𝙼𝚒ł𝚘𝚜́𝚌́ | PLK

𝔹𝕆ℕ𝕌𝕊 𝟙

« 𝙿𝚛𝚘𝚝𝚎́𝚐𝚎𝚣 𝚟𝚘𝚝𝚛𝚎 𝚖𝚎̀𝚛𝚎, 𝚗𝚎 𝚕'𝚒𝚗𝚜𝚞𝚕𝚝𝚎𝚣 𝚙𝚊𝚜, 𝚟𝚘𝚞𝚜 𝚊𝚞𝚛𝚎𝚣 𝚊̀ 𝚏𝚊𝚒𝚛𝚎 𝚊̀ 𝚖𝚘𝚒. 𝙹𝚎 𝚕'𝚊𝚒 𝚟𝚞 𝚟𝚘𝚞𝚜 𝚙𝚘𝚛𝚝𝚎𝚣 𝚙𝚎𝚗𝚍𝚊𝚗𝚝 𝚗𝚎𝚞𝚏 𝚖𝚘𝚒𝚜, 𝚖𝚎̂𝚖𝚎 𝚍𝚊𝚗𝚜 𝚕𝚊 𝚌𝚘𝚕𝚎̀𝚛𝚎 𝚗𝚎 𝚛𝚎́𝚙𝚘𝚗𝚍𝚎𝚣 𝚙𝚊𝚜. 𝙹𝚎 𝚕'𝚊𝚒 𝚟𝚞 𝚜𝚘𝚞𝚏𝚏𝚛𝚒𝚛, 𝚖𝚎 𝚝𝚎𝚗𝚒𝚛 𝚕𝚊 𝚖𝚊𝚒𝚗, 𝚛𝚎𝚝𝚛𝚘𝚞𝚟𝚎𝚛 𝚕𝚎 𝚜𝚘𝚞𝚛𝚒𝚛𝚎 𝚍𝚎𝚞𝚡 𝚖𝚒𝚗𝚞𝚝𝚎𝚜 𝚊𝚙𝚛𝚎̀𝚜. 𝙹'𝚎𝚗 𝚊𝚒 𝚙𝚕𝚎𝚞𝚛𝚎́ 𝚌𝚘𝚖𝚖𝚎 𝚞𝚗 𝚜𝚊𝚕𝚎 𝚐𝚊𝚖𝚒𝚗. »

Un peu plus de trois mois après la naissance de Nino, la famille avait emménagé dans la maison qu'ils avaient acquit. Ils s'étaient doucement habitué à ces grands volumes. Même Charlie, qui avait plus côtoyé la richesse que Mathieu, avait mis du temps à se faire à de tels espaces. Elle avait pris un plaisir fou à décorer chaque pièce, à investir chaque recoin. Mathieu avait eu raison de la faire craquer pour celle-ci.

Mathieu avait sorti un EP, collaboratif, au printemps qui fonctionnait. Il était ravi d'avoir innové, une fois de plus et continuait à travailler d'arrache-pied, comme à son habitude. Il était pressé de pouvoir le jouer sur scène, dès février 2024. Avant ça, il avait booké quelques dates dans des festivals français et même belges. Si bien qu'en cette journée de fête nationale 2023, il avait joué à Dour, commune du Pays Plat voisin. Pour profiter de sa - future- femme et de son fils, Mathieu avait pris la décision de découcher le moins possible. Mais les trois heures le séparant de sa famille avaient eu raison de lui, il dormirait à l'hôtel après le concert et prendrait la route dans la matinée. Avant de goûter à la paternité, il aurait trouvé très étrange de vouloir écourter au maximum ses absences au domicile familial, il aurait plutôt profité de pouvoir s'amuser avec ses potes. Mais maintenant, ça lui semblait très naturel. Et il le faisait avec envie. Il mourait d'envie de serrer sa femme contre lui et de sentir l'odeur de nourrisson de son fils. Il était devenu une vraie guimauve.

Charlie, quant à elle, avait profité de ce jour férié en tête à tête avec son enfant. Elle avait repris le travail environ trois mois auparavant et se sentait, de temps à autre, coupable de laisser Nino chez la nourrice. Elle se réjouissait et prenait son mal en patience, à l'automne, elle serait de nouveau en arrêt. Une merveilleuse surprise s'était imposée à eux, deux semaines plus tôt.

Début juillet, sur son lieu de travail, prise de violentes crampes abdominales, de vomissements et d'une perte d'appétit, à deux doigts du malaise, Charlie avait été aux urgences. Après quelques examens, la nouvelle était tombée, elle était de nouveau enceinte. Elle n'avait pas eu le temps d'appeler Mathieu qu'un brancardier était venu la chercher et qu'elle avait pris le chemin du pôle femme-enfant de l'hôpital Clamartois. Bâtiment où elle avait mis au monde Nino six mois plus tôt. Durant ce trajet, elle avait eu l'impression de flotter dans un moment hors du temps. Comme si elle n'avait pas compris les dires des soignants des urgences. Comme si être de nouveau enceinte avait été impossible. Puis une gynécologue s'était présentée et elles avaient un peu échangé, avant qu'elle ne propose de faire directement l'échographie de datation. Prise au dépourvu et désarçonnée, Charlie dut bafouiller quelque chose d'incompréhensible. Quelques minutes ensuite, un bébé déjà bien formé apparaissait à l'écran. Des bras, des jambes remuants. Une tête ronde. Un nouveau coup de massue venait de s'abattre sur la jeune femme. Elle était enceinte et pas depuis quelques jours...

- Je pense que vous en êtes à quatre mois, là. Avait dit la gynécologue, avec un sourire bienveillant. C'est déjà un joli petit garçon.