👁️ Léna I. L'enfant aux cheveux de lune

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Arc 1: L'enfant aux cheveux de Lune

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Arc 1: L'enfant aux cheveux de Lune

Quand Léna vit le jour, ce fut dans une pièce secrète du palais impérial des anges, Néril, sous le regard fatigué de sa mère qui avait accouché seule.

"Seule Nausicaa devait avoir des enfants" furent les premières paroles qu'elle eut pour elle.

En effet, il était coutume que l'impératrice elle-même n'enfante pas. Andromède détestait l'idée d'accoucher en secret, d'avoir un enfant caché. Elle aurait aimé lui donner le même amour qu'aux enfants légitimes qu'elle aurait bientôt avec sa femme, mais au lieu de cela, elle mit l'enfant dans une bassine, le nettoya, le sécha, le langea, et le déposa dans un panier, la mine sombre. Puis elle écrivit sur un morceau de papier une lettre brève au ton hargneux, qu'elle scella d'un sceau connu de son expéditeur et elle-même uniquement.

Au moment de déposer la lettre et le panier comme convenu dans le monte plat qui, habituellement, servait à descendre les repas fumants depuis la cuisine dans la salle secrète, elle jeta un regard empli de tristesse au bébé qui la regardait de son œil joueur, et qui tendait ses petites mains potelées vers elle.

"Je suis désolée... Ton œil... ne m'aurait pas permis de te faire passer pour une ange. Tu dois rejoindre ton père, je le crains..."

Et le panier descendit dans le monte plat, accompagné de pleurs de bébé. Arrivé dans les cuisines, il fut récupéré par des serviteurs zélés qui le conduisirent dans la cour du palais. Il devait partir le plus tôt possible.

Le panier voyagea dans un convoi de marchandises, qui, par chance, échappa aux bandits et arriva sûrement au palais royal démoniaque. Sur place, il fut pris en charge par le messager de la reine, qui servait seulement à transmettre ses correspondances les plus secrètes. Il prit le panier vivement et entra dans le palais par une porte dérobée. Il gravit une série interminable d'escalier avant de parvenir à la chambre royale, essoufflé, où un démon l'attendait :

" Je pensais qu'elle ne voulait plus me contacter, maugréa le monarque.

" Cette lettre vous pourtant est adressée, majesté, haleta le messager, avant de la déposer et de reculer sur une courbette."

Reconnaissant le sceau sur la lettre, le roi s'en saisit prestement. Sa bien aimée n'utilisait ce stratagème que quand elle souhaitait parler de choses importantes. Ses yeux parcourant les lignes, il fronça les sourcils, puis chercha des yeux le panier, le prit et jeta une poignée de pièces au messager. Puis il s'isola dans sa chambre, et, enfin seul, laissa paraître sa joie:

" Ma fille... Tu es si belle...comme ta mère. Et tu as des cheveux si clairs... Ils ont la couleur de la lune, quand on la regarde à travers les nuages. Ce prénom est bien rare maintenant, mais il t'ira comme un gant : Léna. "

Mais il savait que bientôt, son mariage l'empêcherait de voir, de garder l'enfant, tout comme il retenait sa bien aimée loin de lui. Il soupira, se prit la tête dans les mains, et se résigna à élever l'enfant secrètement, au moins pendant le temps qu'il lui restait. Après, il aviserait.

Et c'est ainsi que Léna vécut ses six premières années auprès de Persée, sous le giron d'une nourrice qui les réunissait quand l'emploi du temps de "Sa majesté votre père" le permettait, et sur la fin, quand sa femme ne traînait pas dans les parages.

Et quand il devint impossible pour le roi de garder sa fille près de lui, il se décida à l'envoyer dans un pensionnat réputé, qui accueillait parfois les enfants illégitimes des nobles "en toute discrétion". Personne ne parlait des enfants qui vivaient là bas, comme s'ils étaient effacés de l'existence, mais ils recevaient une éducation princière et étaient bien nourris, et suffisamment libres et entourés pour ne pas souffrir de la solitude.

"Je reviendrai te voir, je te le promets mon ange, lui souffla-t-il le jour des adieux."

Léna ne pleura pas. Elle avait l'habitude. Et hâte, à vrai dire, de se faire ses premiers amis. Par chance, tous les enfants, ainsi que son institutrice, compatirent à son sort. Les pensionnaires parce qu'ils avaient vécu plus ou moins la même chose, et la maîtresse parce qu'elle était une bonne âme. En fin de compte, Léna parvint à se faire deux amis dont elle devint inséparable : Képhir et Léandre. Elle leur confia ses origines, ses aspirations, et ils partagèrent tous trois le même rêve: retrouver leurs parents. Léna se sentit particulièrement proche de Léandre qui avait aussi un parent ange, son père.

Puis le drame arriva. Antares, la femme du roi des démons, apprit l'existence de Léna. Elle dépêcha des assassins pour la retrouver. Léna fut épargnée, mais Léandre, gravement blessé, mourut.

Léna, en larmes devant la mort de son ami, se jura secrètement qu'elle vivrait tant que cette monstresse serait en vie, et qu'elle lui arracherait le cœur de ses propres mains. Puis elle fut déplacée à contrecœur, loin du pensionnat, par son père. Elle réussit toutefois à emmener Képhir à ses côtés. Antares récidiva, encore et encore. Au dehors, l'existence de Léna s'ébruitait, se répandait comme le feu aux poudres. Son nom se lisait sur toutes les lèvres. Elle manqua de mourir souvent, se releva toujours.

Et ceux qui souhaitaient l'unification des royaumes démons et de l'empire ange la virent comme le symbole d'une nouvelle ère, d'un achèvement, et se rebellèrent. Ils créèrent la Résistance, qu'ils nommèrent « coalition de l'œil d'or » en référence à l'œil de Léna qui avaient une étrange couleur de miel.

Même le sage Kirmo, un ancien démon qui demeurerait depuis la nuit des temps introuvable, si bien qu'on l'avait cru mort, se releva de sa tombe pour aller saluer la Résistance, et confier ses biens les plus précieux à Léna : les artéfacts.

Tombés dans l'oubli comme le sage, les trois artéfacts tenaient presque du mythe tant ils étaient anciens et puissants. Ils devaient permettre à leur porteur de voyager autant qu'il le désirait dans l'espace et le temps, et de créer des illusions.

" Tu en auras besoin si tu veux unifier les royaumes."

Léna aurait aimé protester. Dire que ce n'était pas son souhait, que ce n'était pas une héroïne. Qu'elle voulait seulement se venger, et peut être vivre paisiblement auprès de Kephir. Mais elle savait que c'était égoïste de vouloir une vie normale avec les parents qu'elle avait.

"J'ai bien dit "si tu veux" princesse. C'est ton choix, lui dit-il avec un doux sourire.

- Je choisis de prendre ces artéfacts, dans ce cas. Car si je le fais, osa-t-elle avec une voix craintive, il n'y aura plus d'enfants comme moi n'est-ce pas ? Déchirés entre deux mondes...

- Je ne saurais te le promettre, Léna... Il y aura toujours des enfants non désirés. Mais je suis persuadé que beaucoup de monde sera heureux si tu parviens à ton objectif. Y compris toi... et tes parents."

Il lui tapota le crâne.

"Je sais que tu peux y arriver."

Alors Léna sut ce qu'elle avait à faire. Au détriment de son père, et de Képhir, à qui elle était très attachée, elle s'enfuit avec en sa possession l'artéfact d'espace et l'artéfact illusoire que lui avait offerts Kirmo...en quête du dernier artéfact, qui lui permettrait d'obtenir la puissance dont elle avait besoin.

À suivre... dans La Recherche de l'Artéfact de Temps

Lisa Thelmar

Recueil d'histoiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant