Partie 1 : Le commencement.

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Isabella Laguerra courrait le long de ce couloir sombre et humide qui semblait ne jamais finir. Elle s'arrêta un peu. Elle était essoufflée. Elle pesta contre elle-même et contre son corps qui ne suivait pas ses ambitions. Elle reprit son chemin, éclairée par sa seule lanterne. Soudain le sol se déroba sous ses pieds et son cœur s'affola. Stop. Ce n'était qu'un escalier. Elle souffla. Et s'engagea dans les marches raides et glissantes, couvertes de mousse. L'odeur de moisissures lui donnait mal à la tête mais elle n'allait certainement pas rebrousser chemin. Arrivée en bas, elle prit quelques instants pour regarder autour d'elle. Seul un long couloir s'ouvrait. Elle reprit son cheminement. Il lui fallait ce parchemin et elle ne repartirait pas sans lui. Elle tenta d'ignorer la nausée qui montait dans sa gorge et leva les yeux au ciel. Décidément elle n'était plus comme avant. Non. Pas maintenant. Ne pas y penser. Plus tard. Le parchemin. Elle se focalisa dessus.
Au bout du couloir, elle tourna à droite. De toute façon elle n'avait pas vraiment le choix. Le cœur au bord des lèvres, elle entra alors dans une immense salle circulaire tapie de dessins et d'écritures. Sans autre issue. Elle s'assit pour réprimer un vertige naissant. Décidément l'air était vraiment atroce ici. Elle réfléchit. Son cœur s'emballa. Et s'il lui fallait les médaillons ? Elle pria silencieusement un Dieu en lequel elle ne croyait pas pour que ça ne fut pas le cas. Elle souffla. Se releva lentement et inspecta la pièce du regard. Il fut attiré par un promontoire en marbre au milieu. Par un trou du plafond, un rayon de soleil venait l'illuminer comme pour la guider. Elle monta dessus et se retrouva face à une table de mosaïques. Des empreintes de mains étaient gravées dessus. Elle apposa les siennes dans les marques. Une douce lumière bleue se dégagea formant une aura bleutée autour d'elle. Le bruit d'un mécanisme se déclenchant résonna. Le parchemin apparut sous ses doigts. Elle sourit, soulagée. C'était plus simple qu'elle ne le pensait. Satisfaite, elle jeta un dernier regard à l'ensemble de la salle et s'en alla.

Elle sortit du temple en ruines et inspira profondément. Elle avait encore perdu du temps sur le trajet retour à cause de son corps capricieux. L'air tiède du désert l'enveloppa toute entière. Elle qui croyait les nuits glaciales elle était agréablement surprise. Elle s'assit sur le parvis du temple quelques instants. L'odeur du sable. Sa chaleur. Elle lui rappelait sa chaleur à lui. Non pas maintenant. Ne pas y penser. Il ne fallait pas craquer. Sans y penser, elle posa délicatement sa main sur son ventre qui jour après jour inexorablement se développait sous ses doigts.

L'ombre du désertWhere stories live. Discover now