Le Test De L'Eden

Chapitre 30 : Matt Benington

Année 2155

On nous guide, Eren, Isaac et moi, dans une tente aménagée d'une longue table où on pourrait s'asseoir à huit pour manger un bon repas. Quelqu'un m'enlève le tissu qui m'empêchait de parler et d'autres en font de même pour mes camarades. Pourtant, personne n'ose parler, nous avons tous remarqué que nous n'étions pas vraiment dans la meilleure des positions.
Nous sommes tous trois assis côte à côte, les poignets toujours liés, sans aucune possibilité de tenter une évasion.

La dénommée cheffe Myronna qui s'avère être la fille de notre sauveur est assise en face de nous, et son père la rejoint après quelques secondes. Ils semblent attendre quelqu'un qui ne vient pas, et se décident finalement à commencer tout de suite l'interrogatoire.

« Alors... Voyons ça. Nous allons vous soumettre un interrogatoire. Comme vous avez pu le constater, l'opinion publique n'est pas vraiment en votre faveur. Si mon père ne vous avait pas sauvé, vous auriez directement atterri à la case prison, mais vous connaissez la musique, à ce que je vois. Racontez-nous votre histoire, et vous retrouverez peut-être l'espoir ? » Nous dit la femme, souriante mais attendant de connaître notre histoire avant de décider du dernier mot.

Je note que la rime qu'elle a expressément faite en fin de phrase doit assez plaire à Isaac pour qu'il prenne la confiance et lui raconte tout depuis le début jusqu'au moment où ils ont traversé le lac Leiko avec Eren. Il s'arrête à ce moment-là et je me doute qu'il ne veut pas continuer une partie qui me concerne plus que lui.

Je commence à raconter ce que ça faisait d'être seul en forêt en attendant un signal qui n'arrivait pas, terminant la "petite" mésaventure qui m'a fait repéré et m'a coûté le prix de devenir un meurtrier, la voix tremblante d'émotion.

« Je... Je sais que vous me prenez pour un meurtrier, un gars qui a tout préparé, qui n'avait pas peur de passer à l'acte, qui avait même envie de voir ce que cela faisait de... de tuer. Mais je vous assure que rien que de penser à ce que j'ai fait, j'ai envie de retourner seul à Abstractia, car un tel acte ne peut se finir bien. J'ai tué un homme. Pour me défendre, c'est vrai, mais je l'ai tué, abandonné à la rive du lac, sans aucuns mots. S'il avait une famille, je l'ai détruite. Ses ambitions ? Envolées. Et même s'il m'a tiré dessus à plusieurs reprises, me touchant à la jambe, même s'il affichait un sourire satisfait en me voyant souffrir, je ne pourrais jamais dormir tranquille en voyant ce que j'ai fait. Je suis... Je ne mérite même pas d'être ici. Par ma faute, Eren et Isaac sont sûrement décrits comme dangereux à Edenia. Tout est fini... »

Tout le monde me regarde sans rien dire quand je lâche ces mots, la gorge nouée, pleine de regrets. J'ai tout confié aujourd'hui, je n'en pouvais plus d'être torturé par la culpabilité et par le manque de confiance autrefois si grand et aujourd'hui tellement minuscule...
Eren se décide finalement à vite raconter la suite de l'histoire qui nous a amenée ici pour que les gens oublient mon rapide moment de faiblesse et me laissent tranquilles dans mes pensées.

Une fois notre récit terminé, nous attendons le verdict des rebelles en silence, car nous ne pouvons rien faire d'autre.

Étonnamment, ce n'est pas la fille qui commence à parler mais le père, sa voix chevrotante et ses cheveux blancs de retour. Il se lève et pose ses mains à plat sur la table, regardant tour à tour toutes les personnes qui se trouvent dans la pièce, jusqu'au banal rebelle qui passait sa tête dans la tente afin d'assister secrètement à l'interrogatoire.

« B-bien. Je crois que t-tout est bon. Virtanen, Badiali, vous pouvez détacher ces hommes, je vous p-prie ? Il n'est pas t-très courtois d'attacher des invités, n'est-ce pas ? »

Les deux hommes s'exécutent rapidement, Virtanen, un jeune homme aux cheveux blonds qui lui tombent près des épaules, la peau clair et les yeux d'un bleu-gris s'occupe d'Isaac alors que Badiali, un grand homme à la peau foncée et aux traits bien dessinés va plus vite et nous détache, Eren et moi.