11. Hold on.

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Deux mois plus tard.

Je pris place comme demandé sur le fauteuil en cuir brun. La matière émit un léger bruit au contact de mon corps puis se tût. Je fixais mon reflet dans le miroir qui me faisait face. Cheveux rapidement attachés, des mèches s'échappant sauvagement de l'élastique, ma frange en bataille, le teint fatigué et des cernes d'un violet clair commençant à apparaître. Rien de bien glorieux. Heureusement, si j'étais assise là, c'était pour camoufler tout ça et me rendre sublime et éclatante aux yeux des gens. Une femme d'une trentaine d'année pénétra dans la pièce et s'empara d'une brosse avant d'attaquer sa mission : démêler ma crinière blonde tirant sur le brun. Elle me détailla quelques instants avant de débuter sa tâche. Des minutes passèrent dans le silence pendant qu'elle travaillait avant qu'elle prenne la parole.

- T'as l'air exténué ma pauvre !

- Je n'en ai pas que l'air, je le suis !

Je n'étais pas vexée par sa remarque, au contraire, j'aimais sa franchise. En arrivant dans le studio, beaucoup m'avaient dit que j'étais ravissante. Comme s'ils pensaient qu'en me mentant j'aurais l'air de dormir plus.

- Nuits blanches ? Stress trop important ? Travail trop conséquent ?

- Un peu des trois à vrai dire. Je n'ai pas fermé l'œil à cause de l'anxiété et je bosse pas mal en ce moment.

- En même temps, tu serais pas là si t'étais nulle ou que tu travaillais pas. A moins que tu te sois fait pistonner.

Je souris. Elle commençait vraiment à me plaire celle-là.

- Je travaille beaucoup mais je me suis en quelques sorte fait pistonner, on peut le dire.

- Papa a des connaissances dans le milieu et a placé sa fille chérie ?

Cette fois, j'éclatais franchement de rire. Sa franchise et son côté sans gêne auraient pût en dérouter certains mais moi ils me plaisaient bien.

- Non, mieux. Mon voisin, et meilleur ami, est une star internationale.

- Uuuuuh, balance des noms tout de suite. Je l'ai peut-être déjà préparé.

Pendant que nous parlions, elle avait réussi à rendre mes cheveux présentables et ils étaient maintenant attachés en queue de cheval haute, mais pas plaqué, ce qui me donnait un air naturel.

- Il m'a fait un coup de pub en plein talk-show, chez J-F. J'étais tellement surprise que j'ai fait un malaise et en m'emmenant à l'hôpital, ils m'ont découvert une malformation cardiaque, opérable,  pour une modique somme de six-milles dollars.

- Ah ouais chaud ! Mais, avec tout ça, tu m'as toujours pas dis le prénom de ce voisin fort sympathique...

Tandis qu'elle peaufinait mon maquillage d'un trait d'eye-liner sur mes paupières supérieures, je pris un air mystérieux avant de lui répondre.

- Shawn Mendes...

***

En attendant que le générique débute et que l'on m'appelle, je m'observais dans la grande glace du studio. Cécilia, la maquilleuse, et son équipe avaient fait des miracles : finit le teint terne et les cernes, j'étais maintenant parfaitement maquillé et vêtu d'une sublime combinaison noire moulante dont le col décolleté laissait apparaître mon cou jusqu'au milieu de ma poitrine. Quelques colliers m'avaient été prêtés et je les admirais briller sous la lumière des lampes. Mes chaussures également sombres étaient ouvertes et rehaussées de talons d'au moins 8 centimètres.

 Alors que je me demandais comment allais-je faire pour avancer sans tomber, des bras encerclèrent ma taille et une tête se nicha sur mon épaule. Je souris à mon amie et observa notre reflet dans la glace quelques instants pendant qu'Aaliyah m'embrassait sur la joue en me complimentant. Je serrais sa main brusquement lorsqu'une ingénieure du son m'indiqua que dans moins d'une minute, c'était à moi. Je soupirais tout du long avant de m'élancer sur le plateau dont le sol glissant, combiné aux échasses que je portais, m'angoissait au plus haut point. 

We are just friends. {Shawn Mendes}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant