Chapitre 21

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Je suis devenu comme un genre de coach personnel pour Joëlle et c'est assez cool.

On continue chacun d'avoir nos vies,
d'ailleurs elle s'est remise à travailler au snack et c'est avec grand plaisir que le patron l'a accepté à nouveau chez lui.

Du coup, je disais qu'on continuait chacun d'avoir nos vies mais qu'elle peut m'appeler à tout moment. La dernière fois elle m'a appelé parce qu'une fille de sa classe lui a proposé de manger avec elle à midi et qu'elle ne savait pas quoi faire.

Bien évidemment, je l'ai poussé à accepter et elle l'a fait et tout s'est super bien passer. Maintenant elle se retrouve avec une amie fille assez sympa et que je valide même si elle fait mal au crâne avec toute l'énergie qu'elle dégage. J'ai même pas retenu son prénom mais c'est pas important.

L'important c'est que Joëlle fait vraiment beaucoup d'effort et qu'elle m'appelle de moins en moins.

C'est une bonne et mauvaise chose.
Bonne chose parce qu'elle commence à créer sa propre mental et à s'en sortir petit à petit sans avoir envie qu'il lui arrive du mal pour ensuite affirmer qu'elle le mérite.
Et c'est une mauvaise chose car elle commence à s'éloigner de moi.

Je sais qu'elle et moi ça ne pourra jamais se faire.
Joelle, elle a besoin de calme et de quelqu'un qui puisse être à ses côtés constamment tout en lui laissant son espace vital.

Moi avec ma notoriété qui monte, j'ai de moins en moins de moment de calme et surtout je suis presque toujours en déplacement. Je pourrais donc pas être présent pour elle constamment...

Mais finalement je me dis que c'est mieux comme ça, nous resterons sûrement pas en contact après qu'elle se soit complètement guéri mais j'aurais la certitude qu'elle continuera sa vie en voulant réellement la vivre.

Et c'est le principal.

— Joëlle ? Dis je en entrant chez elle

Elle m'a appelé y a vingt minutes pour que je la rejoigne chez elle. J'enlève alors machinalement mes chaussures en entrant et en m'avançant dans le couloir, je l'aperçois planter devant l'entrée du salon.

J'écarquille alors mes yeux me stoppant dans ma marche.

Je connais son histoire,
elle me l'a raconté un soir après l'une de ses crises.

Ça m'a beaucoup boulversé mais j'ai mieux compris.
Elle est rongée par la culpabilité d'avoir tué l'amour de la vie de son père et elle culpabilise encore plus quand ce dernier l'ignore lui remettant tous les torts sur son dos.

Carrément il ne l'a considère plus comme sa fille.

Ça je trouve que c'est vraiment con et je dis pas que sa meuf méritait de mourir mais si ce n'était pas elle qui basculait de ce balcon, ça allait être Joëlle et ça je ne peux pas l'accepter.

D'ailleurs ils doivent avoir une conversation tous les deux. C'est une étape que Joëlle est obligée de passer si elle veut continuer d'avancer correctement dans sa vie. Ça lui enlèvera un poids énorme sur les épaules et cela même si la conversation se termine mal. Ou moins elle pourra dire à son père tout ce qu'elle a sur le cœur.

Et l'autre étape qu'on s'était dit qu'elle devait passer c'était de remettre un jour les pieds dans ce putain de salon. Même pas le balcon, juste le salon.

Et je m'attendais pas du tout à ce qu'elle décide de le faire aujourd'hui.

— Joëlle ?

— Je vais bien, je suis juste à l'entrée pour le moment Elle me répond précipitamment

— Tu peux y aller progressivement. C'est déjà ouf que t'arrives à rester à l'entrée sans finir par faire un malaise

Je l'entends souffler un petit ricanement.
Ce qui me soulage et me fait sourire faiblement.

— Je veux le faire une bonne fois pour toutes. Je veux pouvoir inviter Kamelia et passer des soirées avec elle dans mon salon à regarder des films. Je veux pouvoir inviter toi et tes amis à manger à la maison et qu'on puisse utiliser la table de la salle à manger sans problème. Je veux pouvoir t'autoriser à aller fumer sur le balcon à la place de la petite fenêtre de ma chambre. Je veux pouvoir faire plein de chose dans cette pièce Mathieu et j'en ai marre d'en avoir peur constamment

Je souris un peu plus.

— Ok alors on le fait ensemble Dis je en me posant à ses côtés

Elle relève sa tête vers la mienne et je baisse la mienne vers la sienne.

Je lui souris ensuite faiblement et elle me fait un signe de tête avant de prendre une grande inspiration. Nos visages se tournent ensuite vers la pièce face à nous et elle attrape ma main puis la serre fortement.

Je fais un pas en avant et elle fait de même.
Je fais un deuxième pas en avant et elle continue de me suivre.
Au troisième pas, sa main se renferme encore plus fermement sur la mienne et elle ferme fortement les yeux.
J'en profite pour l'emmener au plein milieu du salon et de lui chuchoter des encouragements au creux de son oreille. Ça la calme et elle finit par desserrer sa poigne sur ma main.

— Vas y. Je dis Ouvre les yeux

Elle le fait lentement et un faible sourire se forme aux coins de ses lèvres.

— Je vais bien Elle souffle ensuite

—  Y a rien qui te viens ?

Elle secoue sa tête de gauche à droite puis se tourne vers moi pour ancrer son regard dans le mien.

— Je vais vraiment bien Mathieu. J'ai réussi ! Merci j'ai réussi grâce à toi !

Je souris et elle saute sur moi en enroulant ses bras autour de mon cou. Je suis surpris par ce soudain geste mais enroule bien vite mes bras autour de sa taille. Je la repose ensuite au sol et nos visages se retrouvent beaucoup trop proches l'un de l'autre.

Mon ventre se tord.
Ce truc n'est jamais parti depuis le soir où on s'est retrouvé. Ça fait déjà bientôt deux mois...

— Je vais t'embrasser Joëlle Je la préviens

— Et je t'autorise à le faire Mathieu

La seconde d'après,
j'écrase enfin mes lèvres contre les siennes avec force et elle répond directement au baiser.

Putain, qu'est ce que ça fait un bien fou.
J'attendais ça depuis tellement longtemps...







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𝐌𝐞𝐧𝐭𝐚𝐥𝐢𝐭𝐞́ Where stories live. Discover now