Partie 5 : Trouve moi si tu peux.

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Quelques mois plus tard, à Barcelone, en Espagne :

Une silhouette vêtue d'une large robe et encapuchonnée, cachant ainsi son identité, marchait dans les rues du vieux port de Barcelone. Elle semblait effrayée et paraissait fuir. Fuir quelque chose. Ou quelqu'un. La silhouette disparut à l'angle d'une rue et poussa la porte d'une petite maison.
Aussitôt la porte refermée et sécurisée par un verrou, la capuche tomba, révélant son identité. C'était Isabella Laguerra. Elle se débarrassa difficilement de sa cape et pesta contre la robe qui entravait ses mouvements. Mais au vu de son état avancé de grossesse, elle ne pouvait plus porter autre chose. Elle était bientôt à terme et elle était plus que pressée que sa fille pointe le bout de son nez dans leur monde. Oui elle était persuadée que ça serait une petite fille. Elle s'assit pour reprendre son souffle. La fière aventurière n'était plus. Elle n'arriverait pas à tenir un duel avec Mendoza actuellement....

Mendoza....rien que de penser à son nom elle en avait les larmes aux yeux. De toutes les séparations qu'elle avait vécues, celle-ci restait de loin la plus douloureuse et chaque jour qu'elle passait loin de lui lui donnait l'impression que le clou dans son cœur s'enfonçait davantage. Depuis qu'ils s'étaient séparés, sur sa volonté d'ailleurs, ce soir là dans le désert, elle n'avait cessé de penser à lui, de se rappeler son visage, ses mots, ses larmes, sa douceur. Et chaque nuit le même rêve. Le jour ou ils se retrouvaient. Quand elle se réveillait sa première pensée était qu'il ne reviendrait peut être jamais et qu'elle devrait élever l'enfant seule. Sa plus grande peur. Elle ne s'était jamais sentie mère....trop dure, pas assez sensible, elle n'avait pas l'instinct maternel. Cependant elle était consciente qu'elle aimait de tout son cœur le petit être qui grandissait en elle et qu'elle serait prête à donner sa vie pour protéger la sienne. Elle secoua la tête pour chasser les pensées noires qui s'accumulaient dans son esprit.

Mais elle aussi avait tellement peur qu'Ambrosius soit à sa recherche...la vérité c'est qu'elle n'en savait rien alors elle vivait comme une fugitive. Venir en Espagne n'était peut-être pas sa meilleure idée mais ou aurait-elle pu aller sinon ? Si jamais quelqu'un la reconnaissait elle était perdue....
Le monde n'allait donc jamais la laisser tranquille et heureuse...malgré ses abords durs et fiers, elle avait besoin de stabilité...elle souffla. Et eut un frisson en pensant à ce qu'Ambrosius lui ferait s'il la retrouvait....peut être qu'il se fichait bien de savoir où elle était et qu'elle n'avait aucune importance à ses yeux....peu importe on ne sait jamais.

Quelque part dans le monde :

Un homme et trois enfants cherchaient les Cités d'Or. Mendoza restait mutique depuis des jours et ne parlait que par monosyllabes aux enfants. Il était sans cesse ailleurs, dans ses pensées. Il ne leur avait rien dit. Il n'avait pas trouvé le bon moment ni la bonne formule. Et pourtant selon ses calculs, le terme était proche et il voulait être là. C'était un cercle vicieux. Il savait que s'il ne disait rien et sans le Grand Condor, il n'arriverait jamais à temps. Mais ça concernait une partie tellement intime de sa vie et puis elle avait été claire : les Cités d'Or avant elle. Mais elle était tellement plus importante que tout l'or du monde. Il soupira et passa ses doigts dans ses cheveux. Les trois enfants à l'avant se retournèrent et se regardèrent d'un air entendu. Ils ne comprenaient pas ce qui se passait. Cela faisait déjà plusieurs jours que Mendoza ne leur parlait plus et des mois déjà qu'Isabella avait disparu sans explications. Ils se doutaient bien que Mendoza savait quelque chose mais il s'obstinait à garder le silence...en fait depuis qu'ils avaient quitté l'oasis il avait changé...plus froid, plus distant, plus dans sa bulle....Ils avaient essayé déjà des centaines de fois de le convaincre de leur parler mais ça finissait toujours de la même manière : Mendoza se murait dans le silence. Puis soudain :

M: Les enfants posez vous il faut qu'on parle.

Il leur raconta tout ou presque, passant sous silence certains passages, trop personnels. Mais raconta l'essentiel sous le regard éberlué des trois enfants. Ils étaient abasourdis par ce qu'ils venaient d'apprendre...Mendoza bientôt père ça c'était surprenant mais que Laguerra soit la mère ça l'était encore plus. En fait non pas tellement. Ils savaient que ces deux là s'aimaient vraiment. Ça se voyait. Mais un enfant ! Ça c'était réellement surprenant. Ils décidèrent donc de rentrer au plus vite à Barcelone et de se lancer à la recherche de la future maman. Oui le savoir de Mû, les Cités d'Or c'était le but de leur vie mais pour une fois on ferait une entorse au règlement. Et tant pis pour Ambrosius. Le destin se charge toujours des mécréants.


L'ombre du désertWhere stories live. Discover now