💙 Saphir 1/2 💙

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Petite ruelle crasseuse dans un royaume aboli, une vieille femme aux dents gâtées et au sourire de travers crie à la ronde :

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Petite ruelle crasseuse dans un royaume aboli, une vieille femme aux dents gâtées et au sourire de travers crie à la ronde :

"Approchez mesdames et messieurs. Approchez ! Je vais vous raconter une histoire... L'histoire de la belle Bérénice."

Le conte est déjà célèbre, pour les petits comme pour les grands, mais la voix de cette vieille, chargée d'un accent prononcé et son regard bicolore ont quelque chose d'envoûtant qui font se presser les passants autour d'elle. Quand une foule assez importante s'est enfin attroupée, frémissante, attendant qu'elle prenne la parole, elle s'autorise un sourire discret et commence son récit de sa voix tiédie par les ans:

"Il y a fort longtemps, quand il n'y avait qu'un seul vaste Empire sur le continent de Tarh, régnait une impératrice. Comme tous les souveraines et souverains de ces terres, elle était mortelle, et était secondée d'un magicien, maître des pierres, qui lui, immortel, veillait sur les reines et rois depuis des siècles."

Elle s'interrompit un instant

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Elle s'interrompit un instant. Dans l'état actuel des choses, il ne restait plus aucun magicien sur Terre. Seules les pierres magiques demeuraient. Mais ce n'était pas dans le conte, alors elle se garda d'éventer ce détail.

"Tous savaient que si le magicien venait à mourir, reprit-elle, ses pouvoirs se disperseraient et l'équilibre serait rompu: le Royaume perdrait sa prospérité pour plonger dans la guerre et le chaos.

Or le magicien vivait désormais depuis des millénaires, et se sentait trop faible pour continuer encore sa tâche. Il ne savait plus veiller sur quiconque, ne se montrait plus aux événements mondains, restait cloîtré dans son gîte comme un vieil ermite. Il sentait que l'âge le rattrapait et qu'il n'y pouvait rien faire. Et puis, l'impératrice aussi se faisait vieille, sa peau de pêche était flétrie, ses conseillères étaient désormais toutes rabougries comme de vieilles prunes. Si le magicien venait à mourir, personne ne saurait gouverner le pays correctement, car l'impératrice était infertile ; il se devait donc d'agir de son côté.

"Je dois léguer mes pouvoirs à quelqu'un, pensait-il."

Mais plus cette pensée l'effleurait, plus elle lui semblait dénuée de sens: nul être n'avait la puissance nécessaire pour accueillir sa puissance phénoménale. Il entreprit alors de relire les anciens grimoires pour y trouver une solution, et finit par trouver ce qu'il cherchait: seul un amour pur et partagé pourrait conférer à des êtres humains la force de supporter sa magie.

Recueil d'histoiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant