer les caïd, il était complètement dingue de cette fille. Elle était l'amour de sa vie, aussi costaud soit-il, c'était indéniable. 

L'hiver approchait à grand pas, avec sa grisaille et son froid traversant, pourtant Mathieu et ses amis continuaient à se retrouver en bas de leurs immeubles, histoires de discuter, de se vanner, de fumer un peu. Il avait besoin de ça pour rester lui-même. Il avait confié cette crainte à Charlie une fois, "la peur de vriller à cause du bif". Alors, il répétait inlassablement ses habitudes. Trainer avec les mêmes gars jusqu'à pas d'heure, boire son café et acheter ses clopes dans le même bar, acheter ses grecs dans le même kébab, saluer les mêmes personnes de la mêmes manière. 

Une seule chose avait changé, l'argent de la musique lui avait permis de complètement arrêter de dealer. Il n'avait plus nécessité de vendre du shit pour participer aux frais de l'appartement. Après avoir longtemps manipuler de l'argent sale, il pouvait à présent se targuer de n'en palper que du propre. 

Charlotte aurait aimé partager cette soirée avec Mathieu, mais comme elle avait cours le lendemain matin, elle les avait quitté aux alentours de 22h30, à contre cœur. Elle s'était douchée et glissée entre les draps après avoir discuter quelques minutes avec Françoise dans la cuisine tout en grillant sa dernière clope de la journée. Elle se laissa aller doucement et à défaut d'avoir Mathieu à ses côtés, elle baignait dans son odeur laissée sur les draps. 

Le temps lui paru vraiment trop court, elle venait de se réveiller en sursaut avec cette sensation d'être dans du coton, son cerveau était encore trop ensommeillé pour comprendre la situation. La lumière de la chambre allumée sans préambule la tira violemment de son sommeil. Se redressant vivement, elle manqua même de se cogner dans le plafond, ses yeux tombèrent sur Jérôme à sa grande surprise. Le regard déterminé et la mine sérieuse, il s'avança près de la mezzanine.

- Math vient de se faire arrêter par les condés. Va te recoucher dans le salon si tu veux. Faut que je fasse le ménage, va y'avoir perquis, c'est sûr. Lui indiqua-t-il sombrement. 

Charlotte pensa être dans un cauchemar au départ, mais la sincérité de son beau-père finit de la convaincre de la réalité de ce qu'il venait de se passer. Alors c'était donc ça sa relation avec Mathieu? Une boucle qui ne cessait de se répéter? Qu'avait-il encore fait pour avoir les flics sur le dos? Charlie s'était fait une telle joie lorsqu'il lui avait annoncé qu'il arrêtait toutes ses conneries et qu'il laissait le deal aux autres. L'ascenseur émotionnel était dur à vivre à cet instant. Elle descendit de la mezzanine en petite culotte, Jérôme s'afférant déjà à vider le cendrier du bureau, et enfila un jogging trainant sur une chaise. Elle proféra tout un tas d'insultes à l'encontre de son petit-ami et les mises en garde de son propre père lui revinrent en mémoire : "C'est pas un garçon pour toi Charlotte, ce n'est qu'un petit voyou". De toute façon, il ne l'avait jamais apprécié, ni compris. Quelle connerie !

𝙼𝚒ł𝚘𝚜́𝚌́ | PLKDonde viven las historias. Descúbrelo ahora