Chapitre 7

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Le four venait de sonner, alors que nous discutions de tout et de rien. Pendant que son gâteau cuisait, elle m'avait expliqué son amour et son dévouement pour son métier, et la joie que lui procurait le fait de voir les autres s'extasier de bonheur en mangeant ses créations. Elle était rayonnante, passionnée, et ça provoquait en moi une sensation de bien-être inexpliquée. Et puis je nous revoyais, nous, des années en arrière, quand nos carrières débutaient à peine, parler de rap avec des étoiles dans les yeux. C'est la passion qui parlait pour nous à l'époque, et je retrouvais ce même enthousiasme chez Lise.

Il y avait eu quelque chose en revanche qui m'avait empêché de lui dire ouvertement ce que moi, je faisais dans la vie. Elle ne me connaissait pas, j'en avais la certitude, et je trouvais ça bien, finalement. Et puis, elle semblait tellement heureuse de partager sa passion à elle, que j'avais pas du tout eu à cœur de la couper pour lui parler de moi.

J'avais ressenti comme un courant électrique, lorsque, en me parlant du dernier client relou qu'elle avait eu à gérer, elle avait raclé de son doigt un peu de sa préparation au fond du bol, avant de porter ce même doigt à sa bouche. Elle ne s'était visiblement pas rendu compte de ce qu'elle faisait, mais des pensées très obscènes m'étaient venues à l'esprit. Ça m'avait donné chaud, de la voir lécher sensuellement son doigt. En un simple geste pourtant entièrement innocent de sa part, elle était capable de faire naître en moi un désir intense qui, je dois l'avouer, me faisait franchement peur. Et puis qu'est-ce que je me sentais con... J'avais passé l'âge de me chauffer pour si peu...

Elle attrapait avec précaution son moule brûlant avant de le déposer sur le plan de travail. C'est vraiment dommage que je ne puisse pas vous faire sentir l'odeur qui s'en échappait, tellement elle était exquise.

- Pour un premier essai, c'est pas mal, elle murmurait pour elle-même

- Ça sent trop bon, j'en veux !

- Tu compares pas avec les gâteaux de ta grand-mère, ok ? Elle me demandait soucieuse. Ça sera jamais aussi bon, elle, elle avait sûrement l'ingrédient magique.

- C'est quoi l'ingrédient magique ? Je demandais curieux.

- C'est l'amour, elle répondait, en accompagnant son sourire d'un clin d'œil.

Sa mignonnerie allait me tuer, je commençais à me sentir de plus en plus fébrile à ses côtés. Je la trouvais tellement surprenante, tellement spontanée.

C'était compliqué de réellement comprendre ses intentions, mais quand même, je les voyais les regards et les sourires en coin. Je n'avais aucun doute, je lui plaisais, et je n'étais pas là par hasard. Il y a des choses que l'on ressent, mais que l'on est incapable d'expliquer avec des mots. Il y avait un jeu de séduction implicite et subtile entre nous. C'était au-delà de la drague. Ce n'était pas de la drague parce que c'était naturel. Nous n'avions pas besoin de jouer un rôle, je crois que ce que l'on se montrait mutuellement était suffisant.

Il ne fallait pas trop forcer pour comprendre que ce que nous étions en train de vivre était unique. Pourtant, nous ne faisions rien d'extraordinaire. Mais petit à petit, détail par détail, on se découvrait, et à chaque information, c'était mieux. C'était comme si, l'un comme l'autre, nous étions au bon endroit, avec la bonne personne, et que la situation nous poussait à nous dévoiler.

Son gâteau suffisamment refroidit pour être mangé, elle m'en coupait un morceau. Effectivement, ça n'avait rien à voir avec les goûters préparés par ma grand-mère. Il n'y avait aucune comparaison possible. Mais c'était objectivement un délice. Pendant que je me goinfrais, elle, elle dégustait. Elle faisait des annotations sur son carnet, barrait les quantités pour les corriger, ajoutait des étapes et des ingrédients à sa recette.

SUR TES LÈVRES SUCRÉES [FRAMAL]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant